L'armée syrienne progressait hier dans la Ghouta orientale, après plus de trois semaines du lancement de son offensive visant à reprendre le dernier bastion rebelle en lisière de Damas, où l'action humanitaire gouvernementale se heurte à divers obstacles dressés «par les groupes terroristes et leurs commanditaires». Lors d'une séance tenue par le Conseil de sécurité des Nations-Unies sur la situation en Syrie, l'ambassadeur permanent de la Syrie auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, a indiqué que la Syrie avait pris beaucoup de mesures dans le but de mettre un terme à la souffrance des civils dans la Ghouta, désormais à 60% sous contrôle du gouvernement. Il a été question notamment de l'ouverture de deux corridors humanitaires pour les évacuer, mais «les groupes terroristes et leurs commanditaires, dont certains sont membres du Conseil de sécurité, avaient entravé toutes ces mesures», a-t-il rappelé. A ce titre, des médias syriens ont fait état de l'évacuation de plusieurs familles qui avaient été séquestrées par les réseaux terroristes sur l'axe de Madyara à Ghouta Est. Hier, le Croissant-Rouge syrien s'apprêtait à évacuer plusieurs cas médicaux urgents de l'enclave rebelle assiégée dans la Ghouta orientale, au lendemain de l'annonce par l'ONU qu'un millier de personnes se trouvait dans un état critique, exceptés «les hommes armés». Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), «ils sont quelque 77 ‘'cas prioritaires'' parmi le millier de malades ou blessés nécessitant une sortie urgente du bastion rebelle encerclé. Il s'agit, en majorité, de femmes et d'enfants». En parallèle, des réseaux terroristes avaient interdit, pour le 14e jour consécutif, aux civils, qu'ils avaient pris comme boucliers humains, de quitter les zones dans lesquelles ils se déploient à Ghouta Est. Au sud-ouest de la Ghouta, selon des médias syriens, personne parmi les civils n'était sorti via le couloir humanitaire ouvert par le gouvernement syrien en coopération avec les personnalités populaires et les dignitaires depuis Jisrine en direction de Mleiha depuis jeudi dernier. Selon des sources civiles, les réseaux terroristes continuent à interdire aux familles de s'approcher du couloir de la localité de Jisrine et les menacent de les tuer. Pour l'ambassadeur permanent de la Syrie auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, à chaque fois que l'armée arabe syrienne progresse dans sa guerre contre le terrorisme, «les pays soutenant le terrorisme en Syrie lancent des propagandes de tromperie». Jaafari a fait remarquer que «certains pays, qui avaient fermé leurs ambassades à Damas, obtiennent leurs informations de ce qu'ils appellent sources ouvertes», assurant que ces informations «sont des tromperies et visent à semer la sédition au sein du Conseil de sécurité concerné par la préservation de la sécurité et de la paix internationales». Au niveau du Conseil de sécurité, les Etats-Unis ont déposé une nouvelle résolution pour un cessez-le-feu immédiat en Syrie, accusant Moscou et Damas de «n'avoir jamais eu l'intention d'appliquer» une trêve, des accusations auxquelles les deux pays ont vivement réagi. Ce nouveau texte est «simple, contraignant» et «ne permet aucun contournement», a déclaré lundi l'ambassadrice américaine Nikki Haley devant le Conseil de sécurité, en soulignant que «l'heure est venue d'agir». Pour l'«ambassadeur permanent de la Syrie auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, les déclarations de l'ambassadrice américaine sont «irresponsables» et «provocatrices» et «se contredisent avec la Charte de l'ONU et constituent un soutien aux terroristes en Syrie». La Russie a dénoncé pour sa part, lors de cette réunion, sa mise en cause par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni dans l'absence de cessez-le-feu en Syrie, estimant que ces pays «ne sont pas motivés par des considérations humanitaires». Ce sont des «reproches sans fin contre la Russie», a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, lors de la même réunion. Dans leurs discours, les Etats-Unis ont cité «22 fois» la Russie, la France «16 fois», le Royaume-Uni «12 fois», a-t-il énuméré. C'est une «ligne politique» qui «n'est pas motivée par des considérations humanitaires», a poursuivi le diplomate russe, en laissant entendre que ces pays occidentaux cherchent avant tout à défendre des groupes opposés au gouvernement syrien. La résolution 2401 de fin février ne prévoyait pas «de cessez-le-feu immédiat» mais cherchait à établir un processus de moyen terme et concernait toute la Syrie, a aussi affirmé Vassily Nebenzia. Damas «a le droit de se défendre contre des terroristes», a-t-il fait valoir. Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères et de groupes terroristes. Il a fait plus de 350 000 morts.