Youcef est mort. Nous sommes atterrés par la triste nouvelle qui est tombée en ce vendredi matin. Notre ami et collègue nous a quittés sans crier gare, emporté par une crise cardiaque à l'âge de 53 ans. Youcef a commencé sa carrière journalistique en 1991 à Algérie Sports, qui est devenu un an plus tard L'Opinion. Lorsque le journal disparaît, il rejoint en 1996 l'équipe du Soir d'Algérie. Il fera en parallèle un passage entre 2013, 2014 à la chaîne TV Ennahar où il animait deux émissions politiques. Au Soir d'Algérie, il affectionnera particulièrement les couvertures et autres articles ayant trait à la justice et se spécialisera de fait dans les comptes rendus d'audiences et les grands procès qui ont fait la Une des journaux. De nature à ne pas se faire marcher sur les pieds, il se fera l'écho des causes justes des travailleurs, et de toutes les luttes syndicales. Une carrière bien remplie, un métier prenant, stressant, usant qui a eu raison de lui. Bettache a été ravi à l'affection des siens comme beaucoup avant lui ces toutes dernières années après que le cœur ait lâché. «C'est un métier qui tue à petit feu, mais que faire ?», nous lance Kebci tout ému. En écrivant ces quelques lignes, je me trouve en face de son bureau où chaque jour en rentrant d'une couverture, il piannotait sur son ordinateur en entamant son article. Il avait sa manière à lui de taper fort sur les touches et ça nous faisait rire. Il avait une voix qui porte, et quand il n'était pas très sûr de l'ortographe d'un mot, ou une tournure de phrase, il n'hésitait pas à le vérifier auprès de ses collègues. Il rédigeait et de temps à autre prenait son téléphone pour demander des nouvelles de ses filles. «Êtes-vous rentrées ? Avezvous pris votre goûter ? Vous vous préparez pour aller à la piscine» ? Il était fier de ses championnes en natation, et s'impliquait pleinement dans leur carrière sportive. Ses filles étaient sa raison d'être. Salima regarde son siège, il est vide. Elle est encore sous le choc. Elle n'en revient pas, comme Mohamed, Amine, Kebci, Nacer, et tous les autres. Amine Andaloussi relit encore le message qu'il lui avait envoyé la veille sur Facebook : «Les supporters de la JSK, en force à Sétif, Kebci va rigoler encore, il a écrit ça pour chambrer les pro-Mouloudia de la rédaction.» Les confrères, eux aussi boulversés par cette mort subite, se sont déplacés au journal pour nous présenter leurs condoléances. Meriem Ouyahia, une ancienne collègue du Soir d'Algérie, est venue compatir à notre douleur. Avec lui, elle avait la passion de la natation et a rapporté son implication dans la carrière sportive de ses filles. «Il s'est investi dans le club SABE pour représenter les parents des nageurs. Il accompagnait Djahida, Sabrina et Sarah dans leurs entraînements bi-quotidiens. Il était présent au 13e Championnat d'Afrique de natation en tant que journaliste mais surtout en tant que fan. Il imaginait ses filles futures détentrices de record. Et justement, hier, il les avait accompagnées à la piscine du 5-Juillet pour leur entraînement. Et c'est là qu'il a commencé à sentir ses premières douleurs au niveau de la poitrine.» Nous avons du mal à parler de lui au passé, alors que mercredi nous avons ri, débattu du malaise que vit le pays et d'autres problèmes politiques et comme chaque mercredi avant de nous quitter, nous nous sommes souhaité bon week-end, enfin bon jeudi, car le vendredi est un jour de travail. vendredi, le plus triste pour nous, Bettache manquera à l'appel. Il est parti, laissant une corporation médusée. Qu'il repose en paix. Naïma Yachir
Adieu «voisin de clavier» Rarement quand il ne me citait pas dans ses conversations, voire même dans ses échanges surtout «virtuels» avec des confrères et amis communs tant l'amitié qui nous liait était grande. Dernier «acte» du genre, de Youyou, avant son départ inattendu, hier vendredi, victime qu'il fut d'un malaise cardiaque alors qu'il s'apprêtait à une séance de footing après avoir déposé ses deux filles à la piscine du complexe olympique Mohamed Boudiaf, sur les hauteurs d'Alger, un message à notre confère et ami Amine, peu avant minuit, où il l'informait que je devrais jubiler pour le lendemain (hier vendredi), à la rédaction, suite à la victoire, quelques instants avant, des Canaris face à l'ESS. C'est que entre moi et notre désormais ex-confrère Youcef Bettache, que j'ai eu à connaître de près en janvier 2012 quand je rejoignis la rédaction du journal, une complicité naturelle est vite née, comme si nous nous connaissions depuis des lustres. Quand il pénétrait dans la salle de rédaction et ne me trouvait pas, son réflexe naturel est de chercher après moi et d'avoir de mes nouvelles. L'inverse est tout aussi vrai et il nous arrivait souvent de «chambrer » des confrères, chauvins de leurs clubs sportifs préférés et de nous perdre dans des débats politiques profonds qui tranchent de loin avec la platitude ambiante. «Voisin de clavier», il nous arrivait souvent de partager ensemble nos «déjeuners», entrecoupés de claps incessants sur nos claviers, pressés que nous sommes d'en finir avec nos papiers du jour. Youcef qui avait, en permanence, le souci d'encadrer ses trois filles qui sont des nageuses prometteuses, me reprochait, la semaine écoulée, et vertement le fait que j'ai eu à «griller» un rendez- vous avec un neurologue pour des soucis de santé récurrents. «Il ne faut pas jouer avec ta santé, Moh. Nous exerçons un métier ingrat qui consume à petit feu», me disait-il, dans notre ultime voyage, ensemble, la semaine dernière, lui qui, souvent, me déposait près de chez moi avant qu'il n'aille récupérer ses filles et rentrer, à son tour, chez lui, la nuit tombée. Un «rituel» infernal propre à notre métier que Youcef a adopté par passion il y a près d'un quart de siècle, lui qui avait la possibilité d'opter pour une autre profession, comme il aimait à le ressasser, mais c'était compter sans ce «virus» de la presse qui l'avait atteint précocement dans la foulée d'un engagement politique jamais démenti. Mais voilà que Youcef quitte ce bas-monde, sans avertir, nous laissant orphelins d'un confrère et d'un ami dont il ne sera pas facile d'admettre l'ultime retour au Créateur. Ta jovialité, ton sens de l'humour, tes sautes d'humeur et tes coups de sang, car tu en avais comme tout le monde, nous manqueront. Repose en paix, cher frère. M. Kebci
Un reporter authentique s'en va C'est un autre rendez-vous avec la faucheuse qui a été accordé in extremis au monde de la presse et à la famille du Soir d'Algérie, particulièrement. Un de ses brillants journalistes, Youcef Bettache, s'en est allé dans la gloire du matin de ce vendredi laissant derrière lui des filles éplorées et des collègues abasourdis par ce départ précipité. Son cœur n'a pas pu résisté à une crise foudroyante qui ne lui a laissé aucune chance de s'en remettre. Avec cette perte cruelle, la corporation des journalistes perd un reporter authentique qui était en perpétuelle quête d'informations et de nouvelles qui alimenteront en fin de journée les pages de son journal. Dans les arcanes de la Centrale syndicale, dans la salle des pas perdus des tribunaux, dans les couloirs des entités économiques ou dans les bureaux feutrés des ministères, Youcef Bettache, «Da Youcef» pour certains, y était comme un poisson dans l'eau. C'était pour lui une source intarissable de matière pour ses papiers à travers un carnet d'adresse et de téléphone richement fourni et des relations à tous les niveaux de responsabilité. Une proximité qui puise son essence dans une personnalité particulièrement affable, humble, communicante et attachante… autant dire, les critères de réussite dans ce métier qu'il affectionne pardessus tout et pour lequel il avait une vision arrêtée et de grandes ambitions… mais le destin en aura décidé autrement. Pour sa famille, c'est la perte d'un père attentionné, soucieux de l'avenir de ses filles, comme il me le soulignait il y a tout juste quelques jours, «nos enfants ont, hélas, peu de perspectives », me disait-il avec beaucoup d'amertume et de pessimisme. Pour nous, c'est un collègue et un ami qui tire sa révérence sans crier gare mais qui continuera à vivre parmi nous à travers un condensé de souvenirs et de moments intenses partagés ensemble au Soir d'Algérie. Repose en paix Da Youcef . Belkacem Bellil SYNDICAT NATIONAL DES JOURNALISTES (SNJ) COMMUNIQUE C'est avec une douleur indescriptible que nous avons appris le décès, survenu ce jour, vendredi 28 septembre 2018, dans la matinée, de notre frère, collègue, confrère et ami, Abderrahmane Bettache, dit Youcef, des suites d'un malaise cardiaque. Cette terrible nouvelle attriste toute la presse nationale et tous ceux qui ont connu Youcef, l'un des purs produits, de la presse indépendante, celle née avec l'éclosion du pluralisme politique et médiatique au lendemain des événements d'octobre 1988. Algérie Sports, l'Opinion et, depuis 1996 le Soir d'Algérie ont été les principales étapes de la longue et riche carrière du défunt qui a eu, par ailleurs, une autre expérience, dans l'audiovisuel, chez nos confrères d'Ennahar où il avait eu à animer une émission de télévision à grand succès. Youcef nous quitte subitement, à l'âge de 53 ans, mais restera, à jamais présent dans nos cœurs. Il était père de trois enfants. En cette triste occasion, le Syndicat national des journalistes présente ses sincères condoléances à la famille du défunt, à nos confrères du quotidien Le Soir d'Algérie mais aussi à l'ensemble de la corporation. Puisse Dieu le Tout-Puissant accueillir le défunt en Son Vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons P/ le Syndicat national des journalistes Le secrétaire général Kamel Amarni CONDOLEANCES C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès du journaliste Abderrahmane Bettache En cette douloureuse circonstance, je tiens à présenter à sa famille et à ses confrères mes plus sincères condoléances et je les prie de trouver ici l'expression de ma profonde sympathie. Que Dieu lui accorde Sa Sainte Miséricorde et l'accueille en Son Vaste Paradis. Abdelmalek Sellal Je viens d'apprendre avec beaucoup d'émotion le décès de notre ami et confrère Abderrahmane Bettache En cette pénible circonstance, toutes mes pensées vont à sa famille et à ses collègues auxquels je présente mes plus sincères condoléances et je les prie de trouver ici l'expression de ma profonde sympathie. Que Dieu accorde au défunt Sa Sainte Miséricorde et l'accueille en Son Vaste Paradis Hamid Grine Abdelmadjid Sidi-Saïd, en son nom et au nom de l'UGTA, tient à s'incliner devant la mémoire de Abderrahmane Bettache, journaliste au Soir d'Algérie. Un homme de presse reconnu par ses pairs et apprécié à la Centrale pour son professionnalisme nous quitte. Que le défunt repose en paix et que sa famille trouve ici la solidarité de l'UGTA et de son SG en ces moments douloureux. Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA
J'ai appris avec tristesse la mort de mon ami BETTACHE Abderrahmane avec qui j'ai partagé de grands moments d'amitié et de respect pour le métier de journaliste qu'il exerçait avec dévouement et professionnalisme au service du Soir d'Algérie, journal attaché à la liberté d'expression. Il couvrait sans complaisance et avec objectivité les activités de l'institution douanière que j'ai eu l'honneur et le privilège de diriger pendant les moments difficiles que traversait notre pays. Son soutien et celui de l'équipe du Soir d'Algérie à laquelle il appartenait ont été d'un apport inestimable dans la conduite de ma mission. Je ne peux parler de Abder sans avoir une pieuse pensée à un grand journaliste lâchement assassiné. Notre frère Allaoua Mebarek. Allah yarhamhoum. Que Dieu les accueille en Son Vaste Paradis. Mes condoléances à toute sa famille et à l'ensemble du personnel du Soir d'Algérie et tous les journalistes. Amitiés. B. Chaib Cherif