«L'affaire des pesticides» prend désormais une tournure aux relents politiques. Aux voies officielles qui se sont déjà exprimées sur le sujet, d'autres spécialistes sont montés au créneau pour dénoncer une «tentative de déstabilisation» du secteur de l'agriculture. Le président de l'Association nationale des exportateurs affirme, dans ce cadre, avoir décidé de rompre le silence face à «l'ampleur prise par ladite affaire des pesticides et les inquiétudes légitimes qu'elle soulève chez les citoyens». Ali Bey Nasri tente d'éclaircir la situation par des chiffres et des données concrètes. Des données essentiellement axées sur l'essor notable qu'enregistrent les exportations agricoles depuis un certain temps. Elles sont passées, dit-il, de «31 millions d'USD en 2015 à 51 millions d'USD en 2017 et de 28 à 46 mille tonnes durant la même période et à destination de 33 pays dont plus de la moitié vers le marché français». «Entre les mois de mars et mai 2013, 689 tonnes ont été expédiées par voie aérienne au Qatar dont 380 tonnes seulement durant le mois de mai (...) ces chiffres en constante évolution attestent de la bonne qualité des produits algériens vers des marchés jugés exigeants et réfutent les allégations sur un prétendu refus des cargaisons d'origine algérienne vers le Canada, le Qatar et la France», ajoute la même source tout en rappelant que seules «trois palettes ont été jugées non conformes par les autorités qataries». De récentes informations faisant état d'un «refoulement» d'une marchandise algérienne par le Qatar, le Canada et la Russie ont fait naître une intense polémique autour de la qualité des produits locaux, accusant les agriculteurs d'un usage abusif de pesticides. La situation a soulevé une grande polémique à travers le pays créant l'appréhension des citoyens. Le ministère de l'Agriculture a immédiatement réagi en démentant les faits, tels que présentés, indiquant que les véritables causes de refoulement n'étaient pas d'ordre phytosanitaires. Selon le directeur de la protection des végétaux et des contrôles techniques auprès du ministère de l'Agriculture, il s'agissait plutôt d'un «non-respect de la chaîne de froid». L'exportateur, ajoute-t-il, «n'a pas respecté la chaîne de froid en n'ayant pas utilisé le conteneur frigorifique. Ce qui a provoqué la multiplication de nombre d'insectes dans les dattes exportées». Les procédures habituelles menées au sein des laboratoires de contrôle avant le départ des marchandises a, quant à lui, démontré que «les normes phytosanitaires avaient été respectées». La Chambre nationale d'agriculture est, elle, allée beaucoup plus loin évoquant l'existence d'une «campagne de déstabilisation du monde agricole notamment sa composante de producteurs, accusant à tort ces derniers d'utilisation abusive de pesticides», estime un communiqué de la Chambre nationale d'agriculture. Elle a également estimé que le «taux d'utilisation de ces produits reste de très loin inférieur à celui de leurs homologues européens». Elle insiste aussi sur le fait que «les agriculteurs potentiels d'aujourd'hui, susceptibles d'exporter leurs produits, sont suffisamment instruits et maîtrisent parfaitement l'itinéraire technique de leurs productions notamment l'utilisation des pesticides et surtout leur durée de rémanence avant récolte». Y aurait-il donc une tentative réelle de déstabilisation ? Ce que l'on remarque pour l'instant est que cette polémique autour de l'utilisation abusive des pesticides en Algérie intervient au moment où cette dernière focalise ses efforts pour donner un essor aux exportations made in Algérie. Un secteur redoutable dominé par des enjeux de taille où les lobbies occupent une place importante. A. C.