Craignant une rentrée sociale explosive, la patronne du PT a révélé que l'érosion du pouvoir d'achat des Algériens a atteint un taux de 60% depuis 2014. Les changements opérés au sein de l'Armée nationale populaire (ANP) et le déplacement du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, deux sujets qui suscitent moult polémiques dans l'opinion publique, semblent embarrasser la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. En effet, interrogée sur la série de limogeages au sein de l'ANP, Mme Hanoune, qui animait hier à Alger une conférence de presse, a estimé que "le politique n'intervient pas dans ce qui se passe dans l'armée et l'armée n'intervient pas dans le politique. Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet". Visiblement gênée, la patronne du PT a également évité de commenter le déplacement du chef de l'Etat à Genève pour effectuer un contrôle de routine. En ce sens, la patronne du PT a indiqué que "le Président est malade et ce n'est pas la première fois qu'il a quitté le pays pour aller se soigner à l'étranger". En revanche, Mme Hanoune a estimé que l'affaire des 701 kg de cocaïne et les retombées immédiates étaient une "escobarisation" et une "mafiotisation" de l'Etat et des institutions de la République. "Les citoyens sont poussés dans leurs derniers retranchements. Il faut prendre des mesures politiques urgentes, car l'Etat a perdu son autorité", a commenté Mme Hanoune. Par ailleurs, la conférencière a répondu au président de la République qui avait lancé un appel pour constituer un front contre la corruption et le trafic de drogue. "Mais c'est tout le monde qui sait que la corruption a gangrené nos institutions. Je me demande comment constituer un front alors que le citoyen a besoin de liberté, d'une presse libre, du respect de ses droits fondamentaux", a répondu Mme Hanoune, affirmant que l'urgence est d'aller vers une réforme politique profonde. "Cela signifie la convocation d'une Assemblée constituante nationale pour créer une dynamique et un sursaut national pour reconstruire le pays. Car, ce système ‘escobarisé' ne peut pas se réformer de lui-même", dira encore Mme Hanoune. Celle-ci a indiqué que "le PT s'est démarqué du débat stérile sur le 5e mandat. On se démarque de ceux qui appellent à un 5e mandat et de ceux qui veulent l'empêcher. Car, aujourd'hui, c'est la nature du système qu'il faudra changer". Pour la patronne du PT, "il ne suffit pas de changer un homme parce qu'il est malade. Il faut changer le système. Avec ou sans l'élection présidentielle, il faut aller vers cette assemblée, d'autant que nous avons dépassé les 200 000 signatures". Evoquant l'actualité sanitaire, l'apparition du choléra, elle dira que "plus de 1 000 APC étouffent financièrement et ne sont même pas dotées de parc d'intervention rapide. C'est aussi la pénurie d'eau qui pousse les citoyens à s'approvisionner dans les puits et les sources contaminés. Les déchets sont partout et on continue à parler de l'environnement ! L'austérité est la source de ces maux et le retour du choléra n'est qu'un début". Tout en saluant les dispositions de la loi de finances pour 2019 concernant le recul sur la rigueur budgétaire, elle a plaidé pour l'annulation pure et simple de la loi sur la santé récemment promulguée. En outre, elle s'est attaquée au secteur du commerce qui, selon elle, est "mafiotisé" par 120 000 importateurs blacklistés et qui sont derrière le transfert illégal des devises. Elle révélera que "les inspecteurs du commerce sont tétanisés par les barons. Il y a même des menaces physiques". Enfin, elle a fustigé le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, affirmant que la distribution des fournitures scolaires relève de l'Etat, mais défendra la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, en estimant que "ceux qui ont annulé les projets sont derrière la surcharge des classes". FARID BELGACEM