Le maire lance un appel au respect des engagements de l'Etat algérien pris devant des partenaires étrangers. Inscrit au titre du partenariat avec l'Union européenne et le programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), le programme Cap Del dont la municipalité de Beni Maouche est l'une des dix communes qui devaient en bénéficier à l'échelle nationale, a suscité un immense espoir et un enthousiasme sans précédent auprès de toute la population locale. Chef-lieu de daïra également avec 16 000 habitants répartis sur 30 villages éparpillés sur une superficie de 95 kilomètres carrés, la municipalité rurale de Béni Maouche qui a une double vocation : agricole et touristique (tourisme de montagne), ne parvient néanmoins pas à s'affirmer en tant que levier du développement local malgré les efforts d'une société civile très active et des élus locaux à leur tête le jeune nouveau maire, Mokrane Labdouci, pour sortir leur localité du sous-développement. Ce programme Cap Del financera des projets pilotes catalyseurs du développement et concernant des secteurs prioritaires. Il vise à renforcer les capacités des acteurs du développement local à améliorer la gouvernance (démocratie participative en y intégrant les femmes et les jeunes), appuyer techniquement et financièrement les autorités locales et la société civile dans la réponse à leurs priorités en termes d'amélioration des opportunités économiques et d'accès à des services de qualité, soutenir la modernisation et la simplification des procédures administratives (numérisation) et renforcer les capacités de prévention et de gestion des risques. Ce programme Cap Del d'une durée de trois ans est doté d'un financement du gouvernement algérien à hauteur de trois millions de dollars, de l'UE à raison de huit millions d'euros et un apport de 200 000 dollars du Pnud. C'est dire l'important intérêt et les dividendes sur la vie des communes choisies. Mais le rêve de la population de voir enfin leur municipalité se mettre sur les rails du développement ne semble pas près de se concrétiser puisque, à en croire le P/APC de Beni Maouche, sa commune ne serait pas retenue pour ce programme «sans donner la moindre raison motivant la non-retenue de ma municipalité», s'est-il indigné. «Le programme balbutiait en 2016 alors que j'étais vice-président de l'APC sortante. En mai 2017, il y eut l'installation de la commission communale avec ses quatre ateliers et celle du coordinateur communal en la personne de Boukider Abdelatif, un jeune diplômé natif de la commune. L'APC lui a attribué un bureau et les travaux des ateliers étaient lancés. Nous attendions vainement la restitution des diagnostics territoriaux pour continuer les travaux», explique le maire de Beni Maouche qui nous a reçu dans son bureau. Et de poursuivre : «La préparation des élections locales (APC/APW) de 2017 puis les fêtes de fin d'année ont été le prétexte avancé pour le retard. Voyant les choses se corser, j'ai adressé une première correspondance au directeur national de Cap Del en date du 29 avril 2018 qui n'a eu aucune suite puis une deuxième lettre de rappel en date du 29 mai 2018 et qui est aussi restée lettre morte à ce jour, j'ai adressé des copies également pour information au wali de Béjaïa, au P/APW, au DAL et au président du Pnud en Algérie», fait savoir amèrement le même président de l'APC tout en montrant les copies des deux correspondances en question. Pour le président de l'APC , «le silence» du directeur national de Cap Del constitue «on ne peut plus clair un signe annonciateur de la volonté d'une mise à l'écart de notre commune du programme», a souligné notre interlocuteur. L'édile de Beni Maouche estime que «l'exclusion» de sa municipalité qui «coïncide bizarrement avec la municipalité de la wilaya de Tizi Ouzou, Tigzirt, ne peut s'interpréter que par l'anti-kabylisme du pouvoir en place qui persiste dans sa politique de maintenir la Kabylie dans le sous-développement», dénonce-t-il. La commune de Beni Maouche recèle pourtant toutes les potentialités et répond aux critères énoncés pour postuler au Cap Del. «Une qualité de figues à laquelle une fête est dédiée, des sites historiques plantés dans une nature féerique et un tissu associatif aux compétences humaines inestimables sont autant d'atouts pour pouvoir accéder au programme en question», plaide le P/APC tout en signalant que c'est sur ces critères que la commune a été choisie avec aussi un mouvement associatif de plus de 50 associations. «C'est ce sort qu'on réserve à une commune qui a fait don de 1 014 martyrs sur une population de 3 500 âmes pour l'indépendance de l'Algérie. Les huit autres communes, en dehors de la nôtre et de celle de Tigzirt dans la wilaya de Tizi Ouzou, sont à la huitième ou neuvième rencontre et les programmes se poursuivent normalement», note avec un sentiment de profonde colère et de déception le P/APC de Béni Maouche tout en lançant un appel au respect des engagements de l'Etat algérien pris devant des partenaires étrangers qui sont «plus qu'un devoir», clame-t-il. Il y va de la crédibilité de l'Etat et de l'avenir d'une population qui a aussi les mêmes droits au développement et au progrès que l'ensemble des autres régions de ce vaste pays. Aziz Kersani