Les mêmes époques de chaque année apportent immanquablement leurs lots d'informations contradictoires sur l'imminence d'un mouvement dans le corps diplomatique. Cette fois, elles coïncident cependant avec des événements qui laissent entrevoir qu'une opération beaucoup plus sérieuse qu'un simple changement de chefs de poste est en cours. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le rappel soudain de l'ambassadeur d'Algérie à Rome a surpris plus d'un. En poste depuis 2015, son rappel ne devait logiquement intervenir que dans une année ou plus, sachant que le temps imparti dans ce genre de missions est de quatre années. L'ordre parti d'Alger est pourtant intervenu bien avant l'heure. Il émane, nous dit-on, des plus hautes autorités du pays, excédées par le comportement «inacceptable» du concerné. Des sources bien informées le décrivent comme étant une personne «sans limites» et déjà très controversée à l'époque où il occupait le poste de secrétaire général au ministère des Affaires étrangères. On lui reproche surtout de «n'en faire qu'à sa tête». Agé de 70 ans, il a reçu instruction de quitter Rome dans un délai d'une semaine. Le fait aurait pu paraître anodin, presque logique dans un ministère de souveraineté à la recherche du perfectionnement de l'Algérie à l'étranger s'il n'était pas intervenu au moment où des informations persistantes font état du rappel de deux autres ambassadeurs au cours de ces derniers jours. Ces derniers se trouvaient en poste dans des pays africains, a-t-on appris. Ils font partie d'une longue liste de chefs de poste à rappeler progressivement durant une période qui ne devrait pas dépasser l'été. Des informations parues récemment dans la presse évoquent une liste déposée par le ministre des AE auprès de la présidence de la République afin que puisse être opéré un changement significatif à même d'apporter un nouveau souffle à l'action diplomatique algérienne à l'étranger. L'institution habituellement prompte à démentir les rumeurs pouvant lui porter préjudice n'a pas réagi cette fois. Pour des raisons différentes, le rôle de certains ambassadeurs restés longtemps inchangés a été mainte fois évoqué comme élément de blocage dans les mouvements diplomatiques qui devaient être opérés. Certains d'entre eux, dit-on, étaient persuadés d'avoir acquis le statut d'intouchables. Mais la vapeur semble s'inverser. Dès sa nomination, l'actuel MAE a fait part de sa volonté de rajeunir le corps diplomatique. Il a annoncé la mise en place d'un nouvel organigramme, lequel a vu le jour en avril dernier, et fait comprendre qu'il serait suivi du mouvement tant attendu. Sa manière de communiquer et sa proximité avec les membres de l'institution ont insufflé une nouvelle énergie et soulevé un grand espoir au sein de la corporation. Le retard du mouvement, pour des raisons longtemps restées incomprises, a toutefois fini par soulever de grandes interrogations. La presse s'est, elle aussi, régulièrement interrogée sur l'origine du blocage. Le seul changement notable intervenu concerne la représentation algérienne en France. L'ancien ambassadeur d'Algérie a été rappelé en 2017 et ce n'est que six mois plus tard qu'il a été procédé à son remplacement. Beaucoup avaient cru alors y déceler la probable amorce de nombreux autres changements à venir avant de se rendre à l'évidence. Le ministre a préféré, quant à lui, rester discret sur le sujet affirmant que les changements interviendraient en temps opportun. Ce moment est-il arrivé ? A l'allure où s'effectuent les rappels, la machine semble être enclenchée. Une suite logique de la mise en place du nouvel organigramme au sein de l'institution. Ces bouleversements s'inscriraient aussi dans la grande phase de changements que connaissent des institutions sensibles du pays. Au cours de la dernière décennie, les mouvements diplomatiques opérés n'ont pas apporté de modifications notables au sein des représentations algériennes à l'étranger. Le plus récent remonte à 2015, date à laquelle il a été procédé à un mouvement partiel. Rien à voir avec ce qui était attendu, de nombreux postes sont restés inchangés. Des sources bien informées indiquent également que plusieurs représentations algériennes fonctionnent sans ambassadeur depuis un long moment déjà. A. C.