Louisa Hanoune avertit : l'organisation d'élections présidentielles dans le contexte actuel serait «un saut dans l'inconnu». Avec ou sans l'actuel Président comme candidat, le rendez-vous électoral de 2019 est porteur de dangers pour la nation, dit-elle. Unique alternative pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, l'élection d'une Assemblée constituante. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - La numéro un du Parti des travailleurs est formelle : la tenue d'éléctions présidentielles en Algérie sera le prélude à une instabilité. A l'approche du rendez-vous électoral de 2019, dit-elle, des rapports établis par l'administration américaine mais également française font état d'un scénario catastrophe que Bouteflika brigue un cinquième mandat ou pas. A l'occasion de l'éléction de 2014, rappelle-t-elle, des mises en garde similaires avaient été formulées. Si le pire avait été évité à cette époque, c'est grâce dit-elle à une conjoncture défavorable à un climat d'instabilité. Les choses ont sensiblement changé avertit-elle. En quoi ? Hanoune explique qu'actuellement, le tissu social est fragilisé, que le front interne ne constitue plus une immunité en raison de sa fragilisation causée essentiellement par le recul des libertés, et une déliquescence politique «ahurissante» ayant touché plusieurs institutions. La solution ? Elle consiste selon la numéro un du Parti des travailleurs en l'élection d'une Assemblée constituante «en urgence». Louisa Hanoune estime en effet que «la constituante est la seule sortie de crise pour mettre le pays à l'abri du chaos». C'est en redonnant la parole au peuple, dit-elle, que l'«engrenage infernal» sera stoppé. Son parti continue de collecter des signatures en faveur de l'appel lancé à Bouteflika pour l'organisation d'élection de ladite constituante. En attendant, Hanoune estime que hormis la loi de finances, aucun texte de loi ne devrait être présenté devant l'APN car dit-elle, elle a apporté la preuve à travers l'arsenal de textes votés qu'elle ne pouvait légiférer dans l'intérêt de la nation. L'exécutif déplore-t-elle prend le dessus sur le législatif. Hanoune s'exprimait à l'occasion de l'ouverture des travaux du bureau politique du Parti des travailleurs, l'occasion pour elle d'appeler à une plus grande cohésion sociale alors que, dit-elle, la cascade des scandales et de fuite de la devise qui se poursuivent menaçent la sécurité nationale tout en fragilisant le front interne. L'affaire de l'introduction de la cocaïne ajoute-t-elle, de par ses ramifications dans les institutions de l'Etat a confirmé que l'Etat a été «mafiotisé» et ce ne sont pas les agitations du «front populaire» qui impressionnent Hanoune car estime-t-elle, «la lutte contre la corruption suppose une rupture avec ce régime alors que ces partis refusent toute idée de rupture avec un régime qui est devenu un danger pour la stabilité de la nation». Au cours de cette session ordinaire de son bureau politique, le PT planchera sur plusieurs dossiers «lourds» tout en préparant la prochaine réunion du comité central qui devra se tenir dans les semaines prochaines avec comme axe central la collecte de signatures en faveur de l'Assemblée constituante. Hanoune donne le ton : le PT aide à la décantation mais ne cède pas devant les difficultés. N. I.