La 11e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) s'est ouverte mardi à l'esplanade de Ryad El Feth. Réservée initialement aux participants et aux officielles, cette première journée a été finalement ouverte aux visiteurs venus en nombre. Dès le premier jour, alors que l'ouverture au public était prévue le lendemain, une longue file de jeunes passionnés s'est formée à l'entrée du festival. Pendant que le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, visitait le pavillon central où l'invité d'honneur, le Canada, exposait son histoire de la BD, les organisateurs du Fibda ont finalement décidé d'ouvrir les portes aux nombreux visiteurs. Parmi eux, les incontournables cosplayers, se baladant fièrement dans leurs costumes de héros mangas, Disney ou Marvel, qu'ils ont confectionnés eux-mêmes. Devenus la copie conforme de leurs personnages préférés, ces jeunes artistes trouvent dans cet événement un espace rêvé pour exprimer et faire découvrir leurs talents, mais aussi se rencontrer, échanger et participer au concours du meilleur cosplayer. Le Fibda rend, par ailleurs, hommage cette année à l'une des autrices les plus surprenantes du 9e art algérien Nawel Louerrad (Les vêpres algériennes, Bach to black, Regretter l'absence de l'astre). Le chapiteau circulaire en forme de bulle abrite l'exposition «Desiderata» qui regroupe une trentaine de ses planches où l'on retrouve le style singulier de cette artiste joignant l'originalité du graphisme à l'éclat du verbe. Ses thèmes philosophiques, ses questionnements percutants sur le sens et l'essence de la vie, ses personnages vaporeux et sa dialectique transcendante ne cessent en effet d'aimanter et subjuguer public et critiques. Au Fibda, il y en a pour tous les goûts. Un autre chapiteau abrite l'exposition itinérante créée à l'occasion des 60 ans des Schtroumpfs. Cette BD qui a traversé les générations sans prendre une ride a été créée en 1958 par le dessinateur belge Peyo ; l'expo revient donc sur la genèse et l'évolution de l'une des bandes dessinées les plus célèbres et les plus vendues de l'Histoire. Dans le même chapiteau, le visiteur peut découvrir une rétrospective de l'histoire de la BD italienne appelée «Fumetti» (en référence au nom italien de la bulle), et pas loin de là une exposition dédiée au 9e art conjugué au féminin sous l'intitulé «Autrices du monde». Et comme chaque année, la grande librairie du Fibda attire un grand nombre de lecteurs qui découvrent les nouveautés 2018, dont l'album regroupant 50 artistes arabes de caricature et de bande dessinée et le désopilant «Comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur» du champion tunisien de l'autodérision Salim Zerrouki. Par ailleurs, des conférences sont au programme du Fibda qui se clôture ce samedi, à l'instar d'une rencontre autour de la bande dessinée colombienne avec Camilo Vieco Florez, une autre sur le graphic-journalisme en Italie, une table-ronde regroupant plusieurs autrices de BD du monde (Etats- Unis, Suède, Egypte, Algérie, Maroc, Tunisie, Cuba, France, Canada) ainsi qu'une conférence sur le thème «Dessiner pour Marvel» animée Alitha Martinez, la créatrice de Black Panthers dont l'adaptation au cinéma a fait grand bruit récemment. Enfin, plusieurs ateliers accueillent chaque jour les passionnés de dessin, de mangas, de photo, etc. D'autres se déplaceront dans les hôpitaux au profit des enfants malades tandis que l'espace Gaming propose des tournois de jeux-vidéos. Sarah H.