Le Bayern Munich et le Real Madrid, titans du football mondial qui s'affrontent ce soir (19h30) à Munich en demi-finale aller de Ligue des champions, visent l'un et l'autre un triplé historique: sur une saison pour les Bavarois, en C1 pour les Merengue. Une «Decimotercera» pour faire trois Le Real, qui a d'ores et déjà perdu la Liga et la Coupe d'Espagne, n'a plus que la C1 pour sauver sa saison. Mais s'ils éliminent le Bayern, les Madrilènes seront aux portes de records fabuleux: devenir les premiers à gagner trois fois de suite la C1 dans sa formule moderne, et remporter la tant attendue «Decimotercera», la treizième de leur histoire. La dernière équipe à avoir soulevé trois fois de suite la Coupe aux grandes oreilles est... le Bayern Munich de Franz Beckenbauer et Gerd Müller (1974-75-76). «Nous allons nous battre jusqu'à la mort pour défendre notre titre», a promis Zinédine Zidane, qui n'a encore jamais été vaincu en Ligue des champions en tant qu'entraîneur. Son président Florentino Perez mesure lui l'enjeu historique : «Le Bayern est un grand d'Europe. Nos joueurs vont laisser leur âme sur le terrain. Nous voulons continuer à écrire la légende du Real». Heynckes pour entrer dans l'Histoire A 72 ans, Jupp Heynckes ne s'attendait pas à revivre de telles émotions. Il s'était retiré sagement en 2013, après avoir offert au Bayern l'unique triplé de son histoire. Son retour en octobre, pour remplacer Carlo Ancelotti limogé, a ouvert une nouvelle page du Livre d'Or du club. Munich est déjà champion d'Allemagne, et jouera la finale de la coupe en mai contre Francfort. Un triplé avec la Ligue des champions transformerait la belle histoire de l'entraîneur aux cheveux blancs en conte de fée du football mondial. «Pour moi il n'y a pas de favori, mais j'ai un bon pressentiment», a assuré Heynckes, qui a déjà gagné la C1 avec les deux clubs (Madrid 1998 et Munich 2013). Le patron du Bayern Karl-Heinz Rummenigge laisse le rôle de favori à Madrid : «Le Real avec Ronaldo est la meilleure équipe du monde», dit-il, «mais si une équipe peut battre le Real en ce moment, c'est bien le FC Bayern». Il s'agira, pour les Bavarois, de ne pas réécrire le mauvais scénario du match aller à domicile de la saison dernière (victoire 2-1 du Real). «Ça a été notre erreur», reconnaît Arjen Robben : «Nous n'avons pas livré notre meilleure performance au match aller, nous avons eu un peu peur. Ça ne doit plus arriver». Bayern à fond, Real au ralenti Sur la forme du moment, le Bayern semble intouchable, avec 14 buts marqués lors de ses trois dernières sorties, dont une victoire 6-2 à l'extérieur à Leverkusen en demi-finale de coupe. Le Real n'a gagné qu'une seule de ses quatre dernières rencontres. Mais la Ligue des champions écrit toujours sa propre histoire, qui se confond souvent depuis plus de soixante ans avec celle du Real Madrid. Zidane dispose en outre de son effectif au grand complet, et a emmené à Munich pas moins de... 24 joueurs. Côté Bayern, l'entraîneur Jupp Heynckes a annoncé que David Alaba et Corentin Tolisso étaient incertains. Une décision sur leur participation sera prise mercredi matin. Manuel Neuer (pied), Kingsley Coman (cheville) et Arturo Vidal (genou) sont eux indisponibles de longue date. Ronaldo, clé du match «Il est impossible d'étouffer totalement Ronaldo (...) et on ne peut l'arrêter qu'en équipe. Et réduire Ronaldo au silence n'est que 50% du travail, parce que les autres joueurs sont simplement trop bons». Jérôme Boateng, le défenseur central du Bayern, résume ainsi le problème de toutes les équipes qui affrontent le Real. Le Portugais quintuple Ballon d'Or est recordman des buts marqués en Ligue des champions (120 en 150 matches), il vient de marquer au moins un but lors de ses 12 dernières sorties avec le Real. Et la saison dernière, il avait réussi contre le Bayern (en quart de finale) un doublé à l'aller à Munich et un triplé au retour à Madrid. Heynckes, lui, préfère replacer Ronaldo dans un contexte : «Bien sûr on parle de lui dans l'analyse d'avant-match, mais ce sont les équipes les plus homogènes qui gagnent les titres. Et il ne faut pas oublier que nous avons Robert Lewandowski, qui a marqué 39 buts cette saison».