Nous savions déjà que ce match crucial entre l'Algérie et l'Egypte était l'objet d'une grande inquiétude de la part du régime. La peur que l'enthousiasme ne déborde, et qu'il ne provoque un autre 05 octobre, encore plus massif que le premier, puisque presque tous les jeunes rêvent d'en découdre avec ceux qui les opppriment et pillent leur pays. Mais depuis les évènements lamentables du Caire, et cette rumeur d'Algériens tués et dont les cadavres auraient été subtilisés par les autorités egyptiennes, une lame de fond sans précédent depuis l'independance du pays, est venue soulever une immense colère populaire. Jamais, depuis l'explosion de joie après la proclamation de l'independance, on n'a assisté à un tel déchaînement de patriotisme ulcéré. Le potentiel de colère est à ce point explosif que le régime envisage désormais une insurrection généralisée, qui sera impossible à contenir, et qui pourrait le balayer comme un fêtu de paille. Echaudés par les évènements du 05 octobre 1988, les barons du régime sont au bord de la panique. Nous apprenons qu'un état d'alerte maximum a été décrété en secret. Toute l'armée, et tous les services de sécurité, particulièrement les forces anti-émeutess ont été placées en état d'alerte maximum. Mais le régime sait qu'en cas d'explosion de cette nature, il sera impossible d'endiguer un mouvement de foules aussi vaste et aussi généralisé. Le régime ne pourra pas quadriller toutes les villes du pays,et il devra concentrer ses forces autour de la capitale et des villes principales. C'est la panique. Ils n'en dorment plus. Il se dit même que certains de ces barons auraient opté pour une « précaution » qui en dit long sur la confiance qu'ils vouent à leur peuple, puisqu'ils auraient fait partir discrètement leurs familles vers l'étranger, au cas où. Nous ne réjouirons pas d'un évènement qui risque de jeter tout le pays dans une spirale de violence que personne ne pourra plus contrôler. Mais nous souhaitons que cette vaste fraternité, cette immense clameur d'un peuple, pour son pays meurtri, cette capacité extraordinaire à se mobiliser avec une telle force, et qui a surpris tous ceux qui croyaient qu'ils étaient les seuls à pouvoir manipuler la foule que nous étions à leurs yeux, nous souhaitons que cette déferlante de patriotisme ne se diluera pas dans un autre dénouement que celui d'une véritable prise de conscience. C'est l'occasion inespérée pour le peuple algérien de prendre conscience de sa force, et de se souder contre l'oppresseur. Notre véritable ennemi est dans nos murs. Que vienne l'heure de la délivrance et de la dignité!