La dernière sortie du chef de l'état-major, Saïd Chengriha, met fin à toutes les supputations sur la constitution de Tebboune. En déclarant que l'ANP fera de son mieux pour garantir la réussite du référendum du 1ernovembre prochain, il coupe court aux rumeurs selon lesquelles le NON pourrait l'emporter. Donc, sans suspens, ce texte passera comme une lettre à la poste.Cela dit, peu importe le résultat du scrutin, le régime se maintiendra. D'ailleurs, a-t-il besoin réellement de l'élection pour rester au pouvoir ? Même lorsqu'il a perdu les élections, le régime a justifié son maintien en voulant sauver la démocratie. En tout cas, bien qu'il ait perdu de la crédibilité au fil des décennies, il n'en reste pas moins que le régime tient à ces rendez-vous électoraux. C'est comme si la démocratie se limitait au vote. À vrai dire, le vote est destiné à l'opinion internationale pour prouver le respect des formes. Envers les Algériens, les élections se suivent et se ressemblent dans leur médiocrité. Si on se limite aux textes fondamentaux, ils reflètent davantage les desiderata des dirigeants que la volonté du peuple. En effet, de 1963 à 2020, ce sont les experts –au fil des années, les fonctionnaires du régime redoublent de pusillanimité en vue de plaire à leurs maîtres – qui rédigent le texte fondamental. Contrairement aux pays qui se respectent où la constitution est un contrat social facilitant le vivre ensemble, en Algérie, le texte fondamental accorde des pouvoirs faramineux aux hommes forts du moment en vue de tenir en laisse la société. Ils ont beau dire que le dernier mot revient au peuple, tout le monde sait que le peuple ne peut se prononcer que sur le choix des dirigeants.Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette méthode a fonctionné depuis 57 ans. Pendant cette longue période, le peuple algérien a laissé faire. Dans le fond, on peut dire qu'il n'avait pas d'autres choix. Hélas, la longue attente ne débouche sur rien du tout. À chaque augmentation de la rente pétrolière, le régime devient plus violent et plus verrouillé. On est loin des dictatures éclairées.À l'inverse de celles-ci, le régime algérien a détruit tous les espoirs et a hypothéqué toutes les chances de développement. C'est du moins la conclusion de la grande majorité du peuple algérien après les 20 ans au pouvoir de Bouteflika. Hélas, le cri de désespoir, exprimé depuis février 2019, est considéré par le régime comme une colère passagère. Malgré les 19 mois du hirak, le régime ne veut rien entendre. Toutes ses propositions tendent à renouveler le même système en procédant à quelques toilettages. Et même lorsque le nouveau régime fait pire que son prédécesseur, il accuse le peuple de ne pas vouloir voir les avancées. C'est idem pour la constitution. Alors que la première mouture ne consacre ni la séparation ni l'identification des pouvoirs, le texte retenu, à en croire une ancienne magistrate, est encore plus pharaonique. Pire encore, le régime prétend s'inspirer du hirak –alors que le hirak prône une rupture radicale –et il va l'adopter le jour anniversaire où les Algériens ont pris les armes pour se libérer de la domination –alors que le régime consacre la domination. Aucune dictature n'a osé aller plus loin dans l'humiliation de son peuple. Heureusement, à chaque fois que le régime tente d'humilier le peuple algérien, la réponse a été sans fard ni acrimonie. Enfin, la balle est dans son camp.