La tendance à circoncire les garçons de plus en plus jeunes peut s'avérer dangereuse. Les jeunes enfants et les nourrissons peuvent être atteints d'hémophilie et échapper au dépistage. Les conséquences sont souvent dramatiques. Les chirurgiens recommandent d'attendre au moins l'âge de deux ans pour procéder sans risque à la circoncision. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Beaucoup de parents circoncisent leurs garçons de plus en plus jeunes. Des circoncisions précoces qui sont déconseillées par les chirurgiens. Ils recommandent d'attendre au moins l'âge de deux ans pour éviter qu'un enfant hémophile ne subisse une chirurgie sans avoir été dépisté au préalable. Les spécialistes affirment que certains examens requis avant tout acte chirurgical peuvent ne pas révéler l'hémophilie en raison du jeune âge des enfants. Beaucoup de décès ont été enregistrés suite à la circoncision. La sensibilisation des parents est primordiale afin d'éviter que la fête ne tourne au drame. Idem pour les accidents survenus au moment des accouchements. Il arrive que des accouchements difficiles, nécessitant des manipulations des bébés, ne donnent lieu à des hémorragies cérébrales. La formation du corps médical permettrait d'anticiper les risques. Avec 2 362 hémophiles recensés, une meilleure prise en charge s'impose. Pour ce faire, le ministère de la Santé a mis en place, dès l'année dernière, un guide de bonnes pratiques en direction des médecins qui prennent en charge les patients hémophiles. Il s'agit de les former pour qu'ils puissent accompagner les patients et leurs familles. La priorité est donnée aux jeunes patients afin de leur éviter les événements hémorragiques, leur éviter les absences de l'école, leur assurer une bonne hygiène de vie afin qu'ils puissent évoluer normalement. Pour y arriver, le ministère de la Santé va instaurer le dossier médical électronique pour les hémophiles dans des structures pilotes. Une première évaluation sera faite dans trois mois en attendant la promulgation d'un texte qui institue le registre de suivi. Intervenant hier à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'hémophilie, le Dr Chenoukh Karima, du service d'hématologie et banque de sang du CHU Beni Messous, affirme que dans 30% des cas d'hémophilie, il n'existe pas d'antécédents dans la famille, d'où la nécessité de faire des analyses avant tout acte chirurgical, surtout les circoncisions. La maladie touche surtout les garçons et reste exceptionnellement féminine, notamment en cas de mariage consanguin. Le diagnostic, affirme-t-elle, n'est pas compliqué à poser. Un simple interrogatoire, suivi d'un dépistage peu coûteux permet de le faire. Dr Meriem Bensadok, maître-assistante en hématologie, a, quant à elle, insisté sur la nécessité pour l'hémophile de toujours avoir sur lui la carte d'hémophile qui contient toutes les informations sur sa maladie. Les enfants hémophiles scolarisés doivent, quant à eux, être signalés à l'établissement scolaire. Une instruction a été envoyée aux responsables des établissements scolaires détaillant la conduite à tenir face à un enfant hémophile. Le seul traitement efficace, c'est la prévention, conclut le Dr Bensadok avec pour but d'insérer les hémophiles dans la société. Grâce à la prophylaxie, les patients pris en charge ont très bien évolué. N. I.