Les forces syriennes poursuivent l'offensive Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti que les efforts destinés à rétablir la paix ne doivent pas être subordonnés à la recherche d'un changement de régime en Syrie. Les représentants des diplomaties russe, turque et iranienne se sont rencontrés samedi dernier à Moscou, lors d'un nouveau sommet destiné à approfondir la recherche d'un règlement du conflit syrien. La dernière réunion avait eu lieu au début du mois écoulé à Ankara et elle s'était soldée par un constat d'immobilisme, alors que la menace de raids contre la Syrie était agitée par les puissances occidentales, des attaques dont la Turquie allait ensuite se féliciter ouvertement. A l'issue de la rencontre du 28 avril, les trois parrains du processus d'Astana ont tenu à afficher une unité de façade même si des divergences profondes ont de nouveau surgi, aussi bien sur les attaques menées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France que sur la situation des groupes terroristes exfiltrés de la Ghouta orientale, notamment. Dans une déclaration conjointe, les trois ministres russe, iranien et turc ont cependant mis l'accent sur le respect des principes de la Charte de l'ONU, en général, et de la souveraineté, de l'indépendance et de la cohésion de la Syrie, en particulier. A cet égard, la conférence de presse commune a permis au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamed Zarif, de mettre l'accent sur l'importance du processus d'Astana que la communauté internationale devrait accepter parce qu'il représente la seule solution politique envisageable, compte tenu des décisions de Sotchi. «Le rôle de l'Iran dans la région consistait à combattre Daesh et le Front al-Nosra, et ce, alors que les Etats-Unis avaient pour rôle de détruire divers groupes ethniques. Il revient donc aux USA de répondre de leur rôle destructeur dans la région parce que leurs politiques sont basées sur la destruction tandis que les Iraniens ont toujours agi contre les actes de sabotage US» a affirmé M. Zarif. Abordant la menace agitée par le président américain Donald Trump envers l'accord nucléaire Iran/5+1, il a ajouté: «Dès le début de sa présidence, Trump s'est opposé à l'accord et à la résolution du Conseil de sécurité. Et aujourd'hui, il a des exigences qui vont au-delà de l'accord nucléaire, exigences qui ne sont acceptables ni pour l'Iran ni pour d'autres membres signataires du Pgac.» Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a averti que les efforts destinés à rétablir la paix ne doivent pas être subordonnés à la recherche d'un changement de régime en Syrie. Convaincu que la coopération entre la Russie, l'Iran et la Turquie a puissamment contribué à combattre Daesh, le Front Al Nosra et d'autres groupes terroristes, il a en filigrane réitéré la détermination de Moscou à agir avec Damas pour en finir avec toutes les factions terroristes qui continuent à sévir dans le pays. De ce fait, Lavrov a dit haut et fort que les attaques menées par la coalition occidentale ne vont nullement dans le sens de la paix et il en veut pour preuve l'évolution de la situation qui s'en trouve affectée. «Au moment où nous sommes en train de mener des activités efficaces contre les terroristes en Syrie, les Occidentaux relèguent au second plan nos efforts et rendent la situation de plus en plus compliquée», a observé M.Lavrov. Quant au ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, il a demandé aux Etats-Unis de tenir leurs engagements concernant le nord de la Syrie, non sans réaffirmer la volonté de son pays de respecter l'intégrité territoriale de la Syrie. Comme ses homologues russe et iranien, il a soutenu l'importance du processus d'Astana à travers son format diplomatique actuel devenu, à ses yeux, incontournable, même si d'aucuns s'interrogent sur le fait que la Turquie soutient certains groupes terroristes dont l'objectif est de saccager la Syrie. En outre, Ankara ne fait pas mystère de son objectif concernant le régime syrien et ce simple constat complique davantage les rapports avec ses partenaires, car on ne voit pas comment il peut y avoir consensus, dans ces conditions. Ultime illustration de ces divergences préoccupantes, le soutien apporté par la Turquie aux attaques occidentales contre la Syrie, vivement dénoncées par la Russie et l'Iran, montre combien le fossé peut être grand sur un certain nombre de sujets cruciaux. Par ailleurs, Sergueï Lavrov a réaffirmé, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, que l'agression illégale contre la Syrie a entravé la dynamique des pourparlers d'Astana et de Sotchi, impactant négativement les efforts déployés pour le règlement politique de la crise syrienne qui s'en trouve sérieusement affectée. Cité par l'Agence russe «Interfax». Tout en réitérant la disposition de la Russie à maintenir le dialogue avec ses partenaires occidentaux en vue de parvenir à un règlement politique de la crise, conformément aux dispositions de la résolution 2254 du Conseil de sécurité, M. Lavrov a, une fois de plus, souligné le caractère inacceptable de ces attaques menées, dans la nuit du 13 au 14 avril derniers, sur des sites syriens. La coalition américano-franco-britannique avait tiré 103 missiles dont 71 ont été interceptés par la défense aérienne syrienne, rééditant l'attaque de 2017 contre l'aérodrome militaire d'Al Chayrat sur lequel 59 missiles avaient été tirés, faisant des morts et des blessés dans les rangs des forces alliées de Damas. Hier sur le terrain, des combats inédits ont opposé, pour la première fois depuis plusieurs mois, les forces syriennes à la coalition kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenue par les Etats-Unis, six membres de cette faction ayant été tués selon l'Osdh. L'information avait été communiquée par l'agence syrienne Sana qui révèle que «des unités de l'armée ont libéré quatre villages sous contrôle des FDS, sur la rive est du fleuve Euphrate», dans ce qui pourrait être le prélude à la grande offensive pour reprendre la province de Deir Ezzor.