Enjeu à l'échelle planétaire auquel l'Algérie n'échappe évidemment pas, la transition et la sécurité énergétique : «les défis à l'horizon 2030», est le sujet de la conférence donnée, hier, à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou par Abdelmadjid Attar, ex-ministre des ressources en eau, ex-P-dg de Sonatrach et spécialiste des questions énergétiques. Après un état des lieux sur la production, l'usage et la gestion prospectives des ressources énergétiques dans le monde, l'invité du Laboratoire des eaux de l'UMMTO s'est longuement intéressé aux défis auxquels est confrontée l'Algérie, dans un contexte énergétique mondial en perpétuelle mutation et un environnement international marqué par des bouleversements sur les plans économique et géopolitique. Des bouleversements qui imposent «à presque tous les pays la mise en œuvre de nouvelles stratégies de développement qui comportent invariablement un volet énergétique, lui-même basé sur un programme de transition énergétique dont l'objectif majeur est d'assurer la sécurité énergétique à long terme », estimera A. Attar pour qui les stratégies de riposte et de réactivité varient d'un pays à un autre face à ces bouleversements qui mettent en péril les perspectives d'évolution du marché énergétique mondial que le conférencier détaille comme suit : une récession économique générale dont on n'arrive plus à contrôler ou en prévoir la fin, couplée à une baisse des consommations d'énergie, une baisse du prix des hydrocarbures, une incertitude sur le renouvellement des réserves et de la rente, des crises géopolitiques régionales qui aggravent les conséquences de cette récession, et déstabilisent pour des durées indéterminées les principales zones productrices et de transit, une prise de conscience de plus en plus forte sur le caractère épuisable et non renouvelable des hydrocarbures conventionnels, et par conséquent, naissance d'une volonté de conservation, de maîtrise et de souveraineté de plus en plus forte sur les réserves, à l'exemple des pays comme l'Algérie, l'Iran et la Russie, l'apparition de nouveaux acteurs avec d'importantes réserves conventionnelles et non conventionnelles (Etats-Unis‐Chine‐Australie). D'où l'émergence dans le monde d'une nouvelle ère énergétique, selon A. Attar pour qui cette «prise de conscience pour les valoriser et engager une transition énergétique» s'impose naturellement à l'Algérie. Devant l'incapacité des secteurs agricole et industriel à constituer une alternative à la rente pétrolière qui est la principale source de financement de l'économie, l'Algérie est condamnée à adopter une stratégie basée sur la transition et la sécurité énergétiques. L'ex-ministre et ex-P-dg de Sonatrach alertera sur l'urgence pour notre pays à adopter une telle démarche. Et tout retard dans la mise en route d'une telle stratégie impliquant autant le développement des énergies renouvelables que l'exploitation de pétrole et gaz de schiste est porteur de risques sur la sécurité énergétique et poserait des problèmes de gouvernance économique, et priverait notre pays de ressources qui lui assureraient la couverture des besoins financiers de son économie, expliquera A. Attar. «A partir de 2025, la rente ne sera plus fournie par les hydrocarbures conventionnels», alertera-t-il, en réponse à une question posée par une intervenante dans le débat. S. A. M.