«C'est un véritable gisement de corruption ! Beaucoup de gens se sont sucrés grâce à ce marché et ce, au détriment de la collectivité locale de Khemis-el-Khechna. Il ne rapportait annuellement que 3 milliards de centimes alors qu'il devait engranger au moins 25 milliards par année. Nous allons le mettre aux enchères.» C'est le wali de Boumerdès qui tenait ces propos lors de l'installation du Comité technique de la ville de Khemis-el-Khechna (Comi-KEK) en présence des nouveaux élus de cette APC, des responsables civils et sécuritaires et ceux de la société civile. Effectivement, ce marché de gros de fruits et légumes, installé il y a un peu plus d'une vingtaine d'années à la périphérie ouest de l'ex-Fondouk, non loin de l'autoroute Est-Ouest, est devenu un espace de saletés, d'anarchie et, plus grave, un îlot de non-droit où tous les trafics et rackets sont permis. La presse a tout le temps fait des enquêtes et écrit pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette situation. Mais il y a eu, d'une part, du laxisme, voire de la crainte de la part des hautes autorités de la wilaya et, d'autre part, de la résistance particulièrement acharnée de certains élus des anciennes assemblées qui trouvaient leur compte dans le statu quo. Même les terroristes y activaient par le biais de leurs éléments de soutien ou des repentis pour avoir leurs parts du gâteau. Il y a 5 ou 6 ans, plusieurs sources nous avaient confirmé cette information. Par ailleurs, des élus ou des fonctionnaires qui n'ont rien à voir avec le commerce sont en possession d'un ou plusieurs carreaux. Il existe 168 unités plus des aires de stationnement étalées sur 7 hectares. Ces locataires ne payent qu'un loyer de 8 000 DA/mois par carreau pour ensuite le sous-louer entre 30 000 et 50 000 DA mensuellement. Après avoir convaincu la nouvelle Assemblée communale de voter une délibération pour dissoudre le Cconseil d'administration (CA) de l'EPE (entreprise publique économique) chargée de gérer, pour le compte de la mairie, ce marché, le wali, Abderrahmane Madani Fouatih a, immédiatement, signé l'arrêté de cette dissolution confirmant la délibération de l'APC. Pour rappel, ce CA, qui est présidé par le P/APC, comprend un élu communal, le représentant des commerçants et le directeur du marché. «Il y a 2 ou 3 jours, un liquidateur a été désigné. Il a, d'ores et déjà, entamé son travail. Pour l'avenir, nous allons élaborer un cahier des charges avant de le mettre en location aux enchères. Ce n'est pas normal qu'un tel espace ne rapporte, en 2017, que 2,5 milliards de centimes alors que son potentiel financier ne descend pas en dessous de 20 milliards», nous a confié Idir Medebeb, le chef de la daïra de Khemis-el-Khechna qui a fait de ce dossier son cheval de bataille. Pour Medebeb, c'est à l'adjudicateur de revoir les termes des contrats de location. Cet adjudicateur devra, en outre, reprendre la cinquantaine de travailleurs. Il y a lieu de noter que cette commune a complètement délaissé ses biens comme le marché couvert de la ville. «Il ne rapporte aucun dinar à la commune alors que certains occupants ont procédé à des transformations. Plus grave, cette commune n'a même pas de sommet de consistance (inventaire des biens, ndlr) », protestait le chef de la daïra lors de son intervention à la cérémonie de l'installation du Comi-KEK. Abachi L.