La charge est lourde: à seulement 24 ans, le capitaine Harry Kane va porter tous les espoirs d'une Angleterre encore peu assurée et souvent catastrophique dans les grands rendez-vous, aujourd'hui contre la Tunisie lors de la première journée du groupe G du Mondial-2018. Point positif, il n'a pas à penser au mercato. Il aurait de quoi être convoité : impérial en club avec 41 buts toutes compétitions confondues, l'attaquant a réalisé sa meilleure saison avec Tottenham et terminé deuxième meilleur buteur de Premier League (30 buts derrière Salah, 32). Sur l'année 2017, il a même marqué plus (56 buts) que Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Des statistiques qui ont poussé les Spurs à casser leur tirelire pour prolonger le Londonien jusqu'en 2024, coupant l'herbe sous le pied de grosses écuries comme le Real Madrid. Débarrassé des tracasseries sur son avenir, Kane peut se concentrer sur le rendez-vous de Volgograd et tenter de sortir de l'ornière une sélection qui enchaîne les naufrages avec autant de régularité que la reine change de chapeaux. «J'espère qu'en Russie nous pourrons jouer avec une liberté que d'autres équipes anglaises n'ont pas eue, veut croire Kane. Tout ce que nous voulons, c'est faire la fierté du pays. Nous avons besoin que la nation revienne à nos côtés après la déception de l'Euro.»
Plus d'intentions Entre la non-qualification pour l'Euro-2008, l'élimination dès les huitièmes de l'Euro-2016 par la modeste Islande, zéro victoire lors du Mondial-2014 et le règne fugace de Sam Allardyce (67 jours), parti sur fond de scandale en 2016, l'Angleterre a en effet besoin de se racheter. Mais, derrière les chiffres impressionnants de Kane, sa capacité à exister dans les grands tournois, tout comme sa sélection, reste à démontrer. «Hurrykane» n'avait en effet pas franchement brillé lors de l'Euro en France... revenant bredouille. Sauf que cette fois, ce sera sans doute plus facile, même si des incertitudes planent encore sur le niveau réel de cette équipe rajeunie à marche forcée. Si elle s'est qualifiée haut la main dans un groupe où la Slovaquie a fait figure de principal adversaire, l'équipe de Gareth Southgate a ennuyé Wembley dans les grandes largeurs. Depuis le billet pour la Russie en poche, le sélectionneur a changé beaucoup de choses, passant notamment à une défense à trois et réclamant plus d'intentions offensives. Calquant son pressing haut sur les grands entraîneurs de Premier League comme Pep Guardiola, Mauricio Pochettino ou Jürgen Klopp, Southgate peut compter sur une ossature qui a connu beaucoup de succès avec Manchester City, Liverpool ou Tottenham.