Malgré la farouche opposition des intégristes, l'édition 2018 du Festival national du raï s'est ouverte dans la soirée du 1er août et se déroule dans une ambiance de délire, et ce, jusqu'au 4 août, aujourd'hui, au niveau de la salle Kateb-Yacine de la Maison de la culture de Sidi-Bel-Abbès. En effet, les appels sur les réseaux sociaux des intégristes et leur regroupement dans l'après-midi du mercredi devant la salle où devait s'ouvrir cette édition du festival faisaient craindre le pire. Ainsi, c'était sans compter sur la présence dissuasive de la police qui a investi les abords de la salle. Des dizaines de manifestants s'étaient massés dans le but d'empêcher la tenue du festival obligeant la police d'installer un dispositif sécuritaire. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au festival avant de se positionner pour accomplir salat el djamaâ du Maghreb à l'entrée même de la salle. Les forces de l'ordre ont su gérer la situation pour éviter tout dérapage alors que les chanteurs et le public arrivaient par vagues. Face à la détermination des policiers à faire barrage à toute tentative d'échec de la tenue du festival, les manifestants ont pris conscience du bras de fer qui n'était pas en leur faveur et ont peu à peu déserté les lieux à la grande satisfaction des habitants de la cité des 400 logements, située à proximité de la salle Kateb-Yacine qui retenaient leur souffle. Pour revenir à cette édition du raï, elle a levé son rideau dans la soirée du mercredi, et un cas inédit pour cette année, l'entrée est gratuite pour le public. Si le commissaire du festival Me Bousmaha Mohamed n'a pas eu les coudées franches en matière de grosses pointures du raï dont les cachets sont faramineux et cela à cause du budget alloué qui a été qualifié de «peu conséquent» par celui-ci, cependant, il a su jongler et a invité des chanteurs de renom aussi pour animer les soirées de cette édition. Pour l'ouverture, c'est le groupe aïna-Raï, qui a donné le coup d'envoi en entonnant ses anciens tubes dont «Zina diri lataye», suivi de Hakim Salhi avec son fameux tube «Sahraoui-Sahraoui» et d'autres nouvelles chansons. C'est au tour de cheikh Naâm, l'illustre parolier de Sidi-Bel-Abbès, cheb Mimoun de Sidi-Bel-Abbès, chaba Kheira, qui a chanté, dansé et fait danser le public tout au long de sa production, cheb Akil-Esghir qui a fait revivre feu cheb Akil et feu Hasni en entonnant leurs meilleurs tubes, puis cheikh Hattab qui a conquis l'assistance avec son fameux tube «Oued Chouly» et surtout avec la chanson «Bsahtek bac» qui a fait délirer les jeunes bachelières présentes qui l'ont salué avec des youyous stridents. Quant à la deuxième soirée, ce sont Kader-El-Khaldi de Sidi-Bel-Abbès et un groupe de rappeurs Food Ryadh. Le fils cheikh Naâm, le fils de cheikh Mimoun, cheikh Tewfik Enadroumi, chaba Faty d'Oran, Amine TGV, cheikh Belkheir, Djamel Milano qui ont embrasé l'assistance avec des chansons raï. Celle-ci en demandait toujours plus. Chansons entonnées par le public en délire, danse et youyous, bref, tous les ingrédients d'une soirée réussie étaient là, alors que la police veillait patiemment sur la manifestation à l'extérieur. A. M.