De tout temps l'être humain s'est soucié de son bien-être. Et le bien-être est, dit-on, un état lié à la santé et au plaisir. Personne n'aimerait voir son corps dépérir ou défaillir. Le moindre bouton, l'infime égratignure, la moindre douleur affole le plus fort des hommes. Etant donné que tout effet a une cause, le bouton comme la douleur ont surement une origine et chez nous l'explication des défaillances du corps est parfois saugrenue. La dépression nerveuse est due à un djinn et la chute de cheveux à un acte de sorcellerie. Et qu'en est-il du goitre ? Les savants précisent qu'il s'agit de « l'augmentation diffuse de la thyroïde. Il se manifeste par un gonflement de la région antérieure du cou et 800 millions de personnes en sont atteintes de par le monde ». De mon temps, le goitre n'existait que très peu. Et pour cause... les gens étaient préventifs. Ils étaient attentifs à la nourriture de leur progéniture et tout s'apprenait chez nos vieilles et nos anciens. La meilleure parade à cette défaillance était la façon de consommer ce mets délicat qu'est le rein. Le rein de mouton que je veux dire. Généralement, il se consomme grillé ou frit et comme ce cher bélier de Laïd el adha n'a que deux reins, le partage était difficile dans nos familles si nombreuses. Et il l'est encore ! Pour déguster seuls ces rognons, les plus âgés éloignaient les plus petits avec cette crainte du goitre. « N'y touche pas, tu vas avoir cette bosse comme Sy Kouider ! » La parade à cette protubérance sur le cou : l'enfant doit consommer un bout de rein dans la main d'un oncle maternel. La main de khali qu'on dit chez nous. Là était la sagesse quand l'iode faisait défaut et le médecin était rare. Et l'on plaignait celui qui n'avait pas cet oncle !