A près de huit mois de l'élection présidentielle du printemps prochain, on ne se bouscule pas trop au portillon puisque les candidats à la candidature déjà annoncée relèvent, pour leur quasi-majorité, de la pure fantaisie, pour ne pas dire plus. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Alors que sous d'autres cieux, un événement politique de la taille d'une élection présidentielle suscite intérêt et débat sur les programmes des uns et des autres parmi les candidats des mois à l'avance, chez nous, l'attention est focalisée sur un seul point : l'option d'un cinquième mandat pour le Président en exercice. C'est à croire que, une fois de plus, on a joué sur le conditionnement des masses avec, comme mesure d'accompagnement, une précampagne électorale menée tambour battant par les membres de l'allégeance et basée sur le chantage à la sécurité et à l'intégrisme islamiste. Avec le risque majeur que le candidat du pouvoir, qu'il soit Abdelaziz Bouteflika qui constitue jusqu'ici l'option lourde au sein du sérail, ou tout autre «suppléant» de la dernière minute, se retrouve face à lui-même, concourant avec des candidats de moindres aura et calibre. Car à voir le profil des candidats qui se sont déjà annoncés, il n'est pas exclu que le candidat du consensus du sérail joue, cette fois-ci, «seul», les personnalités à même de «crédibiliser» le prochain scrutin et de lui conférer de l'intérêt hésitent encore à se lancer dans la bataille, préférant temporiser encore pour voir un peu plus clairement. A moins que, encore une fois, le pouvoir ne réussisse à convaincre un de ces potentiels «concurrents» à «jouer le jeu» non sans dividendes. Alors que le Président sortant ne s'est pas encore prononcé sur sa candidature, ils sont quatre à s'être déjà lancés dans la bataille présidentielle. Après Fathi Gharès, le tout premier à signifier sa candidature et qui veut dynamiser l'opposition, Nacer Boudiaf, le fils du défunt président du HCE (Haut Comité d'Etat), Ali Zaghdoud, le président du Rassemblement algérien, un de ses nombreux micro-partis qui ne se manifestent qu'à l'occasion des élections, c'était le tour de l'ex-député Tahar Missoum, plus connu sous le sobriquet «Spécifique», d'annoncer sa candidature. Des candidatures avec des « motivations» bien distinctes mais avec un dénominateur commun : le manque pour ne pas dire l'absence d'envergure et de charisme chez ces candidats déclarés, encore qu'ils doivent franchir la toute première étape, celle de la collecte des 75 000 parrainages d'électeurs pour pouvoir être du prochain scrutin présidentiel, comme le stipule la loi portant code électoral. C'est ainsi que Nacer Boudiaf n'a d'autre «atout» à faire valoir que de tenter de capitaliser et de rentabiliser le capital sympathie que voue le peuple à son défunt père qui avait ressuscité en lui un immense espoir à l'entame de la déferlante terroriste islamiste. Pour Fathi Gharès, il s'agit de mettre à profit cette présidentielle pour faire œuvre de pédagogie en faisant connaître le projet de société du parti qu'il a investi, le MDS (Mouvement démocratique et social) qui n'arrive pas à se relever de ses successives déconfitures organiques mais aussi idéologiques. Concernant les deux autres candidats, Zaghdoud et Missoum, leur motivation principale ne dépasse pas le souci médiatique, eux qui ont pris un malin plaisir à se distinguer par des sorties hilarantes, ayant grandement participé à la déchéance de la scène politique nationale. Des profils qui confèrent à ce quatuor le rôle peu flatteur de «lièvres» dont ne se contenteront pas les concepteurs et autres scénaristes du sérail, eux qui doivent certainement tout faire, si ce n'est déjà fait, d'«intéresser» un à deux «poids lourds» de l'opposition ou supposés comme tels, pour incarner le rôle de parfait(s) outsider(s). Dans ce registre, les yeux sont d'ores et déjà rivés vers la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, elle qui n'avait pas raté les trois dernières présidentielles (2004, 2009, 2014) comme Ali-Fawzi Rebaïne (Ahd 54), Abdallah Djaballah, le président du FJD qui était des rendez-vous de 1999 et de 2004 ou encore Ali Benflis qui avait défié vainement le président-candidat à deux reprises, 2004 et 2014. Il y a encore le président du Front el Moustaqbal, Abdelaziz Belaid, qui, fort de sa troisième place en 2014, pourrait être tenté par une seconde expérience ou encore son homologue du mouvement Islah, Filali Ghouini. Il faudra également compter sur une probable candidature du MSP dont le président ne cesse de soutenir que le mouvement ne se contentera pas du rôle de «spectateur» au prochain scrutin présidentiel. De tout ce beau monde parmi lequel le pouvoir pourrait puiser des lièvres, seul le président du FNA, Moussa Touati, qui était des rendez-vous de 2009 et 2014, a d'ores et déjà jeté l'éponge, lui, qui, il est vrai, a fait «mieux» en plaidant pour une prolongation de trois ans et sans élection, du mandat du président de la République. M. K.