Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a promis de nouveaux tirs de missiles au-dessus du Japon, assurant que celui de mardi, unanimement condamné à l'ONU, ne constituait qu'un «lever de rideau». Le survol de l'archipel nippon par un Hwasong-12 de portée intermédiaire a constitué une nouvelle escalade dans la crise nord-coréenne. La tension a atteint des sommets ces dernières semaines, après deux tirs par Pyongyang de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) qui mettent apparemment une bonne partie du continent américain à sa portée. Le président Donald Trump a menacé de déchaîner le «feu et la colère» sur le Nord, qui a promis en retour d'envoyer une salve de missiles à proximité de Guam, territoire américain du Pacifique qui compte 6 000 soldats américains et des installations stratégiques. Mardi, M. Trump a averti sur un ton plus diplomatique que «toutes les options» étaient sur la table. Mercredi, il a estimé que discuter avec la Corée du Nord n'était «pas la solution», laissant entendre, dans un tweet ambigu, que la recherche d'une solution diplomatique avec le régime de Pyongyang était quoiqu'il arrive vouée à l'échec. «Depuis 25 ans, les Etats-Unis discutent avec la Corée du Nord et la paie,victimes d'un chantage. Discuter n'est pas la solution !», a écrit le président américain. Le gouvernement de Donald Trump, comme celui de Barack Obama avant lui, manie en permanence la carotte et le bâton face au régime nord-coréen avec l'espoir de le faire renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Le tir nord-coréen a été «fermement» condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait récemment imposé à Pyongyang une septième volée de sanctions. Pékin et Moscou, les deux alliés clés de Pyongyang, ont soutenu le texte, qui ne prévoit pas dans l'immédiat un renforcement des sanctions contre le Nord. Le Rodong Sinmun, organe du parti unique au pouvoir en Corée du Nord, a reproduit mercredi une vingtaine de photos du tir, dont une montrant Kim Jong-Un hilare entouré de ses conseillers, une carte du nord-ouest du Pacifique posée sur son bureau. Un autre cliché le montre observant le missile qui a été tiré de Sunan, près de Pyongyang. L'engin a parcouru 2 700 kilomètres à une altitude maximum d'environ 550 km avant de s'abîmer dans le Pacifique. Dans une dépêche publiée mercredi, l'agence officielle nord-coréenne KCNA cite M. Kim annonçant «davantage d'exercices de tirs de missiles balistiques à l'avenir avec le Pacifique pour cible». Le tir de mardi a été «un prélude important pour contenir Guam, base avancée de l'invasion», a-t-il dit, et un «lever de rideau» avant des «contre-mesures résolues» face aux manoeuvres militaires communes auxquelles procèdent actuellement les armées américaine et sud-coréenne en Corée du Sud. Pyongyang considère ces exercices militaires réguliers entre Séoul et Washington comme la répétition générale d'une invasion. C'est la première fois que le régime nord-coréen déclare avoir envoyé un missile au-dessus du territoire japonais. Deux projectiles avaient déjà survolé l'archipel en 1998 et 2009. Pyongyang les avait alors présentés comme des engins civils destinés au lancement de satellites, alors que selon Washington, Séoul et Tokyo il s'agissait d'essais déguisés de missiles à usage militaire.