Keynectis est loin d��tre une entreprise comme les autres. Cette entit� a �t� cr��e au d�but des ann�es 2000 par le gouvernement fran�ais, afin de contrecarrer les Etats-Unis dans le domaine, tr�s sensible, des nouvelles technologies et de la protection des donn�es informatiques. Les tuteurs de Keynectis lui ont donn� naissance un 14 juillet. Une date hautement symbolique pour ce qui est consid�r�, outre M�diterran�e, comme �le p�le fran�ais de la certification num�rique �. En quelques ann�es d�existence, Keynectis est devenue une entit� incontournable de la s�curisation et du cryptage des donn�es. Son secret? Il n�est que partiellement d�voil�. Il est n�cessaire de remonter le temps pour tenter de comprendre le r�le de cette entit�. Vers la fin des ann�es 1980, la France avait connu une avanc�e notable en mati�re de technologie informatique gr�ce, notamment, � Gemplus. Cette entreprise priv�e �tait alors consid�r�e comme le leader mondial de la carte � puce. Une r�ussite qui ne tarde pas � attiser les convoitises. En 1999, Texas Pacific Group (TPG), un fonds d�investissement am�ricain, devient l�actionnaire majoritaire de Gemplus. La nomination d�un nouveau Pdg, un Am�ricain du nom d�Alex Mandl, �veille les soup�ons des autorit�s fran�aises. Ces derni�res d�couvrent que Mandl est tr�s li� aux services de renseignement de ce pays et qu�il si�ge au Conseil d�administration d�In-Q-tel, un organisme sp�cialis� dans le d�veloppement des nouvelles technologies qui agit pour le compte exclusif de la CIA. La reprise de Gemplus tourne � l�espionnage industriel et technologique. Les repreneurs am�ricains affichent leur intention de profiter des brevets d�velopp�s par le d�partement de recherche de l�entreprise. Il faudra attendre l�ann�e 2005 pour voir Gemplus revenir progressivement dans le giron de la France � la faveur d�une fusion avec son concurrent Axalto. Le nouveau groupe prend le nom de Gemalto. Entre-temps, le gouvernement fran�ais d�cide de cr�er une structure pour assurer la cryptologie et la s�curisation des donn�es informatiques et gagner des parts de march� � l�international. De par sa sensibilit�, ce dossier est supervis� par la D�l�gation g�n�rale de l�armement du minist�re de la D�fense. Son nom de code est Infrasec. Le projet se heurte � quelques blocages d�ordre r�glementaire, notamment sur le plan de la l�gislation europ�enne qui interdit aux Etats membres de cr�er des entreprises. Aussi, �chaud� par l�affaire Gemplus, le gouvernement fran�ais instaure-t-il des barri�res de s�curit� afin d��viter la �pr�dation � des fonds des Am�ricains. Une formule est finalement trouv�e: Keynectis sera compos�e de capitaux priv�s et l�Etat fran�ais en sera en partie actionnaire � travers la toute-puissante Caisse des d�p�ts et consignations et le Groupe Imprimerie nationale. Ces deux institutions agissent en qualit� de garants de la souverainet� fran�aise. Dans le r�le des autres actionnaires priv�s, figurent des acteurs strat�giques de l�industrie fran�aise: Sagem S�curit�, Bull, Gemalto, Euro Information, Sofipost et TDH. Ce dernier est, en fait, un fonds d�investissement personnel dans les nouvelles technologies dont le propri�taire est Thierry Dassault. Il est, d�ailleurs, pr�sident du conseil d�administration de Keynectis. En 2005, c�est en ces termes qu�il pr�sentait sa strat�gie dans les colonnes d�un m�dia �lectronique: �Il faut que la France soit ind�pendante dans le domaine de la cryptologie et que nous �vitions d'aller en ordre dispers� sur des march�s internationaux. Le but avec Keynectis est de cr�er une entit� fran�aise et d'avoir tr�s rapidement des alliances au niveau europ�en et m�me mondial. Pourquoi ne pas imaginer que les pays de l'Am�rique du Sud, ceux du Moyen-Orient puissent �tre clients de ce type de cryptologie.� Il est certain que l�Alg�rie, de par les enjeux politiques et �conomiques actuels et futurs, est une cible de choix dans le cadre de cette strat�gie. Et Keynectis semble avoir bien perc� en Alg�rie. En plus du passeport biom�trique �lectronique, cette entit� interviendrait dans le projet de la carte Chifa � travers son actionnaire Gemalto et aurait m�me particip� � l�avis d�appel d�offres lanc� en septembre dernier par l�Autorit� de r�gulation de la poste et des t�l�communications (ARPT) pour �l�assistance � la mise en �uvre de la certification �lectronique en Alg�rie�. T. H. Black-out Contact�s pour les besoins de cette enqu�te, la directrice de la communication de Keynectis et le repr�sentant d�Oberthur en Alg�rie n�ont pas r�pondu � nos sollicitations. Les informations qu�ils auraient pu nous fournir pouvaient contribuer � �clairer l�opinion publique sur le r�le de ces op�rateurs dans la r�alisation du passeport et de la carte biom�triques �lectroniques.