De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Les salles des pas perdus de la Commission, du Conseil et du Parlement européens n'arrivent pas à anticiper des projections sérieuses sur deux cas porteurs de gros risques pour l'Union européenne. Les affaires Sarkozy et Skripal. Les deux sont de nature à remettre en cause les fragiles équilibres, patiemment élaborés. Skripal, ce double espion empoisonné à Salzbourg au Royaume-Uni, a sommé Bruxelles de soutenir Londres contre la Russie en dehors de toute rationalité. Pas d'analyse permise. Ni de preuves à montrer. Skripal est mort, donc c'est Poutine, puisque il ne peut, il ne doit s'agir que de Poutine, il faut vite agir et sans demander son reste. Les communiqués de soutien à Theresa May fusent, alors, de plusieurs capitales. Pas de partout, cependant. Et même celles qui se sont mises en ordre de bataille derrière le Perfide Albion, ont traîné les pieds (Allemagne, Pays-Bas), émis des réserves (Belgique, Danemark, Finlande) ou travaillé substantiellement le texte final pour ne pas se fermer, définitivement, la porte devant des retrouvailles à venir avec Moscou. Ce qui a inquiété le plus à Bruxelles est le nouveau positionnement des ex-Etats de l'ex-URSS ou de sa zone d'influence. D'habitude, prompts à se saisir de tout prétexte pour taper sur la Russie, cette fois-ci, Pologne, Hongrie, Slovénie, République tchèque et Slovaquie n'ont pas présenté des risques évidents et probants d'anti-poutinisme. C'est inquiétant, ça l'est d'autant que depuis quelque temps Budapest, Varsovie, Prague ou Bratislava se rapprochent de la Russie dans plusieurs domaines. Et ne font plus de surenchère contre le «stalinisme» de Poutine comme d'hab. L'UE n'en peut plus alors même que ses relations avec les USA ne sont plus intéressantes. Trump humilie, insulte et crache sur la figure des Européens autant de fois que ça lui convient. L'Union européenne ne sait plus où donner de la tête par rapport au Président américain, docile qu'elle a toujours été depuis que Chirac et Schroder sont partis. D'un mot, depuis la guerre d'Irak de Bush qui a vu le Président français et le chancelier allemand s'opposer frontalement à cette agression criminelle, basée sur des mensonges grossiers et des prétextes fallacieux. Guerres d'Irak menant tout droit, quelques années après, vers celle contre la Libye. Là c'est un Européen, Sarkozy, qui est accusé, milliers de preuves à l'appui, d'avoir fait les poches à Gueddafi avant de proposer comme le Bush junior le démantèlement de l'Etat libyen. Les diplomates, les journalistes et les lobbies — les plus sensés ou même instruits — savent, parfaitement, que l'époux de Carla est fait comme un rat. Problème de taille, pourtant. Si Sarkozy est confondu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, ça peut faire désordre partout en Europe. Que faire ? Un autre Européen, Lénine, posait, déjà, la question Russie. Une gorge profonde surgit, alors, du fond du couloir du Parlement européen (PE) et dit à voix haute : «Le mieux pour Sarkozy, pour la France et pour l'Europe est que cet individu disparaisse de la face du monde.» Comment ? Gorge profonde se tait. A. M.