M. Ghebalou, un conférencier historien natif de Cherchell, se remémore sa ville natale, les dédales de la célèbre rue historique, Aïn-Ksiba, qu'il sillonnait jadis en 1954 en compagnie de son feu papa. M. Ghebalou, ce professeur d'université qui a vécu surtout au cœur d'Alger, est doublé d'un auteur prolifique qui a tenu à organiser une conférence au sein de la bibliothèque communale de Cherchell, où il évoquera «l'histoire de la naissance du Mouloudia sportif cherchellois» mais aussi, «le sacrifice suprême de ces 18 jeunes sportifs joueurs du club MSC afin que vive l'Algérie dans la liberté et l'indépendance». Cette évocation fut un moment triste pour l'assistance venue se remémorer l'épopée héroïque de ces 18 jeunes sportifs du Mouloudia de Cherchell qui ont décidé de rejoindre le maquis à la fleur de l'âge. Il convient de préciser que parmi les présents à cette conférence figuraient des membres de l'Association algéroise Louni Arezki, à l'instar de M. Taleb Saâd, ainsi que M. Lounas Ali, un cinéaste algérois, mais aussi d'anciens footballeurs ayant évolué au sein du Mouloudia de Cherchell, à l'instar de M. Krérouz Aek, M. Yahia Berrouane, M. Omar Cheboub, de même que le moudjahid Smaïl Youcef Khodja, Maâmar Djemai, Korchi, Othmane Maâzouz, Youcef Lassel, et tant d'autres nostalgiques de ces temps héroïques. Le conférencier, tout en évoquant ces émouvants moments historiques, rappela que «le Mouloudia sportif cherchellois fut créé le 29 janvier 1947, et dont les membres fondateurs se réunissaient d'abord dans un café appartenant à Mhamed Kebilène, un militant du PPA, puis encore dans la boutique d'un tailleur, M. Mohammed Cherifi, pour ne pas se faire remarquer par les autorités coloniales, car cette association musulmane et sportive n'était pas la bienvenue pour les colons». M. Ghebalou dira que «ce fut à la suite de l'obtention de l'agrément du MSC le 13 février 1947, que fut installé le bureau de cette association, qui vit M. Khellaf Ali, un conseiller municipal, devenir président du club, avec plusieurs notables de la ville, en l'occurrence M. Sahraoui Tahar, M. Nouar Braham, Kaïd Youcef et Maâzouz Kaddour, la trésorerie fut confiée à M. Hellal et à Tareb Makhlouf». «Cependant, des difficultés de taille vont se présenter aux joueurs musulmans, de la part des dirigeants du club colonial la Cesaréenne», dira l'orateur qui ajoutera que «les portes du stade militaire ne s'ouvraient qu'aux colons et étaient refusées aux musulmans du Mouloudia». L'absence de subventions est un autre blocage pour altérer le jeu. Le conférencier dira que «des propositions étaient faites aux joueurs musulmans qui refusèrent ces offres alléchantes. Ces propositions ont été faites au prestigieux goal du Mouloudia, le défunt Aek Benkhti, et à Allel Moussouni, à Aek Zegrar et à tant d'autres joueurs du MSC». Le conférencier rappellera que la première rencontre sportive du Mouloudia se déroula en 1947, mais sans des équipements conformes ; le MSC joua cette rencontre avec un maillot blanc et des espadrilles, à défaut de souliers sportifs. L'orateur dira à ce titre que le Mouloudia de Cherchell a commencé ses compétitions en 3e division de la Ligue d'Alger durant la saison sportive 1947/1948, il affronta alors Gouraya-Dupleix, Ahmer-el-Aïn, Hattatba, et Fouka lors des rencontres officielles, Après 5 années de stagnation en 3e division de la Ligue d'Alger, le Mouloudia de Cherchell accédera en 2e division de la Ligue d'Alger dès 1952 et se hissa au même niveau que son rival sportif la Césaréenne sportive. Après le renouvellement du bureau, de nouveaux dirigeants accédèrent aux commandes, à l'instar de Belkacem Alioui, ainsi que l'obtention d'un nouveau siège au sein du café de M. Alioui. M. Ghebalou évoquera, en substance, ses souvenirs de jeunesse lors de ces périodes troubles, quand il accompagnait son feu papa au stade ; des souvenirs d'une tristesse troublante qui le marqueront à jamais, car les visages des 18 martyrs sportifs du Mouloudia, alors adolescents, qui rejoignirent le maquis en 1956 après avoir arrêté la compétition, sont un souvenir vivace et marquant, de ces amis et voisins du quartier disparus à jamais. Le conférencier, très ovationné, demanda à l'assistance d'approfondir la recherche des souvenirs de ces martyrs au sein de leurs familles cherchelloises en vue de réaliser une véritable anthologie qui consacrera l'héroïsme de cette jeunesse, fierté de l'Algérie libre et indépendante. Houari Larbi