Profitant de son passage au “Forum de l'ENTV”, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est montrée particulièrement critique à l'égard de l'Assemblée nationale qu'elle a qualifiée, à l'occasion, de “cathédrale dans un désert”. “L'APN est devenue une cathédrale dans un désert. Il y a une rupture totale entre cette institution et la population depuis les élections législatives marquées par un fort taux d'abstention”, a-t-elle lâché devant le parterre de journalistes. Mme Hanoune pointe du doigt “un pourrissement politique ambiant”, notamment après le vote par les députés des augmentations ahurissantes de leurs propres salaires. Même si sa colère contre cette institution a pour origine “l'émigration” de plusieurs de ses députés vers d'autres partis siégeant à l'Assemblée, l'invitée du forum a subtilement évité d'évoquer le sujet. Toutefois, ses griefs contre l'Assemblée semblent multiples. Elle a cité, à cet égard, le rejet par les députés d'une proposition de loi portant sur l'interdiction des médicaments produits localement avant que le gouvernement Ouyahia ne fasse sien le texte. “L'Assemblée n'a pas rendu la confiance promise à la population. Comment peut-elle y arriver quand elle vote une augmentation honteuse des salaires des députés et, en même temps, elle refuse une hausse du SNMG et une allocation chômage pour nos jeunes”, martèle-t-elle. Mme Hanoune a d'ailleurs réclamé l'organisation d'élections législatives anticipées et la mise en place d'une assemblée constituante. Interrogée sur sa candidature à la présidentielle, Mme Hanoune a indiqué que les instances de son parti vont se réunir le week-end prochain pour trancher la question. Mais, selon toute vraisemblance, la secrétaire générale du PT sera bel et bien candidate et la réunion de la direction du parti ne sera, en réalité, qu'une simple formalité. Mme Hanoune a, d'ailleurs, annoncé que le parti a réussi à passer “sans grande difficulté” l'obstacle des signatures de parrainage exigées par la loi. Le PT a pu collecter, jusqu'à présent, plus de 970 signatures auprès des élus et plus de 121 000 auprès des citoyens, selon Mme Hanoune. Elle estime, malgré tout, que “les mesures prises par les pouvoirs publics pour assurer une pratique politique saine ne sont pas suffisantes”, réclamant des garanties politiques et économiques parce que, pour elle, même l'instruction du président relative à l'impartialité de l'administration n'est pas “dissuasive”. Elle estime, pourtant, que “le scrutin peut constituer un virage”, mais à condition, dit-elle, “de réunir les conditions et donner des garanties. Et c'est à l'Etat de donner ces garanties”. Ces garanties, Mme Hanoune les veut sous forme de mesures de détente politique et sociale, une rupture totale avec les politiques économiques appliquées jusqu'ici. Elle a également demandé, dans ce contexte, que soit abrogé le texte de loi qui criminalise les harragas. Une loi qu'elle a considérée comme “une insupportable provocation”. La SG du PT s'en est également prise, lors de son intervention, au ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, sans toutefois le citer. “Le président a donné des orientations pour que la priorité soit donnée aux entreprises nationales et pour que le capital national soit majoritaire dans les projets de partenariat. Mais il y a un ministre qui va à l'encontre de ces instructions et il n'est pas inquiété”, dénonce-t-elle. Mme Hanoune a, par ailleurs, réclamé la mise en place d'une institution des statistiques indépendante “pour qu'on sache réellement la vérité”, critiquant ouvertement les chiffres officiels sur le chômage qu'elle a jugés “contradictoires”. Interrogée à propos de la présence d'observateurs étrangers pour la surveillance du scrutin présidentiel, Mme Hanoune a réitéré sa position de refus du contrôle des élections par des étrangers. Pour ce qui est des partis et personnalités politiques qui ont appelé au boycott du scrutin, Mme Hanoune n'a pas souhaité émettre de commentaire sur le sujet, se contenant de dire que “chacun est libre d'avoir les positions qu'il estime en rapport avec son parcours, ses idées et ses principes”. Evoquant la question du Sahara occidental, la SG du PT a considéré que “c'est là un conflit qui n'apporte rien à l'Algérie”. Hamid SaIdani