Les ministres russe et iranien des Affaires étrangères ont souligné, hier à Moscou, la nécessité de préserver l'unité et la souveraineté de la Syrie, au moment où plusieurs zones de désescalade dans la Ghouta orientale font objet de bombardements entraînant des morts et des blessés parmi les civils. Le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov et son homologue iranien Mohamed Jawad Zarif, ont mis en garde contre une possible division du pays appelant à une «solution politique» en vue de mettre fin au conflit qui dure depuis 2011, lors du Forum international du Club de discussion sur le Moyen-Orient, Valdaï, en Russie, M. Lavrov a, à ce titre, appelé la communauté internationale à soutenir le peuple syrien dans la mise en œuvre des recommandations de la conférence, mettant en garde contre les mesures «provocatrices» prises par les Etats-Unis en Syrie, en contradiction avec leurs déclarations officielles. Dans ce contexte, M. Jawad Zarif a dit qu'«en dépit de la défaite du groupe terroriste Daesh en Syrie et en Irak, sa menace persiste, vu qu'«il possède une grande quantité d'armes fournis par les Américains et que certains pays le soutiennent jusqu'à présent». Il a souligné que les Etats-Unis cherchent à travers une nouvelle vague d'interventions étrangères à contrôler des zones en Syrie en vue de les diviser pour atteindre leurs objectifs géopolitiques, appelant à cet effet tout le monde à respecter l'unité et la souveraineté de la Syrie. La réaction du responsable iranien intervient notamment après une série de frappes effectuées le 7 février par les avions américains contre les forces syriennes faisant plusieurs morts. «La Syrie a toujours besoin d'une solution politique. L'Iran et la Russie s'efforcent de trouver une telle solution, ils font la promotion de cette solution depuis ces quatre dernières années. Nous insistons sur le fait que seule une solution politique est possible en Syrie», a-t-il dit. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a également estimé que le règlement politique est «la meilleure manière de résoudre les crises et sauver les pays et les peuples au Moyen-Orient». Sur le terrain, en plus de la présence militaire russe et américaine, la Syrie assiste à une intervention turque qui a lancé une offensive à Ifrine contre les Kurdes, alors que l'armée syrienne coordonnait avec les groupes de Forces populaires pour la défense de l'intégrité territoriale, en mobilisant la résistance parmi les Kurdes face aux agressions turques. En outre, l'armée syrienne a mené des raids contre les positions de terroristes dans la Ghouta orientale, à Damas, en réponse aux groupes armés, qui avaient de nouveau violé lundi l'Accord de la zone de désescalade prenant pour cible aux obus le quartier de Bab Touma dans la capitale. Par ailleurs, la dégradation sur le plan sécuritaire au cours des deux derniers mois a eu un impact négatif sur la situation humanitaire en Ghouta orientale, les rebelles ayant lancé une offensive massive contre une base militaire syrienne clé dans la ville de Harasta dans la région. Face à cette situation, le coordonnateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Ali Al-Za'tari, a réclamé un accès «immédiat» aux zones assiégées dans le pays pour pouvoir fournir l'assistance dont la population a besoin et a réitéré la demande d'une trêve humanitaire d'un mois. Selon les Nations-Unies plusieurs cas de malnutrition aiguë sévère, maladies transmissibles, telles que la tuberculose, la fièvre typhoïde et la gale, ont été signalés, les niveaux croissants d'insécurité alimentaire touchent essentiellement les enfants. Une résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours en Syrie pour un accès humanitaire immédiat, a été présentée par la Suède et le Koweït au Conseil de sécurité de l'ONU, et attend d'être votée la semaine prochaine. Celui-ci ne s'appliquerait pas au groupe terroriste Daesh permettant aux autorités syriennes de poursuivre leur offensive anti-terroriste notamment dans la province d'Idleb. Plus de 13,1 millions de Syriens ont actuellement besoin d'aide humanitaire, dont 6,1 millions de déplacés à l'intérieur du pays depuis le début de la guerre civile il y a près de sept ans. Le conflit a fait plus de 340 000 morts, selon des chiffres d'agences internationales.