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Retour triomphal de Yahia à Bochum : «Anthar, du bist ein held !»*
Publié dans Le Buteur le 25 - 11 - 2009

«Bouteflika m'a dit que j'ai un prénom lourd à porter»
Anthar, du bist ein held !» Que de fois n'avons-nous pas entendu cette phrase en cette fin d'après-midi pluvieuse au café Zentral, situé au cœur de Bochum et qui constitue le coin préféré de Anthar Yahia pour prendre un café ! Après l'épopée de Khartoum, le défenseur algérien est rentré vendredi soir à Bochum. Le lendemain, il s'est déplacé avec son équipe à Hambourg pour le match de dimanche et était rentré tard après la rencontre. C'était donc, lundi après-midi, la réapparition de Yahia à son café préféré où le personnel et les clients l'apprécient au plus haut point. «C'est quoi le held-là dont ils t'affublent ?», lui avons-nous demandé, trop petits dans notre compréhension approximative de la langue de Goethe. «Held veut dit héros en allemand. Ils me disent que je suis un héros», nous explique-t-il non sans rougir un peu.
«Yahia El Djazaïr !»
C'est que c'est vrai : à Bochum, il suffit de dire qu'on est algérien pour qu'on nous lance «Yahia !» Encore un peu et nous leur aurions crié «Yahia El Djazaïr !», histoire de nous réapproprier «notre» héros, mais nous avons vite découvert qu'ils considèrent Anthar comme tel par rapport justement à l'Algérie et à son rôle dans le match contre l'Egypte. Des Allemands qui supportent l'Algérie, qui l'eut cru ? Eh bien, c'est une vérité vérifiée sur place : Algérie-Egypte a été autant suivi, sinon plus, que le match amical Allemagne-Côte d'Ivoire (2-2). Pas seulement parce qu'il y avait Yahia, Matmour et Ziani qui étaient concernés, mais parce que l'Allemagne, si cruellement injuste envers les Algériens en 1982, se sont mobilisés pour lui inviter une nouvelle injustice après la mascarade du Caire.
Au Zentral, on a vibré pour l'Algérie et pour le chouchou de la ville
Au Zentral, on a suivi le match sur Eurosport, on a vibré pour l'Algérie et on a sauté après le but du chouchou de l'équipe de la ville. Il faut être à Bochum pour mesurer la popularité de Yahia, avant même qu'il y ait ces matches. Seul titulaire indiscutable au sein de l'équipe (c'est son entraîneur qui l'a franchement déclaré à la presse), c'est le seul qui est bien noté même après les défaites, nous a confié un journaliste de Rheinisch Post. Même fatigué à son retour du Soudan, il a été pris dans le groupe à Hambourg, car l'entraîneur comptait surtout sur ses qualités de leader pour encourager ses coéquipiers. Cela a payé puisque Bochum a créé la surprise à Hambourg (0-1).
Bochum se contente de la victoire dans le «derby» contre Zidan
Il n'est point étonnant qu'à son retour au club, et sitôt dans le vestiaire, il fut reçu avec les applaudissements de tous ses coéquipiers. Des coéquipiers qui, après l'agression dont avaient été victimes les Verts, s'étaient relayés pour lui envoyer des messages de soutien. Nous l'avons constaté à la façon avec laquelle ils plaisantent avec lui : ils l'apprécient énormément. Si on ajoute, en plus de ça, que Yahia a remporté le «derby» qui l'opposait à Zidan, joueur du Borussia Dortmund (Bochum et Dortmund sont distantes de 15 kilomètres seulement), le bonheur et la fierté étaient totaux chez les supporters.
«Maintenant, c'est à moi de leur donner de la joie !»
Bochum pourra retrouver son héros vendredi à l'occasion d'un match important contre Cologne à domicile. «Si nous gagnons, nous passerons devant Cologne au classement et sortirons de la zone de relégation», nous a affirmé Yahia. Sa priorité à présent est de vite guérir des petits soucis de santé qui sont apparus avant-hier afin d'être fin prêt pour vendredi. «Le club a été à mes côtés lorsque je m'étais blessé avant le match de l'Egypte, mes coéquipiers et les supporters m'ont soutenu, ils ont applaudi l'Algérie… C'est maintenant à moi de lui procurer de la joie en rejouant et en contribuant à son redressement», martèle-t-il. Non, le héros n'est pas encore fatigué…
F. A-S.
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«Bouteflika m'a dit que j'ai un prénom lourd à porter»
«J'ai refusé de serrer la main aux Egyptiens, sauf à Abou Trika»
«Je ne suis pas Materazzi, Zidan sait ce que je lui ai dit»
*
Beaucoup avait été dit sur la tension qui allait caractériser la confrontation Egypte-Algérie, mais sincèrement, vous attendiez-vous à être accueillis avec des pierres ?
Franchement, non. Certes, je savais qu'il y avait une rivalité entre l'Algérie et l'Egypte et j'étais conscient qu'il y aurait de l'hostilité, mais pas au point de se voir frappés jusqu'à être blessés. Dans un coin de ma tête, j'ai toujours gardé le discours tenu par les Egyptiens durant le match aller, à savoir que nous étions des frères et que la rivalité ne dépasserait pas le cadre du terrain, mais nous avons découvert un tout autre visage. Je ne m'attendais tout de même pas à être accueilli avec des fleurs, mais qu'on nous accueille avec des pierres, cela dépasse tout entendement.
*
Cela vous a secoués ?
Oui, beaucoup. Dans le bus, tout le monde s'est couché par terre. On nous bombardait de pierres et j'ai entendu Lounès Gaouaoui crier : «Ce n'est pas possible ! On se croirait à Gaza !» C'était invraisemblable, mais malheureusement vrai.
*
Une fois arrivés à l'hôtel, avez-vous été pris de panique ?
Non. Nous cherchions surtout si les Egyptiens qui nous avaient agressés étaient là. Nous voulions en découdre avec eux pour leur montrer qu'on n'a pas peur. Vous savez, pour avoir vécu ensemble à l'occasion de plusieurs stages, je connais tous mes coéquipiers en sélection : ce sont des gens de bonne famille, de vrais «ouled aâyla». Seulement, il ne faut pas nous chercher. Tous, autant que nous sommes, ne sommes pas nés avec une cuillère d'argent à la bouche. Nous ne sommes pas des tchitchis ni des peureux. Alors, nous nous sommes tous mobilisés pour leur montrer que nous n'avions pas peur d'eux.
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Avant de monter vers vos chambres, vous avez scandé «One, two, three ! Viva l'Algérie !» Etaient-ce les joueurs qui scandaient ainsi ou bien tout simplement des Algériens ?
A ce moment-là, nous étions des Algériens avant tout. «Hagrouna» et nous avons voulu leur montrer que nous n'avions pas peur. Ce qui a déclenché et encouragé ces scansions, c'était une femme qui s'était mise à lancer des youyous. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m'a galvanisé, car je me suis rappelé une anecdote que je vous ai déjà racontée : avant le match aller contre l'Egypte, lorsque nous étions arrivés à l'hôtel militaire de Blida, on nous a accueillis dans une grande salle où étaient accrochés des portraits de martyrs de la Révolution, avec les youyous des femmes. Quand la bonne femme a lancé son youyou à l'hôtel, au Caire, je me suis remémoré mon grand-père martyr et j'ai chanté kassamane. C'est venu comme ça, wallah.
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Cette agression a-t-elle influé négativement sur votre moral lorsque vous êtes rentré sur le terrain le jour du match ?
Pas vraiment. Je n'étais pas surpris que le stade soit plein. Ce qui m'a surpris, c'était de lire la haine dans le regard de chaque supporter, de chaque policier et de chaque officiel égyptien. J'admets que les Egyptiens supportent leur équipe, mais il m'a semblé qu'ils voulaient surtout que l'Algérie ne passe pas. Déjà, il y a eu une marque d'irrespect flagrante : au moment de l'hymne national algérien, on a coupé le son. On n'a même pas pu écouter l'hymne de notre pays. Que les Egyptiens le sifflent, c'est leur problème, mais au moins qu'on nous permette à nous, joueurs algériens, de l'écouter. Même ça, nous ne l'avons pas eu.
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Est-ce cette frustration et cette colère qui expliquent que vous ayez encaissé un but très tôt ?
Je ne sais pas, mais il est sûr que nous avons fait une mauvaise entame de match. Nous les avons trop laissés jouer et nous avons encaissé un but. La preuve que c'est nous qui le leur avons offert : nous avons fait du jeu par la suite et nous avons eu des occasions et ils n'ont marqué le deuxième but qu'à la 90'+5. C'est dire qu'ils n'étaient pas si forts que ça.
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Lors de la deuxième mi-temps, on vous a sentis plus libérés, à tel point que vous avez eu des occasions et que vous aviez tenu presque jusqu'à la fin. Quand même, vous avez surmonté la tension et lutté pour la qualification…
Oui, nous voulions nous qualifier au Caire, mais il y a eu ce deuxième but. Sur le coup, nous avons été déçus, mais au final, je me dis que Dieu l'a voulu ainsi pour du bien : si nous nous étions qualifiés chez eux, je ne sais pas ce qui serait advenu de nos supporters. Déjà, sans nous être qualifiés, ils ont été agressés dehors. Vous imaginez alors si nous étions qualifiés ! Non, c'était la Volonté de Dieu. «Aâssa an takrahou chay'ane wa houwa khayroun lakoum» (il nous l'a dit en arabe –à quelque chose malheur est bon-, ndlr). La victoire à Khartoum est savoureuse, dans la mesure où nous avons gagné sur le terrain, un terrain neutre, sans mettre nos supporters en danger.
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La déception que nous avons lue sur vos visages à la fin de la rencontre du Caire était-elle une forme de résignation ?
Non. C'était juste la déception d'être passés à une minute de la Coupe du monde, mais cela ne nous a pas du tout découragés. Nous nous sommes remobilisés mutuellement. Karim Ziani nous a dit : «Nous avons perdu, mais nous ne sommes pas éliminés. Nous allons repartir à 0-0. A Khartoum, nous les battrons.» Déjà, dans le bus, nous étions concentrés sur notre match du Caire. D'ailleurs, en constatant qu'on nous a fait attendre dans le bus près d'une heure avant de nous ramener à l'hôtel et qu'on nous lançait encore des pierres sur le chemin, cela nous avait fortement motivés. Le soir, au dîner, nous recommencions à rigoler et à nous chambrer. Pour nous, l'aventure du caire était terminée et il fallait penser à Khartoum.
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A Khartoum, l'accueil a été tout autre quand même…
Ah, oui ! Les Soudanais ont été très gentils avec nous. De plus, Mohamed Raouraoua nous a mis dans un très bon hôtel où nous avions pu pleinement nous concentrer. Khartoum, c'était vraiment différent.
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Et le match, il l'a été ?
Oui, très. Déjà, la présence de nos supporters nous a galvanisés et a perturbé les Egyptiens. Les conditions étaient réunies pour un match propre, sans casse et sans jeu de coulisses. Malgré cela, les Egyptiens ont joué aux princes en entrant sur le terrain en descendant d'une tribune sur un tapis rouge, alors que notre équipe est sortie du tunnel menant aux vestiaires. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m'a énervé. Ils se prennent pour qui pour arriver sur tapis rouge ?
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Les avez-vous salués lors de la présentation des équipes ?
Non, pas du tout. Déjà, lorsque l'hymne algérien allait être entonné, j'ai demandé à mes coéquipiers de tourner le dos aux Egyptiens. C'était un geste hautement symbolique. Cela tombait bien puisque nous nous sommes tournés vers nos supporters. Puis, j'ai refusé de serrer la main aux joueurs égyptiens, sauf à Abou Trika. Je lui ai serré la main en lui disant : «Toi, tu le mérites parce que tu es un homme.» Il m'a dit qu'il ne fallait que je sois aussi sévère, mais je lui ai répété qu'il était le seul que je respectais parmi ses coéquipiers.
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Ses coéquipiers justement ont-ils apprécié que tu ne leur serres pas la main ?
Non, bien sûr, et, frustrés de voir leurs mains tendus pour rien, ils me repoussaient de la main. Je n'en avais cure. C'était pour moi une position de principe. Ont-ils demandé de nos nouvelles lorsque nous avons été agressés ? Sont-ils venus nous saluer à la fin du match du Caire ? Non, ils ne l'ont pas fait. Donc, je n'ai pas à me montrer respectueux envers des gens qui ne le sont pas avec moi.
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Est-ce pour cela que Mohamed Zidan a déclaré que vous avez manqué de respect à sa mère ?
Zidan sait très bien ce que je lui ai dit et, surtout, pourquoi je le lui ai dit car il a omis de préciser de qui est venue la provocation. Cela dit, pour lui répondre, je ne suis pas Materazzi. Je ne l'ai pas délibérément provoqué pour qu'il soit expulsé. Il sait ce qui s'est passé entre nous. Dommage car, au match aller, il n'a pas été très hostile. Cela dit, je ne parlerai plus de cette personne. Cela serait lui donner plus d'importance qu'il n'en mérite. Moi, je ne reconnais qu'un seul Zidane, avec un «e» à la fin, et il est algérien.
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Racontez-nous votre but. A la base, il y avait un coup franc au milieu de terrain qui a été joué à terre et vous devriez, logiquement, revenir en défense. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
C'était vrai que j'étais monté en attaque en croyant à un coup franc long, mais lorsque j'ai vu Mansouri jouer la balle à terre sur Meghni, je me suis dit : «Attends quand même que l'action de jeu se termine.» Meghni a remis sur Ziani qui a fait une diagonale vers Ghezzal et moi. Ghezzal allait prendre la balle, mais je lui ai crié «Laisse-là!» Non seulement il l'a laissée, mais il a en plus gêné un défenseur qui étaient face à moi. Quand j'ai vu le ballon devant moi, j'ai frappé de toutes mes forces. J'ai vraiment senti l'énergie de 36 millions d'Algériens à mon pied. Lorsque le ballon a ricoché sous la barre, je me revoyais enfant, jouant au foot et rêvant d'aller en Coupe du monde. C'est l'image qui m'est venue instantanément.
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Vous étiez sûr de la victoire après ce but ? Vous n'avez pas craint un retour des Egyptiens ?
C'était le genre de match où le premier qui marque a de grandes chances de l'emporter. Après le but, nous savions qu'il nous fallait nous battre sur chaque centimètre du terrain. Nous avons fait quelques tentatives pour mettre un deuxième but qui tuerait le match, tout en restant prudents, car il y avait quand même un adversaire derrière.
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Il y a eu quand même un peu de panique lorsque vous êtes sorti à un quart d'heure de la fin du match…
Je n'ai pas voulu prendre de risques. Lors d'une course avec un adversaire, j'ai senti le muscle de l'adducteur qui se tendait. Je me suis dit que s'il y aurait un duel avec un attaquant adverse et que mon muscle lâcherait, cet attaquant pourrait partir seul et marquer.
Ne voulant pas pénaliser mon équipe, j'ai demandé à sortir. Je l'ai fait en toute confiance car j'étais convaincu que, quel que soit le défenseur qui allait me remplacer, que ce soit Zaoui ou Laïfaoui ou même un attaquant, il allait assurer. C'était un match où tout le monde, même ceux qui n'étaient pas sur la feuille de match, auraient répondu présents ce jour-là. Je n'étais pas du tout inquiet sur ce point-là.
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La joie du retour, comment l'avez-vous vécue ?
Déjà, avec l'émotion de trouver mon père et ma mère à l'aéroport. J'ai été touché de les voir me héler en descendant de l'avion. Et puis, il y a eu cet accueil populaire extraordinaire et indescriptible. Etre accueilli par le peuple, puis par le président de la République est un honneur incommensurable.
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Justement, que vous a dit Abdelaziz Bouteflika ?
(Il rit) Il m'a dit que j'avais un prénom lourd à porter.
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Est-ce par rapport au légendaire Antar Ibn Cheddad ?
Certainement. Je lui ai répondu que la responsabilité de représenter le pays est encore plus lourde à porter.
Entretien réalisé à Bochum par
Farid Aït Saâda
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Mavraj n'a pas arrêté de chambrer Yahia
Mavraj, vous vous rappelez ? Il s'agit de l'Albanais kosovar musulman qui est le meilleur ami de Anthar Yahia à Bochum. Avant Egypte-Algérie, il avait souhaité, à travers nos colonnes, bonne chance au défenseur algérien. Nous l'avons recroisé à Bochum pour recueillir ses appréciations. Toujours boute-en-train, il nous a accueillis avec le sourire et une boutade : «Au fait, qui a marqué contre l'Egypte ? Il paraît que c'est un inconnu, un intrus dans le monde du foot !» Et de sourire malicieusement alors que Yahia éclatait de rire à ses côtés.
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«Au fait, qu'a fait l'Egypte contre l'Algérie ?»
Il faut dire que Mavraj ne rate aucune occasion de chambrer son coéquipier et ami. Yahia raconte : «Lorsque j'ai revu mes coéquipiers à mon retour, ils m'ont tous félicités puis, après un moment de silence, Mavraj a lancé : ‘‘Au fait, les gars, qu'a fait l'Egypte contre l'Algérie ?'' Cela a fait éclater de rire tous les joueurs.» L'Albanais, qui joue pourtant au même poste que Yahia (et c'est ce qui dénote davantage que l'amitié qui les lie est sincère), est coutumier de l'humour. D'ailleurs, il n'a pas hésité à nous dire, en prenant un air sérieux : «Il est beau, le but de Anthar. D'ailleurs, je commence à croire qu'il est meilleur attaquant que défenseur !»
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«J'ai fait un peu de boxe, si ça peut servir contre l'Egypte !»
Nouvel éclat de rire général. En nous quittant, Mavraj a sincèrement félicité les Algériens, à qui il nous a chargés de transmettre son «salam alikoum», tout en leur souhaitant une bonne Coupe du monde. Puis, comme il faut bien terminer par une boutade, il nous lança, en imitant les coups d'un boxeur : «La prochaine fois que vous affronterez les Egyptiens, prenez-moi avec vous. J'ai fait un peu de boxe quand j'étais jeune, si ça peut vous servir !» Merci, Mavraj, pour cette simplicité et cette bonne humeur digne d'un musulman, d'un vrai.
F. A-S.
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La foule de la place du 1er-Mai lui a rappelé «La Bataille d'Alger»
Lorsque le bus défilant dans les artères d'Alger avec les joueurs, à leur retour de Khartoum, est arrivé à la place du 1er-Mai, où une foule immense attendait son passage, Anthar Yahia a été ému jusqu'aux larmes. «En voyant tous ces hommes et ses femmes, sur la chaussée et sur les balcons, portant des drapeaux algériens, des images précises me sont venues à l'esprit : celles du film «La Bataille d'Alger». C'est un film que j'ai vu et revu des dizaines de fois. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m'a ému.»
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Sergoua, Aniat, Maâmar, les hommes de l'ombre
Yahia tient à ce que l'hommage national rendu aux joueurs touche aussi ceux qu'il appelle les hommes de l'ombre : les staffs médical et administratif. «Ils ont contribué eux aussi à ce succès. Sans le concours des kinés Sergoua, Aniat et Maâmar, Dr Schubert, Dr Boughlali et le kiné allemand Christan Eissing n'auraient pas réussi à me remettre sur pied. De plus, l'apport psychologique de Nabil, Chenouini, Sadi, Bachir et tous les autres a été inestimable», a-t-il insisté.
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Balla, un Guinéen fier des Algériens
Alors que nous étions attablés avec Yahia au Zentral, un homme s'est approché de l'international algérien et lui a dit en français : «Bonjour. J'aimerais vous féliciter, vous et votre équipe pour votre performance. Vous êtes la fierté de l'Afrique et la fierté de Bochum.» Le monsieur en question est un Guinéen, Balla, résidant à Bochum. «Vous ne pouvez pas savoir à quel point vous nous avez fait plaisir, surtout après la lâche agression dont vous avez fait l'objet.»
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«On vous a lancé des pierres grosses comme ça !»
Pour illustrer ses propos, Balla a montré son parapluie plié : «Vous avez reçu des pierres grosses comme ça. C'est intolérable ! Ce n'était pas du sport et c'est pour cela que nous avons été de tout cœur avec vous.» Yahia l'a remercié tout en lui rappelant qu'en 2007, la sélection de son pays, la Guinée, était venue s'imposer face à l'Algérie au stade du 5-Juillet sans qu'il y ait eu d'incidents. «C'est vrai. Le fair-play n'est pas le propre de tout le monde», a-t-il conclu, avant de se retirer aussi simplement qu'il s'était présenté.
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Ses parents n'ont pas dormi durant une semaine
Depuis l'agression perpétrée contre les joueurs jusqu'au retour des joueurs, les parents de Yahia n'ont pas dormi. «Ma mère était très inquiète pour moi. Vous savez comment est le cœur d'une maman. Mon père aussi n'a pas trouvé le sommeil.» Ce n'est qu'une fois qu'ils ont vu leur Anthar saint et sauf à l'aéroport qu'ils ont été définitivement rassurés.
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Ils ont fait 7 heures de train pour venir
Afin de pouvoir être à l'accueil de leur fils Anthar, les parents Yahia ont effectué un trajet de 7 heures en train, entre Belfort (est de la France) jusqu'à Marseille, d'où ils ont pris un avion pour Alger. Pour eux, le trajet en valait la chandelle.
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Youyous de la maman au téléphone
A la fin du match, Yahia a allumé son portable et a appelé sa mère. Cette dernière, en décrochant, a lancé des youyous stridents. «Cela m'a fait énormément plaisir. Dans la tradition algérienne, c'est ainsi qu'on accueille les héros», a confié le joueur de Bochum.
De notre envoyé spécial à Bochum : Farid Aït Saâda


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