Les travailleurs de la Sarl dauphin d'or industrie, une entreprise chinoise spécialisée dans la fabrication des équipements de bâtiment et implantée dans la zone d'activité de Bechloul, dénoncent les conditions inhumaines dans lesquelles ils travaillent. Ils ont protesté hier devant l'usine pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur les différents dépassements commis par l'investisseur chinois sur les lois de la république concernant le travail. Ils étaient près de 250 travailleurs à entamer un mouvement de grève illimité et ce, jusqu'à ce que leur employeur se conforme à la réglementation et assure la totalité de leurs droits. Les protestataires affirment que leurs droits n'ont pas été garantis par l'employeur et qu'aucune réglementation régissant la relation de travail n'est respectée. «Nous ne demandons que nos droits les plus élémentaires. L'entreprise chinoise n'a rien assuré à ce jour, les conditions du travail sont de plus en plus dégradées. Nous avons interpellé les responsables à plusieurs reprises mais la situation ne change toujours pas. Ils ne veulent pas que la situation s'améliore», a déclaré un travailleur rencontré sur le lieu de la protestation. Pour ce qui est des salaires, l'entreprise n'a aucune grille. «Nous n'avons pas encore compris comment on est payé. Chaque fin de mois, on nous remet des enveloppes avec une modique somme dedans et puis rien. On ne touche même pas le smig. Aussi, les employés qui occupent le même poste ne peuvent pas toucher le même salaire. Pour 22 jours de travail, il y des employés qui perçoivent 17 000 DA, d'autres 15 000 DA et parfois moins. Pour la sécurité sociale, nous ignorons toujours si nous sommes réellement déclarés ou pas. Aucun travailleur n'a encore signé un contrat de travail», ajoute un autre protestataire. Ainsi, les heures supplémentaires ne sont jamais payées. Il arrive que les employés travaillent pendant 16 heures d'affilée sans se reposer. Pour le travail de nuit, ils touchent une prime de 700 DA par mois. Santé publique et environnement en danger Ajoutons à cela l'absence de sécurité sur le lieu de travail. Les employés travaillent sans aucun moyen de protection. «Nous n'avons pas de tenue de travail, ni casque. Plusieurs travailleurs ont eu des accidents et sont actuellement à la maison et l'entreprise les a abandonnés. D'autres travailleurs sont exposés à des produits chimiques sans aucune protection. Un employé est déjà gravement malade, ça fait trois mois qu'il n'est pas venu travailler. On se demande ce que font l'inspection du travail et les autres services de la wilaya», dénoncent les travailleurs qui comptent poursuivre leur mouvement jusqu'à ce que les responsables de l'entreprise décident de répondre à leurs doléances. Il faut souligner que cet investisseur chinois, avant qu'il bafoue la réglementation algérienne sur les droits des travailleurs, a déjà violé d'autres lois. Les responsables de l'APC de Bechloul affirment que l'entreprise travaille de manière illégale depuis près de deux ans. L'autorisation de mise en service n'a pas encore été délivrée par les autorités compétentes faute de plusieurs réserves qui n'ont pas été levées. Ainsi, l'entreprise a réalisé une extension illicite au niveau de la zone d'activité. Une grande superficie a été squattée sans que les autorités de wilaya n'interviennent. Ajutons à cela le déversement des rejets des produits toxiques et les autres déchets directement dans l'oued et la menace qui pèse sur l'environnement. Ce déversement des déchets chimiques dans l'oued risque de compromettre toute l'activité agricole dans la région, d'autant plus que plusieurs agriculteurs irriguent leurs vergers de cette rivière. «Les services de l'APC ont fait leur travail. Plusieurs mises en demeure ont été envoyées à cette entreprise depuis plusieurs mois. Les autorités de wilaya ont été saisies de la situation à plusieurs reprises. On a fait venir une commission de wilaya, une commission de l'environnement. L'APC a demandé la fermeture de cette usine. C'est une décision qui est du ressort du wali», souligne un responsable au niveau de l'APC. Les familles qui habitent de l'autre côté de la rivière, soit à quelques centaines de mètres de l'usine, commencent à sentir les méfaits de cette activité polluante. Il y a quelques semaines, les habitants se plaignent de la fumée étouffante qui se dégageait du four de l'usine qui n'a pas été prévu. Le premier responsable de la wilaya est appelé à réagir pour rappeler à l'ordre l'investisseur chinois qui est en train de mettre en danger et la santé des citoyens et l'environnement.