Les souscripteurs aux projets immobiliers de Kamel El Bouchi réclament leur argent. Mais bien sûr ! Même qu'ils seront remboursés en... ... rognons ! J'enrage d'être aussi ignare ! Surtout en ce moment où les LG, les «Lecteurs de Grilles» sont véritablement déchaînés. Ah, les Lecteurs de Grilles ! Des artistes ! Je les jalouse ! Et je vous jure que ce n'est pas juste un effet de style ou un trait d'humour de déclarer ici que je les jalouse. Non ! Je les jalouse vraiment. Comment font-ils pour lire avec une telle lucidité à travers des grilles aussi rouillées et d'allure repoussante ? Un battement de cils du policier en faction au rond-point d'El-Mouradia, et ils y décryptent une lutte des clans qui ferait rage ces dernières heures. C'est déjà là toute la différence entre leur génie et ma débilité profonde, moi qui pensais que la guerre des clans était un moment permanent depuis un certain 27 décembre 1957 à Tétouan. C'est dire l'immensité de ma bêtise crasse ! Les mêmes Lecteurs de Grilles piochent dans un container de cocaïne viandée, et ils y trouvent l'explication logique à des purges dans les rangs des futurs-ex-candidats au scrutin présidentiel. Toi et moi qui ne savons pas lire comme eux, qui n'avons pas leur science, il ne nous viendrait jamais à l'esprit d'établir un lien entre «el ghobra » et une présidentielle. Eh ben eux, si ! Plus fort encore ! Les Lecteurs de Grilles t'expliquent au mètre carré près que l'abrogation de tous les actes de cession des propriétés relevant du Club-des-Pins et de toute cette zone côtière interdite aux anchois comme nous, c'est une victoire d'un clan sur un autre ! Sahbi ! Toi qui as toujours considéré cette zone Sahel comme le seul lieu de cohabitation plus ou moins «calme» entre tous les clans, tu découvres aujourd'hui seulement, sur le tard, avec des yeux de merlan frit, que le gros de la bataille a lieu là-bas, justement. A deux pas de Sidi-Fredj ! C'est dire si l'Histoire... mais je m'égare, comme à chaque fois ! Et je veux me la jouer moi aussi Lecteur de Grilles en convoquant l'Histoire ! Tu ne convoques rien du tout, petit ! Bar'kak, Hakim ! Reste à ta modeste place. Et contente-toi de ce que tu sais plus ou moins faire : fumer du thé loin des grilles et rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.