Tout a commencé lorsque les travailleurs de l'entreprise mixte algéro-chinoise, la Sarl Dauphine d'Or, spécialisée dans l'aluminium et implantée dans la zone d'activité de la commune de Bechloul, à 20 kilomètres au sud-est de Bouira, ont décidé d'observer une journée de grève pour protester contre les conditions de travail ainsi que la grille de salaires. Hier, durant la matinée, lorsque nous nous sommes dirigés vers la zone d'activité de la commune de Bechloul, pour nous enquérir sur cette grève engagée par les 250 travailleurs, nous étions loin d'imaginer que l'entreprise dans laquelle ils travaillent, était à ce point capable de défier les lois de la République, et de fonctionner envers et contre tous. C'est-à-dire contre les décisions et les mises en demeure qui lui sont adressées par la Direction de l'environnement d'abord, par deux fois, puis par le bureau d'hygiène et de salubrité publique et d'environnement ou HSPE de l'APC de Bechloul concernant «sa mise en activité sans autorisation d'exploitation» et ce, depuis 2016. En effet, sur place et alors que les travailleurs étaient tous à l'extérieur et tandis que leurs représentants étaient à l'intérieur pour négocier avec les responsables de cette entreprise mixte algéro-chinoise, nous nous sommes rapprochés de l'APC de Bechloul pour nous enquérir des conditions de création et d'exploitation de cette entreprise. Là, nous étions surpris d'apprendre de la bouche des élus d'abord puis du responsable du HSPE que ladite entreprise fonctionne d'une manière illégale sur leur territoire. Selon le responsable du HSPE, c'est en 2016 lorsque cette entreprise dont le siège social se trouve à Alger, a émis le vœu de s'installer dans la zone d'activité de Bechloul. Un avis favorable préalable lui a été accordé. Quelques mois plus tard et sans aviser l'APC de Bechloul, cette entreprise a commencé son activité en recrutant les travailleurs. Mais de quelle manière ? Dans le cahier des charges, cette entreprise avait initialement prévu quatre unités spécialisées dans l'aluminium ; chacune de ces unités ayant un lien avec l'aluminium comme la fabrication du profilé, la fabrication de la colle et la peinture d'aluminium, etc. Cependant, l'unité principale était la production de l'aluminium à partir de la matière première qui devait être importée. Or, rien de tout cela n'a été engagé. Sans crier gare et avant qu'aucune des unités prévues dans le cahier des charges ne démarre, cette entreprise est entrée en exploitation dans le cadre du recyclage avec la récupération de l'aluminium usité et sa fonte dans un grand four. Une fonderie qu'elle a créée en dehors des hangars prévus par les quatre premières unités initiales et en violation du cahier des charges. Outre cette violation, les règles d'hygiène concernant cette fonderie n'ont jamais été respectées surtout l'incinérateur qui n'était pas dans les règles, ainsi que les rejets liquides qui sont toxiques et qui sont rejetés dans l'oued, occasionnant des morts dans le bétail des éleveurs. Toutes ces irrégularités ont été constatées par des commissions mixtes de la Direction de l'environnement et le bureau d'hygiène communale et transmises au gérant ou plutôt à la gérante de l'entreprise qui est une Chinoise, pour y remédier, mais rien n'a été fait. L'entreprise continue à produire en exploitant les travailleurs avec des salaires indécents selon eux, et à défier les lois de la République au vu et au su de tout le monde. Et ni les autorités locales, ni celles de la wilaya, n'ont pu mettre fin aux agissements de cette entreprise mixte. Aussi, la grève des travailleurs, ce dimanche, était une occasion pour les élus locaux et les responsables du bureau d'hygiène communale pour tirer la sonnette d'alarme dans l'espoir que les hautes autorités du pays mettent fin ou du moins, rappellent à l'ordre cette entreprise mixte qui semble défier tout le monde. Y. Y.