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Ces jeunes Algériens qui ont fait front
Nationalisation des hydrocarbures le 24 Février 1971
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 02 - 2018

Pour marquer ma contribution au 47e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures du 24 février 1971, j'avise ceux qui vont me lire que je ne vais pas m'appesantir sur l'événement, directement, et d'une manière technique — parce que n'étant pas spécialiste —, mais que je l'aborde sous un autre angle, celui du souvenir.
Je vais l'aborder à partir de ses implications qui ont conduit les jeunes d'alors à prendre l'initiative, plutôt leurs responsabilités, en allant dans le concret pour dire que cette décision révolutionnaire les attachait davantage à leur pays, du fait qu'elle venait pour reconquérir définitivement sa souveraineté à travers les richesses de son sous-sol. Ainsi, je me suis créé cette occasion propice pour parler de ces jeunes qui ne se sont pas permis d'exalter et glorifier, seulement, en envoyant exclusivement des messages de soutien, mais de se choisir consciemment un créneau — celui que nous allons traiter —, à travers leurs actions dynamiques et déterminantes, pour conforter les décisions justes que leur pays a eu le courage de prendre, en défiant les grandes puissances de ce monde. En effet, l'Algérie a relevé un challenge de par cette nationalisation car, si elle a été «certes un événement national, ses répercussions internationales ont aussi marqué durablement l'industrie mondiale et le commerce international des hydrocarbures».(1)
Quelle volonté et quel dynamisme animaient nos jeunes d'hier qui se sentaient concernés, au plus haut point, par le lourd héritage que leur a légué la guerre de Libération nationale. Ils donnaient le meilleur d'eux-mêmes pour se débarrasser des séquelles du colonialisme et conquérir le progrès, et ainsi ils étaient obligés de manifester leurs profondes convictions pour sensibiliser ceux de leur génération sur la nécessité d'une mobilisation générale afin de prendre sérieusement en charge la construction de l'Algérie. Ils s'imposaient cette mission en travaillant inlassablement pour faire oublier l'image affreuse des bombardements sauvages, des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et des lynchages continus et rappeler, aux jeunesses du monde, l'imposant sacrifice des leurs pour que vive l'Algérie. Ils racontaient ainsi la résistance farouche de leur peuple face aux multiples événements. N'étaient-ce pas là les prémices d'une relève engagée dans la voie des aînés, et qui prenait ses orientations dans le patrimoine révolutionnaire de son pays ? La réponse est oui, parce qu'en réalité, cette relève se composait de jeunes, des promoteurs d'idées nobles qui, quelques mois auparavant, portaient le «treillis» des djounoud de l'ALN ou l'habit du condamné, quelque part, dans une des prisons de l'Algérie colonisée ou d'ailleurs, dans l'antre de l'ennemi. Ceux-là ne pouvaient s'arrêter au beau milieu du chemin. Ils ont fait le serment de transmettre aux jeunes leur désir ardent de continuer le combat jusqu'au progrès, jusqu'au bien-être, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de traces de colonialisme dans ce pays dévasté par tant de haine et de violence.
C'était cette ambiance d'alors qui les faisait plus aguerris et leur commandait de renouer avec leurs traditions, leur Histoire et leur culture pour les développer davantage, car longtemps proscrites par le colonialisme. Ils vivaient ce fougueux enthousiasme à tous les niveaux et saisissaient la nécessité de contenir ces élans et les mettre à profit sur le terrain de la réalité. Et à propos de ce terrain, nos jeunes étaient à l'écoute de tous les événements, internes et externes, qui intéressaient notre pays. Ainsi, et pour entrer dans le vif du sujet, le devoir de mémoire nous oblige à nous remémorer ce combat au quotidien d'une jeunesse qui prenait l'initiative, à chaque occasion, en se lançant dans des «aventures», aussi courageuses que déterminantes, pour conforter les décisions justes de l'Algérie, qui venaient consolider notre souveraineté nationale.
Pourquoi la jeunesse soutenait la nationalisation des hydrocarbures ?
«La nationalisation des hydrocarbures le 24 février 1971 a sonné le ‘‘tocsin'' pour les derniers restes de la colonisation française en Algérie. Ainsi, notre pays a ouvert la voie au recouvrement définitif de sa souveraineté sur l'ensemble des richesses de son sous-sol.»
C'est le communiqué de l'APS, de février 1971, exprimant la position du pouvoir d'alors qui ne lésinait sur aucun moyen pour reprendre ses droits sur ses propres richesses, longtemps spoliées et exploitées par le colonialisme.
Quelques jours après cet événement historique, l'organisation de la Jeunesse du Front de libération nationale (JFLN), consciente de son rôle agissant au sein de la société algérienne, décide de la tenue d'une rencontre planétaire, qui devait réunir à Alger les jeunesses des pays producteurs d'hydrocarbures, afin de les sensibiliser sur les fondements des révolutions, dont l'un des objectifs était, et sera constamment, la maîtrise des leviers économiques. La JFLN — véritable Ecole du militantisme, et ce qualificatif n'était pas de trop — œuvrait dans l'esprit de la continuité de cette glorieuse révolution de Novembre. Ainsi, elle démontrait, dans toutes ses actions, que l'Algérie n'était pas celle des années soixante et qu'elle n'était plus abandonnée à elle-même, se débattant dans les problèmes de toutes sortes qui résultaient précisément de la guerre coloniale menée contre notre peuple. Ceux-là, les problèmes, étaient nombreux et la JFLN était d'autant plus consciente qu'elle en faisait son credo pour aller de l'avant dans la sensibilisation des jeunes pour une meilleure prise en charge par le travail et le rendement dans tous les secteurs de l'économie nationale.
En effet, elle était consciente de l'état inqualifiable dans lequel notre pays nous a été rendu après notre indépendance que nous avons arrachée de haute lutte, un pays meurtri, sans cadres et sans équipements, le règne du dénuement le plus total en un mot. Le trésor de l'Etat n'a-t-il pas été restitué avec un déficit de 200 milliards de francs anciens, pour s'en tenir à cet exemple seulement ? Evidemment, les palliatifs et les euphémismes étaient de circonstance.(2)
Mais parmi les plus criardes iniquités, nous relevons par exemple celle de 1963, où sur la base d'une production de 23 millions de tonnes de pétrole brut commercialisé, les revenus de l'Algérie au titre de la fiscalité se sont élevés à 60 millions de dollars pendant que les recettes globales perçues par les sociétés étrangères se chiffraient à 360 millions de dollars. Le déséquilibre qui s'exprimait dans le rapport de 1 à 6 apparaît d'autant plus scandaleux que la règle de partage était censée être celle du fifty-fifty.
En outre, les opérations en aval de la production et des différentes phases de transformation des hydrocarbures sont la source d'importants revenus sur lesquels l'Etat ne percevait aucun profit. De ce fait, il y avait là une situation incompatible sur les fondements de la révolution..., cette révolution dont le principal objectif se situait dans la maîtrise des leviers économiques, comme souligné précédemment. En effet, cet objectif fondamental a été retenu par notre pays qui a souverainement décidé, au lendemain de son indépendance — surmontant ainsi les amertumes et les vicissitudes du passé —, d'entretenir des relations de coopération privilégiées avec la France. Cette politique était basée sur un échange d'intérêts entre partenaires égaux et également souverains... Les accords de 1965 portaient une promesse, celle précisément d'une coopération assainie de toutes les séquelles coloniales(3).
Mais, autant l'Algérie pouvait s'enorgueillir d'avoir respecté, à la fois, et l'esprit et la lettre des accords, autant le partenaire français semblait avoir mis un point d'honneur à faillir à ses obligations essentielles. Une telle attitude, au bout de cinq années d'expérience, ne pouvait entraîner, naturellement, que déception et frustration(4).
Quelles étaient donc les conséquences de cette situation ? Eh bien, rien n'était plus pressant pour notre pays que de s'assurer le contrôle véritable des richesses de son sol et de son sous-sol. En tout état de cause, l'Algérie, pour sa part, et contre les vents et marées de la contestation néocoloniale, affirmait sans ambages que tout pouvait être négociable de façon sérieuse, hormis la souveraineté du peuple, l'indépendance de la patrie et les options politiques et économiques fondamentales.
C'est ainsi que le contrôle de nos richesses devenait un processus inéluctable. Il répondait à des impératifs politico-économiques sur lesquels l'Algérie n'admettait aucune discussions et, encore moins, aucune concession. Elle voulait renforcer son indépendance dans tous les domaines et, par voie de conséquence, plusieurs aspects de la coopération étaient rendus caducs. C'était pour elle une constante décolonisation qu'elle menait afin de se libérer de tous les liens néo-colonialistes. N'était-ce pas, en quelque sorte, dans l'esprit des recommandations de l'ONU, la plus haute instance du monde qui, dans une importante résolution, réaffirmait «le droit inaliénable de tous les pays d'exercer leur souveraineté sur les ressources naturelles dans l'intérêt de leur développement national» ? (5)
La préparation du Séminaire international des jeunes des pays producteurs de pétrole
La JFLN était à l'écoute ; mieux encore, elle se plaçait en noyau dynamique d'une jeunesse issue d'un combat anticolonialiste..., de cette jeunesse qu'on disait capable d'œuvrer avec engagement et détermination pour promouvoir le développement industriel dans le pays, afin de rattraper rapidement le retard économique de 130 années d'exploitation coloniale.
Partant de cette logique, et après avoir étudié les conditions de réussite d'une telle «aventure», celle qui se présentait sous l'aspect concret d'un séminaire international, regroupant les jeunes des pays producteurs de pétrole, la JFLN, comme à l'accoutumée, a pris l'initiative courageuse d'aller au-devant d'une mission difficile, jamais osée par d'autres organisations ou institutions politiques de masse. Oui, cette organisation nationale a pu se placer en leadership de la jeunesse du tiers-monde par son montage et sa direction d'une grandiose et parfaite rencontre planétaire pour discuter et célébrer les décisions énergiques prises par l'Algérie le 24 février 1971, à l'occasion du 15e anniversaire de la création de l'UGTA.
Voyons à présent la préparation du séminaire international. Ainsi, une fois l'enjeu saisi et la volonté politique clairement définie, il fallait se démener pour réussir cette rencontre internationale. Les jeunes comprenaient que l'Algérie décidait d'entrer dans la phase de réalisation des conditions objectives et nécessaires à la création d'une industrie pétrolière nationale aux différents niveaux : recherche, production, transport, raffinage, distribution, pétrochimie et commercialisation.
C'est alors que les tenants et aboutissants de cette grandiose manifestation ont été discutés sérieusement. Les possibilités ainsi que les moyens, pour lui permettre une bonne réussite, ont été étudiés, recensés et décidés. Le regretté Madani Souahi(6), secrétaire général de la JFLN d'alors, et Abdelkader Saâdna, responsable des Relex (relations extérieures), ont eu la main lourde et... heureuse puisque, aussitôt le projet porté à la connaissance de nos responsables, aussitôt il a été accepté. Kaïd Ahmed devait charger Mohamed-Cherif Messaâdia et Bélaïd Abdesselam de faire le reste avec le président de la République, qui avait été briefé par ses soins sur le sujet.
Cette tâche dévolue à la jeunesse n'était pas aisée car, sans l'appui et l'assurance des autorités de cette époque, la JFLN, quand bien même partait-elle d'une logique militante, ne pouvait prendre, à elle seule, ce pari audacieux.
Et cette aventure courageuse — et c'en était une — venait dresser contre les monopoles du cartel un front uni de jeunes et de travailleurs de pays producteurs et, en même temps, soutenir les décisions énergiques prises par notre pays dans le domaine de la nationalisation de ses ressources naturelles. Voilà ce qu'était la JFLN en son temps, non pas une «pseudo-organisation» où foisonnaient des «chemises d'une certaine couleur», comme présentée par quelques détracteurs(7), mais une Ecole, une communauté d'idées, qui savait réaliser l'unité d'action dans la diversité, en dégageant, à l'occasion d'une conférence comme celle-ci, une même conception de lutte antimonopoliste à l'échelle internationale, formant une ligne de conduite qui allait présider aux travaux de ce séminaire international.
De là commence sérieusement la préparation politique et matérielle de cette importante rencontre, en étroite collaboration avec les concernés, ministère et Fédération nationale des pétroliers.
Et c'est ainsi que ce Séminaire international, dirigé par la JFLN, et préparé en parfait accord avec le Mouvement panafricain de la jeunesse (MPJ)(8) et la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD)(9) – pour plus d'audience au niveau mondial —, s'est déroulé à Alger du 10 au 17 janvier 1972. Son thème central a été : «La jeunesse et son rôle dans la lutte contre les monopoles impérialistes pour la récupération des ressources en hydrocarbures et de toutes les richesses naturelles.» Et, bien avant sa tenue, une délégation composée de jeunes responsables, Abdelkader Saâdna, secrétaire national, chargé des relations extérieures, et Kamel Bouchama, membre du Conseil national de la jeunesse et Commissaire national du parti du FLN(10), s'est déplacée à Budapest, en novembre 1971, pour négocier et mettre au point, avec la FMJD, tous les aspects de ce séminaire international. Cette démarche pragmatique s'inscrivait dans la concertation et, disons-le clairement, dans l'appui de cette dernière, dont la mission favorisait les liens entre les organisations de jeunes du monde pour promouvoir la paix. Et cela pouvait ajouter un plus à la crédibilité de l'entreprise et aider la JFLN à mobiliser, en cette période de «guerre froide», toutes les organisations anti-impérialistes pour renforcer sa position concernant l'unité dans la bataille du pétrole et la lutte de la jeunesse pour le progrès économique et social des peuples.
Une grande réussite chez les jeunes pétroliers...
C'est dire la nécessité de cette rencontre et le travail important qu'a livré l'organisation de la jeunesse pour sa préparation, sa tenue dans les conditions les meilleures et pour ses résultats qui allaient refléter cette suite logique de conclusions, dont l'affirmation de la création du front anti-impérialiste et de son unité dans la bataille contre la dictature des trusts et cartels pétroliers. Cette orientation apparaît dans les différentes interventions, dont celle de Cissoko, SG du MPJ. Il déclarait en ouverture : «C'est en tenant compte de notre volonté de dépassement, exprimée il y a de cela dix ans par la jeunesse consciente d'Afrique, celle qui entend faire l'Histoire et non la subir, que nous considérons la tenue du présent Séminaire à Alger, significative à tous les égards...» Quant à Angélo Oliva, président de la FMJD, il affirmait : «Le Séminaire qui va s'ouvrir témoigne de l'engagement internationaliste et de la volonté de combat de la jeunesse progressiste, de sa volonté de porter jusqu'au bout la bataille contre l'impérialisme et les monopoles pétroliers...
Le séminaire est l'expression concrète de cette solidarité et son organisation ouvre des perspectives nouvelles pour la lutte des jeunesses des peuples arabes et pour les progrès de la cause de la démocratie dans les autres parties du monde.»
Cette rencontre a démontré, à l'ensemble des délégations du monde, la profondeur stratégique de la jeunesse algérienne, celle d'être claire et d'affirmer hautement son refus de situations contraires aux objectifs nationaux, dans les pays d'Afrique et ailleurs. Et la résolution finale en dit long sur ce chapitre : «Dans ce contexte, les mesures de récupération des richesses nationales, qu'il s'agisse du domaine des hydrocarbures, de celui des mines, ou de toutes autres richesses nationales, tant en Algérie, au Chili, en Tanzanie, en République démocratique du Yémen, en Zambie et en Guinée, révèlent un caractère particulièrement important... Toutes ces décisions ouvrent une étape nouvelle dans la juste lutte des pays sous-développés, pour leur totale émancipation et indiquent la voie à suivre vers le plein recouvrement de leurs propres ressources naturelles, au bénéfice des masses laborieuses.»
La réussite de ce séminaire international est due également à l'engagement du ministère de l'Energie de l'époque, sous la houlette de Belaïd Abdesselam qui a donné des directives impératives à l'ensemble de ses cadres, pour contribuer positivement à cet événement. Ainsi, les regrettés Abdelmadjid Benalycherif et Aboubakr Mellouk(11), des cadres d'une compétence reconnue mondialement, ont su donner, de par leur humilité et leur aisance dans l'exposition et l'explication des sujets proposés, un impact sérieux à ce séminaire. La Fédération nationale des pétroliers, avec à sa tête les Badr-Eddine et Lounis, n'était pas en reste de cette importante entreprise. Elle a fait le maximum tant à l'intérieur du séminaire qu'à l'extérieur, au cours des activités culturelles et des programmes de visites qui ont été proposés à tous les participants, venus des différentes régions du monde.
Alors, ne pouvons-nous pas dire que l'organisation de cette rencontre internationale, en ces moments difficiles, n'était plus un coup d'essai, mais bien plus..., un coup de maître ? Oui, un coup de maître car, dans cet événement grandiose, la jeunesse algérienne n'était pas dans ses petits souliers, mais bel et bien aux commandes d'une «sacrée entreprise» aux nombreuses répercussions et aux grandes promesses. La présence d'illustres personnages et de notables représentants d'organisations et de mouvements à travers le monde l'a si bien prouvé. Ainsi, ont assisté à ces importantes assises, outre les organisations membres et les organisateurs (le MPJ et la FMJD), tous les mouvements de libération d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ainsi que les organisations amies.
Ont été invités, également, en qualité d'observateurs, le Comité afro-asiatique, le Mouvement mondial de la paix, l'UIE, le Cenyc (Conseil européen national youth club, affilié à la WAY), ainsi que de nombreuses personnalités, dont Yasser Arafat, premier responsable palestinien, Nicolas Sarkis, spécialiste dans les questions pétrolières et énergétiques, et fervent patriote pour la nationalisation de l'industrie pétrolière et gazière dans les pays arabes.
Il y avait d'autres invités de marque qu'il nous est impossible d'énumérer dans ce présent écrit, au risque de commettre l'indélicatesse d'en oublier certains. Effectivement, le pari a été tenu. Et pourquoi n'aurait-il pas été tenu, quand on fait l'évaluation des moyens qui lui ont été réservés et l'attention particulière qu'a accordée l'Algérie à la première et importante manifestation de ce genre ? Pourquoi ne réussirait-elle pas — la manifestation — lorsqu'on vivait alors, «une époque qui rejetait le combat solitaire et partant, stérile, pour laisser place à une seule action fructueuse, celle de la lutte solidaire et organisée de l'ensemble des peuples opprimés et exploités contre un ennemi dont la forme première s'était toujours accrue de l'effet de notre dispersion et de notre division...» ? Extrait du discours de Kaïd Ahmed.
En guise de conclusion, que pouvons-nous dire aujourd'hui ? Vivons-nous cette ambiance où les jeunes s'évertuent à faire mieux qu'hier, surtout avec les moyens forts éloquents qui sont à leur disposition, selon les responsables du pays ? Ou, tout simplement, nous ne voyons rien de cela, parce que nous, leurs aînés, n'avons rien fait, hélas, pour les mobiliser concrètement et leur apprendre à vivre en démocrates — encore faut-il que nous le soyons nous-mêmes —, sauf pour servir de «comparses» dans des campagnes qui nous permettent d'assouvir nos égocentrismes, et soutenir nos ambitions machiavéliques qui tournent autour de notre longévité au pouvoir ? Cette différence entre les deux générations est visible au fil des ans. Elle s'accentue pour nous laisser perplexes, sans réaction, devant des inepties qui se multiplient et nous donnent cette impression qu'entre nous et la civilisation, la vraie, il y a cette distance qui s'amplifie, et ce temps qui s'éloigne et cède sous le poids d'échéances improbables. Enfin, notre organisation, la glorieuse JFLN d'hier, au «passé glorieux et dont l'avenir a été interrompu»(12), malheureusement, vivait dans l'initiative, dans le dynamisme, dans la promptitude des engagements et dans le travail ardu pour expliquer, sensibiliser et mobiliser le monde de la jeunesse autour de décisions historiques, et non dans les atermoiements qui, souvent, ne rendent pas service, parce qu'ils atténuent les élans vers la réussite et le progrès.
Voici, raconté dans ce passé qui surgit avec un bon souvenir, ce dont elle était capable. Aujourd'hui, évidemment, elle n'aurait jamais adhéré aux débats hypocrites et stériles qui n'en finissent pas dans notre environnement qui subit tous les aléas de la désuétude et où l'esbroufe, la flagornerie et cette sempiternelle fausseté tiennent le haut du pavé, comme «ce poème flatteur, qui déshonore à la fois le héros et l'auteur», comme le soutenait Boileau.
K. B.
Notes
(1) M. Youcef Yousfi, le ministre de l'Energie et des Mines, dans une interview à l'APS, à la veille de la célébration du 40e anniversaire de cette nationalisation.
(2) Selon l'analyse de Mohamed Salah-Eddine dans le journal Ec-chabab n° 13 de février 1971
(3) Il s'agit de l'accord d'Alger du 29 juillet 1965, après dix-huit mois de discussions.
(4) C'est la crise de 1970-1971. Ainsi, Le Monde du 03/08/70 publie les chiffres de source française intitulé : «Le baromètre de l'équité», ce qui a suscité une réponse algérienne que publie El Moudjahid le 06/08/70.
(5) Déclaration des Nations unies sur le droit au développement : article premier, alinéa 2
(6) En 1976, peu après le 1er Congrès de l'UNJA, le regretté Souahi Madani a été nommé commissaire national du parti du FLN à Béchar par feu le Président Boumediène
(7) Les chemises noires (en italien : camicie nere ou squadristi) sont les adhérents à la milice du régime fasciste de Benito Mussolini. De même que Les chemises rouges de Thaïlande et celles des légionnaires de Giuseppe Garibaldi
(8) Cet organe a été créé en 1962 à Conakry (Guinée), sous le nom de Mouvement panafricain de la jeunesse (MPJ). Son siège s'est déplacé à Alger en 1967, après la tenue de la 2e conférence du MPJ, et son ouverture par le Président Boumediène. À la suite du Congrès de Johannesburg en 2000, le mouvement est rebaptisé Union panafricaine de la jeunesse et son siège est actuellement au Soudan.
(9) La Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), dont le siège est à Budapest (Hongrie), est considérée par les Nations unies comme une organisation non gouvernementale représentative de la jeunesse internationale. Elle a été créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale à l'initiative de Staline et Churchill dans le but de favoriser les liens entre les organisations de jeunes du monde et officiellement de promouvoir la paix.
(10) Kamel Bouchama était alors le plus jeune commissaire national du parti du FLN, nommé dans la grande wilaya d'El-Asnam — aujourd'hui Chlef – en même temps que membre du Conseil national de la jeunesse.
(11) Les regrettés Abdelmadjid Benalycherif et Aboubakr Mellouk, disparus avec trois autres cadres, en service commandé en URSS, dans la catastrophe aérienne, survenue en ce pénible jour d'octobre de 1972, dans le ciel de Moscou, ont été de grands cadres spécialistes que la Sonatrach et l'Algérie ont perdus.
(12) La JFLN, un passé glorieux, un avenir interrompu... est le titre de l'ouvrage de Kamel Bouchama, Ed. Anep 1997


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