«Le groupe Renault va bien», s'est félicité Carlos Ghosn devant l'assemblée générale du groupe, réunie vendredi dernier. Les actionnaires ont voté en faveur d'un nouveau mandat d'administrateur pour Carlos Ghosn, qui ouvre la voie à son renouvellement comme P-DG du groupe. Les détenteurs de titres du constructeur automobile ont également approuvé sa rémunération au titre de 2017, pour un montant de 7,4 millions d'euros, malgré l'opposition de l'Etat actionnaire. La résolution a été adoptée à une majorité de plus de 56% des voix. Sa rémunération pour 2018, qu'il s'est engagé à réduire de 30%, a été plus largement approuvée, à près de 88% des voix, avec cette fois le feu vert de l'Etat. Le dirigeant de 64 ans, directeur général de Renault depuis 2005 et P-DG depuis 2009, doit consacrer son dernier mandat à assurer la pérennité de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, qu'il a hissée au premier rang mondial des constructeurs automobiles. L'ensemble franco-japonais a vendu l'an dernier 10,6 millions de voitures, dépassant ses rivaux Toyota ou Volkswagen. Renault a réalisé en 2017 des ventes record (3,76 millions de véhicules) et un bénéfice net historique de 5,1 milliards d'euros, en bénéficiant notamment des économies liées aux partenariats. Devant les actionnaires, Carlos Ghosn a affirmé que le constructeur automobile français allait rester en Iran, quitte à adopter «une voilure réduite», malgré le rétablissement par les Etats-Unis de sanctions visant Téhéran. «On n'abandonnera pas. Même si nous devons réduire la voilure très fortement, eh bien, nous resterons avec une voilure réduite parce que nous sommes persuadés que (...) à un moment ce marché rouvrira et le fait d'être resté en Iran nous donnera certainement un avantage», a-t-il dit. Washington a annoncé début mai son retrait de l'accord nucléaire iranien et décidé de rétablir ses sanctions vis-à-vis de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique, leur donnant de 90 à 180 jours pour se retirer du pays. «Nous n'allons pas abandonner l'Iran, nous aurons un avenir en Iran», a martelé Carlos Ghosn. «L'Iran ne restera pas au ban des Etats. Cela prendra peut-être deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, ce n'est pas grave, à l'échelle de Renault ce n'est rien.» Toutefois, a ajouté le patron du constructeur français, «nous n'allons pas faire ça au détriment des intérêts de Renault, nous veillerons bien à ce que notre présence en Iran ne provoque pas de mesures de rétorsion directes ou indirectes de la part des autorités américaines». Renault est bien implanté en Iran, avec plus de 160 000 véhicules vendus l'an dernier, soit son huitième marché, derrière le Brésil, mais devant le Royaume-Uni. Le groupe a vendu au total 3,76 millions de véhicules dans le monde. L'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est aujourd'hui une construction aux équilibres complexes, constituée d'entreprises distinctes liées par des participations croisées non majoritaires. Renault détient 43% de Nissan qui possède 15% du groupe au losange. Nissan possède 34% de son compatriote Mitsubishi. Une refonte de l'alliance pourrait passer par une modification des niveaux de participation, voire par une fusion, mais le sujet est politiquement sensible, sur fond de rivalités franco-japonaises.