Maintenant que le cinquième mandat est devenu une évidence, il reste à en apprécier les «accompagnements». A tout seigneur, tout honneur, l'intenable Ould-Abbès. Il a commencé, il y a longtemps déjà, avec le zèle dans le soutien et l'obséquiosité dans le propos qu'on lui connaît. Personne ne l'a jamais imaginé dans un autre rôle mais il n'a pas pour autant raté la moindre opportunité de le rappeler, des fois que quelqu'un aurait l'idée saugrenue de lui contester la vocation qu'il s'est choisie. En montant au front pour faire la guerre aux évidences sur la santé du chef de l'Etat avec des armes dérisoires, en se prévalant d'une proximité directe jusqu'à ce qu'on lui rabaisse parfois le caquet, en suggérant une appartenance organique de Bouteflika à son parti avec une ostentation qui a souvent agacé au sommet, il a fait, sur le fond ce qu'on attendait de lui. Mais de l'avoir fait sans talent, d'avoir suscité irritation et hilarité là où on ne l'attendait pas forcément et d'avoir trop paradé, les proportions de ses bonus-malus sont restés dans le vague. Mais le manque de talent n'empêchant pas la roublardise, il a su, à des moments précis du contexte général mettre le pied sur la pédale du milieu. Pour l'illustration, il aurait certainement aimé aller plus vite que la musique et ainsi avoir à lui toute la couverture de l'«annonce ». Comme on lui a vraisemblablement intimé l'ordre de tempérer ses ardeurs, il a docilement attendu que la décision soit actée pour y aller. C'est sans doute en se rendant compte qu'il n' a pas assez fait en la matière qu'il est encore revenu à la charge cette semaine, au terme d'un rendez-vous organique du... RND. Ahmed Ouyahia, dans le même rôle mais avec des arguments et une stratégie autrement mieux élaborés, a fait le travail autrement. S'il a été aussi zélé, il s'est mis dans la posture de quelqu'un qui ne tire pas dans tous les sens. En intervenant à des moments précis, surtout quand les temps sont trop durs pour le Palais, en conférant à ses sorties une solennité dont il a toujours suggéré qu'elle est l'émanation de sa position dans l'échiquier, en faisant le dos rond sur les petits revers qu'il a eu à subir, il s'est... maintenu. Même si sa disgrâce a été plusieurs fois dans l'air, il est encore là. Avec le sérieux d'un Premier ministre qui sait de quoi il parle quand il « demande » à Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat, la logique formelle d'un leader de parti qui vient de consulter son état-major avant de se prononcer sur la question et un rappel de son parcours de fidélité que tout le monde sait exemplaire, sauf ses... alliés comme Ould-Abbès. Et quand le chef du RND nous rappelle, non sans ironie, qu'il rencontre – bien évidemment – Bouteflika parce qu'il n'y a pas au monde un Premier ministre qui ne voit pas son Président, quand il soutient mordicus que le Président est en possession de tous ses moyens, quand il convoque ses interventions antérieures sur la santé du chef de l'Etat, il ne s'adresse pas vraiment à une large opinion dont il sait la religion faite sur la question. Ce qui n'a pas manqué d'actionner le répondeur automatique chez son voisin d'à côté : nous avons été les premiers à demander le cinquième mandat. Il ne s'agit finalement que de ça. Belkhadem et Ouyahia rappelleront toujours ce que personne n'a oublié. S. L.