Le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche rassure ceux qui craignent encore une contamination des fruits et légumes produits localement par le germe du choléra. Il dénonce dans la foulée la «campagne de dénigrement» qui a ciblé les agriculteurs algériens. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Abdelkader Bouazghi rassure une nouvelle fois les citoyens sur les risques de choléra apparu dans certaines wilayas depuis quelques jours. «Les fruits et les légumes disponibles sur le marché sont sains et propres à la consommation», a-t-il souligné, hier, lors d'une conférence consacrée au bilan de la campagne céréalière 2017-2018, à Alger. Selon lui, tant que ces marchandises sont lavées et consommées fraîches, il n'y a pas de quoi paniquer ou s'affoler. Il a, toutefois, condamné la campagne de «dénigrement» dont ont fait l'objet les agriculteurs. «Il ne faut pas prendre des cas isolés d'irrigation par les eaux usées pour dénigrer tous les acteurs du secteur de l'agriculture», dit-il. Le ministre de l'Agriculture a assuré que les cadres de son département font le suivi de ce dossier justement pour déjouer les tentatives de certains «agriculteurs malhonnêtes» à l'irrigation des cultures par les eaux usées. «Ce sont des cas minimes que nous combattons à tous les coups», dit-il encore. Depuis janvier dernier, poursuit-il, les services de son département ont effectué le contrôle de deux millions d'hectares à travers dix wilayas, où ils ont découvert que 40 ha ont été irrigués avec des eaux usées. «Là où un cas d'irrigation par les eaux usées est signalé, nous détruisons les cultures, saisissons les équipements d'irrigation et poursuivons en justice les agriculteurs incriminés. Cette opération s'effectue au fur et à mesure, grâce à l'intervention des walis, des présidents d'APC, des bureaux d'hygiène des communes, ou des directeurs de l'agriculture», précise-t-il. Céréales, une production «record» Occupant presque la moitié des exploitations agricoles du pays, avec une superficie de 3,5 millions d'hectares, la céréaliculture constitue aujourd'hui une filière «stratégique». Selon le ministre de l'Agriculture, la valeur de la production de cette filière a connu en 2018 une augmentation de 63%. «La valeur de la production des céréales a enregistré durant cette campagne une évolution significative passant de 135,302 milliards de dinars en 2017 à 220,257 milliards de dinars en 2018 dont 141,766 milliards de dinars de cette valeur constitués de blé dur», note-t-il. Quant à la production réellement obtenue, elle est estimée à 60 500 000 quintaux contre 34 702 169 quintaux lors de la campagne précédente, soit une augmentation de 74,4%. En plus détaillé, le blé dur a enregistré une augmentation de 58% par rapport à la campagne précédente et l'orge une hausse de 100%. «Il s'agit d'une production record, qui n'a jamais été réalisée», affirme Abdelkader Bouazghi. Cette augmentation de la production n'est, pour lui, que le fruit des moyens matériels et humains mobilisés, du suivi rigoureux mais aussi de l'amélioration de la productivité par hectare qui est passée de 15 q/ha en 2016/2017 à 19 q/ha en 2017/2018. Les Coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS) ont pu ainsi collecter auprès des céréaliculteurs 27 millions de quintaux contre 16 181 843 quintaux, livrés la campagne écoulée, soit une augmentation de 67%. «La collecte des céréales de cette campagne dénote également une année record», ajoute-t-il. Importante production de légumineuses Le ministre de l'Agriculture est convaincu que d'ici quelques années, l'Algérie cessera d'importer les légumineuses notamment les pois chiches et les lentilles. «Nous importerons moins de pois chiches et de lentilles dans les toutes prochaines années et nous parviendrons même à cesser leur importation», dit-il. L'importante production réalisée cette année, principalement pour les pois chiches et les lentilles est justement son argument. «La production enregistrée pour la campagne 2017/2018 s'élève, à ce jour, à 1 300 000 quintaux. Pour la campagne 2015/2016, le volume de production obtenu était de 770 153 quintaux, soit une augmentation de 69%. Concernant la collecte des pois chiches, elle est passée de 25 600 quintaux en 2013 à 79 000 quintaux en 2018, et celle des lentilles est passée de 400 quintaux en 2013 à 94 100 quintaux en 2018», détaille-t-il. Idem pour les rendements moyens, poursuit-il, qui ont atteint 12 q/ha durant la campagne 2017/2018, contre 11 q/ha en 2016/2017. Pour lui, la filière des légumineuses alimentaires a enregistré des résultats «probants» durant la campagne agricole 2017/2018 où les superficies, les productions et les rendements ont augmenté de manière substantielle à travers l'ensemble des zones de production. Ry. N.