Construits dans les années quarante, les bâtiments d'El-Hana font peine à voir avec la dégradation des murs usés par le temps. L'état des lieux donne une image hideuse de ce quartier qui, pourtant, offre une vue imprenable sur la mer. Le constat est éloquent quand on entre dans les bâtiments surpeuplés par de nombreuses familles. Les murs et le sol lézardés et humides n'ont fait qu'aggraver une situation ancienne qui devient insupportable. Caves et couloirs encombrés et infestés par des rongeurs, cages d'escalier sales et vétustes, éclairage commun inexistant, fils électriques dénudés, fissures dans les murs... C'est un lieu sinistre où vivent des familles aux revenus modestes. Un homme croisé dans la cage d'escalier, dont le grand-père est locataire depuis des lustres, nous confie : «Plusieurs fois, les ménages se sont plaints de ces immeubles et signé des pétitions. Mais personne ne donne jamais suite. Les bâtiments ont besoin d'une rénovation en profondeur et pas de simples coups de peinture.» Un jeune est furieux : «C'est un scandale, ces immeubles insalubres devraient être rasés et les familles relogées, il y a des années que nous avons alerté les autorités sur cette situation. Sans succès.» Et de fustiger : «Les gens de la politique, on ne les voit qu'au moment des élections. Après, plus rien. Nous sommes dans la misère.» «Ce n'est plus une cité, rétorque une vieille femme. Nous souffrons énormément de cette triste situation qui nous fait honte». D'autres locataires nous ont affirmé regretter de ne pas choisir le bidonville pour être relogés dans des logements décents tandis que d'autres ont affirmé qu'ils sont nés dans ces lieux, des logements hérités de leurs parents et de leurs grands-parents. Un autre locataire n'a pas manqué de souligner que plusieurs lettres ont été adressées aux services concernés pour prendre en charge les travaux de ravalement des façades de ces immeubles mais en vain. Impossible d'obtenir un diagnostic de l'état précis des bâtiments construits dans les années 1940. Le gestionnaire technique de l'OPGI réalise souvent des petites réparations comme par exemple les regards des eaux usées qui sont obstrués mais pas de grands travaux, déplorent les locataires. «Un des immeubles est plus pourri que les autres et il faut le démolir», conclut un vieil homme qui y habite depuis sa naissance. D'ici là, les locataires de cette cité qui sont dans le besoin sont priés de prendre leur mal en patience, pour le relogement cela viendra bien un jour, ils l'espèrent. Aujourd'hui, des milliers de personnes attendent des logements sociaux à Mostaganem mais l'offre ne répond pas à la demande. A. B.