«Votre hippodrome est en situation d'abandon.» C'est la toute première phrase que le wali de Boumerdès, Abderrahmane Madani Fouatih, a prononcée à son arrivée à l'hippodrome de Zemmouri. Le chef de l'exécutif de la wilaya s'adressait au directeur général de la Société des courses hippiques et des paris mutuels (SCHPM), Ahmed Riane, sous tutelle du ministère de l'Agriculture, de la Pêche et du Développement rural, et son subalterne, Mustapha Bira, le directeur de l'hippodrome. Nous avions consacré, le 14 octobre 2014, un reportage d'une page du Soir d'Algérie avant d'y arriver à la même conclusion. Depuis, rien n'a changé. Au contraire, la situation s'est davantage détériorée. Après avoir exprimé son appréhension, le wali demandait ce lundi aux deux dirigeants de lui présenter la fiche technique de l'établissement : «Je suis le wali et je dois tout savoir sur ce qui se passe dans ma wilaya.» Les deux responsables n'avaient, finalement, rien préparé. Puis, le wali passe à l'offensive. Il commence par les constructions illicites à l'intérieur de ce champ de courses. «J'ai des informations disant que des personnes ont payé des terrains à l'intérieur de l'hippodrome où elles construisent leurs habitations. J'irai au bout de cette information. Ne me dites pas que c'est faux. Je suis, par ailleurs, au courant que des propriétaires de chevaux squattent les écuries. Oui ou non ?» Le DG de la SCHPM tente de démentir les accusations au sujet des constructions illicites alors que de nombreuses familles résident dans l'enceinte de l'hippodrome. «23 propriétaires de chevaux, qui sont nos partenaires, ont des contrats internes», dira-t-il. «Quels contrats !? Vous n'êtes pas propriétaires et vous établissez des contrats ?» interroge le wali. Ahmed Riane insiste : «Ces propriétaires sont légalement installés. Il y a un contrat tacite entre nous.» Le wali revient à la charge : «Comment vous établissez des contrats alors que vous-mêmes vous êtes installés illégalement. Vous ignorez votre situation.» Le chef de l'exécutif passe ensuite aux décisions. «Je commencerais par le terrain. Jusqu'à preuve du contraire, c'est notre propriété. Nous allons étudier la consistance de vos activités et nous allons vous attribuer la superficie de terrain qui sied à vos activités. Sans plus. Nous sommes dans une ZET (Zone d'expansion touristique, ndlr), 90 hectares, il n'est plus question que cela continue. A voir cet hippodrome dans cet état, c'est vraiment désolant. Hippodrome de Zemmouri, Hippodrome international Emir-Abdelkader est une réputation qui ne décrit pas la désolante réalité. Il est à l'abandon.» Le wali donne instruction aux membres de la cellule présidée par le directeur des Domaines et créée à l'effet d'étudier la situation de ce champ de courses de lui faire rapidement un rapport. De plus, Fouatih a laissé entendre aux deux responsables de la SCHPM que toute affectation du foncier à cette entreprise doit être précédée d'un plan d'investissement et de moyens financiers pour réhabiliter cet hippodrome. Il y a lieu de rappeler que la société citée plus haut a également bénéficié d'un lot de 2 000 m2 dans la ville de Zemmouri pour ériger son siège. La bâtisse avait été détruite par le séisme de 2003 et le terrain est resté nu, nous a confié un travailleur. Plus grave, cet hippodrome, situé à quelques kilomètres de l'épicentre du tremblement de terre du 21 mai 2003, a été classé orange 4 par le CTC (dangereux). Il n'a jamais été réhabilité. Pourtant, chaque lundi et jeudi, il abrite des courses. Abachi L.