De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Trump humilie quotidiennement l'Union européenne, l'insulte, ne la calcule pas, la tient en un profond et durable mépris. L'UE riposte en mobilisant contre... Poutine ! Theresa May et Emmanuel Macron indiquent le front Est alors que c'est de l'Ouest que le danger pointe. Le Royaume-Uni et la France n'arrivent pas, pour autant, à mettre tous les Européens en ordre de bataille. Les réticences sont nombreuses. L'Allemagne traîne la patte, l'Espagne et l'Italie ont accepté d'expulser des diplomates russes, le révolver sur la tempe. Même les ex-Balkans et Union soviétique n'étaient pas les plus heureux du monde quand l'ordre leur fut donné de s'impliquer contre Moscou. Il est vrai que cette affaire de double empoisonnement dite Skripal n'est pas claire du tout. Les Anglais n'ont présenté, pour le moment, aucune preuve probante indiquant la Russie comme responsable. Le gouvernement «May», empêtré qu'il est dans l'après-Brexit, n'a même pas attendu les conclusions de la justice ou même celles de commissions parlementaires plus ou moins indépendantes pour sonner le tocsin de la guerre contre le grand méchant russe. La grande victoire de Poutine en cette occurrence risque d'être dure à avaler par les Etats-Unis et les Europes. La vieille et la nouvelle. Les opinions publiques au-delà et outre-Atlantique ne sont pas sur la même longueur d'onde que leurs dirigeants dans cette surenchère anti-russe. Les précédents des deux dernières décennies ne plaident, nullement, en faveur des Occidentaux, d'un mot les pays de l'Otan. En oubliant les intitulés marqueurs de l'appartenance à tel ou tel pays, le résultat est indicatif. C'est l'Alliance atlantique qui est à la manœuvre pour des raisons géo-stratégiques. Après le climat anti-russe, les Américains vont mobiliser contre la Chine. C'est certain. C'est l'évidence même. Skripal est, sans doute, l'un des éléments déclencheurs des conflits mondiaux à venir. Comme lors de la Seconde Guerre mondiale, c'est le Royaume-Uni qui est à la manœuvre. Souvenances, sans doute, de Pearl Harbor. En attendant, l'UE est coupée en trois. Lors du récent Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la semaine dernière, ils n'étaient que 14 sur 28 à déclencher les hostilités contre Poutine. Les autres ont joué la prudence alors que certains ont été conduits manu militari pour «détester» Poutine. La Belgique, hôte éternel du Sommet, qui abrite l'essentiel des structures de l'UE et de l'Otan, a décidé de ne pas décider. Les Belges n'ont expulsé aucun diplomate russe de leur territoire. A. M.