L'Association pour la promotion de l'activité culturelle d'El-Flaye, en collaboration avec l'APC et la famille Adouane, a eu la louable initiative d'organiser, samedi passé, sous le haut patronage de l'Organisation nationale des moudjahidine de la wilaya de Béjaïa, un vibrant hommage à l'un des valeureux maquisards de la commune d'El-Flaye, le capitaine Adouane Abdelhafid,considéré comme l'artisan majeur de la prise du poste stratégique d'El-Hourane, dans la wilaya de M'sila par l'ALN le 4 février 1958. A l'occasion de cet hommage au combattant de l'ALN, les organisateurs ont mis sur pied un riche programme d'activités pour honorer la mémoire du défunt. Outre le recueillement et le dépôt de la gerbe de fleurs sur la tombe du regretté au cimetière du village d'El-Flaye, un tournoi de pétanque et de football, une exposition de photos des martyrs du village, un concours portant sur la meilleure biographie du défunt moudjahid avec la participation des cinq écoles primaires de la commune et une projection d'un documentaire avec des témoignages sur le parcours du regretté moudjahid et ancien officier de l'ANP après l'indépendance a été observé. Une foule imposante et de nombreuses personnalités à l'image de l'ancien président de l'APN, Karim Younès, la fille de Krim Belkacem, le premier maquisard algérien et signataire des accords d'Evian, et plusieurs moudjahid, à l'instar de Medjkoune d'Ighzer-Amorkrane, Challal Kaci d'Aourir-Ath-Hsyene (Akfadou), le colonel Dellys Abdellah et le maquisard Saoud Saïd dit Lothcus, deux compagnons d'armes du regretté dans la région de M'sila ont marqué par leur présence l'hommage en l'honneur de Adouane Abdelhafid. «Si Abdelhafid est un authentique moudjahid qui a servi corps et âme la noble cause de son pays et son peuple (... ) Ce genre de rendez-vous constitue aussi un moment pour rappeler à la nouvelle génération tous les sacrifices consentis par nos glorieux combattants pour arracher l'indépendance du pays. Une indépendance chèrement payée par le sang et les larmes des enfants de ce peuple», ont souligné dans leurs interventions le secrétaire général de l'ONM de Béjaïa et le responsable de la Direction de wilaya des Moudjahidine. «C'est avec une grande fierté que j'assiste à cet hommage à un grand patriote de la cause nationale. Je suis d'autant plus heureux que la commune qui héberge les restes du patriote m'est très chère puisque elle est celle de mes oncles maternels. L'occasion me permet aussi de revoir une très grande pléiade d'amis et de les saluer. Si Abdelhafid Adouane a réuni tout ce monde mais aussi les citoyens de tous les âges, c'est une occasion également de nous ressourcer et faire le point de ce que nous avons fait de bien et de moins bien et voir l'avenir avec le maximum de lucidité, de perspicacité pour aller au devant des attentes de notre peuple», a souligné l'ancien président de l'APN, Karim Younès. Nombre de maquisards présents ont mis en exergue les qualités humaines du défunt maquisard constituées «d'engagement sans faille à servir dignement le pays, de bravoure, la disponibilité, l'efficacité, la discrétion, la simplicité et l'écoute des ses proches», ont témoigné ses compagnons d'armes. Le défunt maquisard, Adouane Abdelhafid, est issu d'une famille comptant de nombreux martyrs durant la lutte de Libération nationale à l'image de son père Hadj Rabah et son frère Hanafi exécutés respectivement le 2 mai 1959 et en avril 1959 par l'armée coloniale. Sa mère Fadhma a été emprisonnée, torturée et humiliée par l'armée coloniale en la faisant défiler nue dans les rues du village, et ses deux autres frères Abdelmalek, un ancien condamné à mort et ancien responsable de l'OCFLN en France, et Fodil emprisonné de 1960 à 1961 dans la sinistre prison de Bourbaâtache. Né le 24 mai 1932 à El-Flaye, le maquisard Adouane Abdelhafid avait rejoint les rangs de l'ALN en 1956 et participé à l'accrochage d'Ighzer-Boulhadj dans la commune de Tibane, où l'armée coloniale a subi de lourdes pertes. Le défunt moudjahid, avant sa mutation en décembre 1956 de la région 2, Zone 2, vers la région de M'sila et Bordj-Bou-Arréridj, a participé également à plusieurs opérations notamment l'accrochage de Zountar en mai 195, Mezouara et Imaghdassen en juillet 1956 et plusieurs actions de sabotage dans la région des Aït Ouaghlis et Aouzellaguen, indique-t-on dans une biographie du regretté. A M'sila, le sergent-chef Si Abdelhafid, chargé du renseignement et de la sécurité, a eu un rôle déterminant dans la préparation et la réussite des opérations militaires menées par l'ALN. Entre autres, l'embuscade menée contre le groupe Belounis à Diyalem relevant de la commune de Sidi-el-Djir, dans la wilaya de M'sila en 1957, l'embuscade de Djouadria dans la même région de M'sila en juillet 1957 et de multiples autres opérations de sabotage et harcèlement de l'ennemi durant la période de 1957 à février 1958 dans les régions de Boussaâda, Bordj-Bou-Arréridj et M'sila. Selon les témoignages de ses compagnons d'armes, le défunt maquisard qui s'est héroïquement distingué par ses qualités d'organisateur et de meneur d'hommes avait su convaincre le sergent-chef Mohamed Zernouh, du poste militaire d'El-Hourane, de rallier les rangs de l'ALN facilitant aux djounoud la prise de ce poste stratégique. Le colonel Amirouche dépêchera trois bataillons pour soutenir ce groupe en charge de la prise de ce poste. L'opération en question est considérée comme l'une des plus importantes menées par l'ALN. A l'issue de cette opération, l'ALN a fait 24 prisonniers dont le lieutenant Olivier Dubois et récupéré un arsenal d'armes et de munitions qui a été acheminé vers l'Akfadou. Pour sa bravoure et sa participation active à cette prise du poste d'El-Hourane, le défunt moudjahid a été décoré par le colonel Amirouche. C'est dans un ratissage d'envergure de l'armée coloniale à Delta-Merabet, dans la commune de Ouled-Mansour, wilaya de Msila, que le regretté sera arrêté. Dans un premier temps, il sera emprisonné à Constantine avant d'être transféré en janvier 1961 à la prison d'El-Khemis de Béjaïa où il sera détenu jusqu'à sa libération après le 19 mars 1962. Après sa libération, il rejoint les rangs de l'ANP et sera promu aspirant. Il suivra une formation de 18 mois en Egypte comme radariste et à son retour en décembre 1964, il sera nommé sous-lieutenant. Promu au rang de lieutenant en 1967 puis capitaine en 1971, le regretté maquisard de l'ALN durant la lutte de Libération et officier de l'ANP à l'indépendance, Adouane Abdelhafid, décède dans un accident de la route dans la région de Sidi-Aïch le 6 novembre 1983. Il avait été nommé commandant à titre posthume, selon ses proches. A. K.