Jeudi soir à l'aéroport d'Oran, les proches de l'artiste (famille, artistes…) lui ont rendu un bref et émouvant hommage dans l'intimité, avant son transfert à Sig, à une cinquantaine de km de là, où était prévu son enterrement le lendemain en début d'après-midi après la prière du vendredi. Le chanteur algérien Rachid Taha, figure du rock français des années 1980 et voix du raï et du chaâbi, décédé mercredi à Paris, devait être enterré hier dans sa ville natale algérienne de Sig dans la wilaya de Mascara. La dépouille du chanteur, décédé à 59 ans des suites d'une crise cardiaque, a été rapatriée jeudi soir à Oran avant d'être transférée à Sig, à une cinquantaine de km de là, où était prévu son enterrement en début d'après-midi après la prière du vendredi, selon ses proches. Le JT de minuit de la télévision algérienne a montré des images de l'arrivée de l'avion transportant le cercueil à l'aéroport international Ahmed- Benbella d'Oran. Les proches de l'artiste (famille, artistes…) lui ont rendu un bref et émouvant hommage dans l'intimité. Auparavant à Alger, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a déploré une «grande perte pour l'art et la musique algériens», saluant un artiste qui a «toujours porté ses racines algériennes sur les scènes internationales» et qui a donné «un écho» à la culture de son pays. Kamel El Harrachi, fils de Dahmane El Harrachi, a regretté une disparition «prématurée». Le guitariste Mohsen Ferrah, du groupe Ithren, a salué la mémoire d'un artiste qu'il avait accompagné sur scène en France. Lotfi Attar et Khliff Miziallaoua ont eux aussi salué le «talent d'un rockeur d'exception» en évoquant notamment son travail remarquable dans le tube Rock The Casbah du groupe britannique The Clash, devenu «Rock El Casbah» et dans l'élaboration d'un répertoire universel ancré dans la musique algérienne. Safy Boutella, estime, de son côté, que Rachid Taha est un «artiste qui va beaucoup manquer à la scène musicale». Malika Domrane regrette la perte d'une étoile de la musique et parle d'une grande perte pour le monde artistique. Ses amis lui avaient également rendu un hommage à Paris jeudi matin, selon sa maison d'édition Believe. Les hommages viennent d'ailleurs de partout. La musique franco-algérienne a perdu son «porte-étendard» après la mort de Rachid Taha, selon la radio musicale Radio Nova. Pour Jamel Debbouze, le «frère» Rachid Taha était «l'éclaireur» avec «sa musique, son cœur et ses textes». La ministre française de la Culture Françoise Nyssen a salué la mémoire de Rachid Taha qui «savait tout chanter, tout réinventer - The Clash autant que Trenet». La maire de Paris Anne Hidalgo a rendu hommage à un «artiste profondément libre et à la fois si engagé». Né en Algérie en 1958, Rachid Taha a quitté le pays avec sa famille à l'âge de 10 ans pour la France. Enfant du rock et du punk, il n'a jamais oublié ses racines algériennes et a associé à ces genres des sonorités du pays natal, notamment celles du raï et du chaâbi. En sortant en 1998 son album Diwan, Rachid Taha a aussi fait connaître à travers le monde le chaâbi grâce notamment à sa reprise de la chanson Ya Rayah de Dahmane El Harrachi. En 2016, Rachid Taha a reçu une Victoire de la musique pour l'ensemble de sa carrière. Il s'était engagé, à travers ses chansons notamment, dans le combat contre le racisme et la violence. Aussi, Il disait croire en une «génération de maghrébins talentueuse» qui avait besoin de musique pour lutter contre la violence». Rachid Taha s'apprêtait à sortir un nouvel album, dont le premier morceau devait s'intituler Je suis africain. Kader B.