France ! A peine embauché par les pompiers, première mission pour le Malien Mamoudou Gassama. L'évacuation du... ... plus gros camp de migrants de Paris ! Saïd Djellab est ministre. Ministre du Commerce, dans la principauté de Dézédie. Et Saïd Djellab vient de déclarer ceci : «La hausse des prix est due à la désorganisation du marché.» Il y a, comme ça, des moments qui comptent dans une vie. Je ne parle pas ici des p'tits moments lesquels, certes agréables, ou, au contraire, flippants, ou tout bonnement forts, jalonnent ta journée, l'encochent. Ceux-là existent, bien évidemment. Mais ils relèvent presque de l'ordre du commun, du cycle banal de la vie. Non ! J'évoque ici The Moment ! Le Moment ! Celui qui te transfigure, fait faire une embardée au cours de ta vie jusque-là trop calme, voire ronronnante. Et pour moi, cette déclaration du ministre Djellab constitue un vrai tournant dans ma misérable vie. Une révélation quasi divine. La hausse des prix est due à la désorganisation des marchés ! Et dire que cette vérité sans portes ni fenêtres était là, tout le temps, à portée de neurones, et je ne la voyais pas, n'en soupçonnais même pas la proximité. Faut-il que je sois devenu à ce point aveugle ? Il faut urgemment m'inquiéter du ramollissement de mon cerveau. Mais d'abord et avant tout, je dois remercier le ministre du Commerce sans qui cette immaculée découverte stupéfiante n'aurait pas pu avoir lieu. J'étais aveugle, et Saïd m'a aidé à retrouver la vue. Touché par la grâce, je l'avoue, j'en tremble d'émotion à peine contenue. La hausse des prix est due à la désorganisation des marchés. Non, franchement, Saïd, tu ne peux pas t'imaginer comme le débat sur les prix vient de... s'envoler, d'atteindre des sommets. J'en ai le vertige ! Merci Saïd ! Et maintiens le cap, mon gars. Quant à la baisse des prix, j'ai reçu ton message 5 sur 5. Ils vont baisser, bien sûr ! Comme tu l'as indiqué. Dans deux ou trois jours. Heu... Saïd, juste une ch'tite question. Les deux ou trois derniers jours du Ramadhan, c'est ça ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.