Le ministère de la Santé a confirmé, depuis jeudi, 41 cas de choléra sur les 88 cas de personnes hospitalisées. Les wilayas concernées jusqu'à présent sont Blida, Médéa, Tipasa, Bouira et Alger. Depuis, c'est l'inquiétude générale sur la réapparition de cette épidémie. La piste de l'eau contaminée par le choléra a été exclue et les causes exactes ne sont toujours pas identifiées. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le retour de l'épidémie du choléra n'a pas seulement semé la panique mais aussi l'indignation. Sur les réseaux sociaux, les internautes se demandent comment une telle épidémie a pu réapparaître. Ils s'indignent aussi devant le silence des pouvoirs publics qui n'ont entrepris aucune mesure de sensibilisation ou d'information à l'égard des citoyens. D'ailleurs, ces derniers se demandent quels sont les gestes qu'il faudra entreprendre pour se protéger. Faut-il boire l'eau du robinet ? Comment laver les fruits et les légumes, avec de l'eau du robinet, si celle-ci est contaminée ? Autant de questions que l'on se pose. Les professionnels de la santé s'interrogent, quant à eux, sur la passivité des autorités qui n'ont pas déclaré la maladie plus tôt afin de prendre les mesures nécessaires de prévention. Pourtant, souligne-t-on, le choléra est une maladie à déclaration obligatoire. Il y a une semaine sept personnes ont été transférées de la wilaya de Bouira à l'hôpital El-Kettar à Alger pour les mêmes symptômes de choléra, pourtant le ministère de la Santé a exclu cette piste. Entre-temps, les personnes souffrant de symptômes de diarrhée et de vomissements affluent vers les hôpitaux notamment à Blida et Médéa. Jeudi, le ministère de la Santé a organisé une conférence de presse pour confirmer 41 cas de choléra sur les 88 cas hospitalisés dans les wilayas de Blida, Médéa, Tipasa, Bouira et Alger. Selon le directeur général de la prévention au ministère de la Santé, ces cas sont «isolés et limités à des familles», ajoutant que la situation était «maîtrisée». Le docteur Fourar, qui a appelé au respect des règles d'hygiène, a assuré que la situation «n'est pas inquiétante et ne nécessite pas l'instauration d'un état d'urgence». Selon l'Institut Pasteur, les analyses bactériologiques effectuées sur des échantillons prélevés sur des personnes atteintes ont confirmé que l'épidémie du choléra s'est propagée en raison du non-respect des règles d'hygiène concernant la consommation de certains aliments, excluant une contamination liée à la consommation d'eau. Les analyses sur les aliments consommés par les familles atteintes de choléra sont toujours en cours. Qu'est-ce que le choléra ? Le choléra est une maladie extrêmement virulente qui peut provoquer une diarrhée aiguë sévère. Les symptômes apparaissent entre 12 heures et 5 jours après l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés. Touchant les enfants comme les adultes, la maladie peut tuer en l'espace de quelques heures si aucun traitement n'est administré. La plupart des sujets infectés par la maladie ne manifestent aucun symptôme, bien que le bacille soit présent dans leurs selles pendant 1 à 10 jours après l'infection et soit éliminé dans l'environnement, où il peut potentiellement infecter d'autres personnes. Selon les estimations de l'OMS, il y a chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra, et 21 000 à 143 000 décès dus à la maladie dans le monde. La plupart des personnes infectées ne manifestent aucun symptôme ou des symptômes bénins, et peuvent être traitées avec succès au moyen de sels de réhydratation orale. Comment identifier le choléra ? Le choléra est une forme grave de diarrhée causée par une bactérie dans l'eau. Le choléra se propage très rapidement dans un état d'urgence et peut conduire à de nombreux décès. Les symptômes du choléra sont: diarrhée «c'est comme de l'eau de riz» en très grandes quantités, vomissements, crampes dans les jambes et faiblesse. La diarrhée et les vomissements peuvent conduire très rapidement à une déshydratation sévère et à un choc. Sans traitement, la mort peut survenir en quelques heures. Comment prévenir le choléra ? Le choléra peut être évité à travers l'hygiène, en traitant l'eau avant de la boire ou de faire cuire des aliments et en faisant attention à la nourriture. L'OMS recommande de cuire la nourriture méticuleusement et manger lorsque c'est toujours chaud. Les poissons et les crustacés sont une cause majeure du choléra, il faut les manger uniquement s'ils sont bien cuits. Ne pas mixer de la nourriture cuite et crue comme la salade et la viande. Les personnes infectées par le choléra ne doivent pas toucher la nourriture ou cuisiner. Laver les légumes et les fruits avec de l'eau traitée en ajoutant deux gouttes d'eau de Javel dans un litre d'eau. Peler les légumes et les fruits. Ne pas manger à plusieurs dans un récipient et faire des portions individuelles. Toujours se laver les mains après avoir été aux toilettes. Toujours se laver les mains avant de cuisiner, avant de toucher de la nourriture, avant et après les repas, avant de nourrir les enfants, et immédiatement après avoir manipulé les selles, les vomissements et la lingerie souillée des malades. L'eau de surface, des citernes et des puits ouverts peut être contaminée par le choléra et d'autres germes. Cette eau doit être soigneusement traitée avant de la boire et les moyens les plus rapides sont l'ébullition, l'eau de Javel ou en ajoutant du citron. Peu importe comment elle est traitée, l'eau doit d'abord être filtrée pour que le traitement fonctionne. Mesures à adopter avant le transfert vers une structure de santé Quand une personne a une diarrhée et des vomissements ou juste des vomissements, ne pas attendre jusqu'à la déshydratation. Il faut agir rapidement. Lui donner beaucoup de liquides à boire comme de la soupe, de l'eau ou des boissons de réhydratation. Dès que la personne malade peut manger, lui donner à manger régulièrement et fréquemment. Pour les bébés, continuer à donner le lait maternel souvent et avant d'autres boissons. Qu'en est-il de la médecine préventive ? Le ministère de la Santé, au vu des moyens mis en place, semble prendre le volet de la prévention très au sérieux. La preuve, ce département dispose d'une direction générale de la prévention. Une direction qui doit faire de la sensibilisation, des recommandations et des rapports... Un département de prévention est également installé dans chaque structure de santé, hôpital ou policlinique. Il existe aussi des bureaux d'hygiène communaux qui font de la prévention. Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) explique que le ministère de la Santé affecte un personnel (un médecin, un infirmier et un technicien spécialiste dans l'environnement et dans l'assainissement), dans chaque APC. Cependant, dit-il, c'est aux collectivités locales de mettre les moyens à disposition de ce personnel. Lyes Merabet souligne, cependant, que la formation des techniciens spécialistes en environnement et l'assainissement a été abandonnée depuis les années 80. Ces bureaux multidisciplinaires, poursuit le docteur Merabet, constituent une cellule de veille sanitaire en matière d'alerte. Les membres du bureau sont censés contrôler, entre autres, les produits vendus sur les étals des marchés, les boissons et la qualité de stockage, les dates de péremption des produits. Ils contrôlent aussi les points d'eau et les réservoirs. Malheureusement, dit le président du SNPSP, «nous sommes en train de gérer le problème politiquement, ils font dans la rétention de l'information, au lieu d'alerter à temps pour prendre les mesures préventives rapidement, nous sommes en train de subir le laxisme des pouvoirs publics mais aussi l'incivisme des citoyens». S. A.