L�Association des anciens cadres du MALG vient de publier, dans les colonnes de la presse nationale, un commentaire circonstanci� consacr� au livre que le Dr Sa�d Sadi a r�cemment r�dig� pour �voquer la m�moire du colonel Amirouche, chef disparu de la Wilaya III. Ce commentaire, sign� par le pr�sident de l�Association des anciens cadres du MALG, M. Dahou Ould Kablia, comporte une malheureuse digression qui porte atteinte � la m�moire du colonel Mohamed Lamouri, et � celle de ses compagnons de lutte emprisonn�s et jug�s avec lui, lors de ce qui est d�sign�, par euph�misme, �Complot des colonels�. Certes, les auteurs du commentaire ont-ils �t� pr�venants en mettant entre guillemets la pol�mique inattendue soulev�e par le livre du Dr Sa�d Sa�di et l��pisode, improprement, appel� � Complot des colonels �.Certes, ces m�mes auteurs ont-ils justifi� la chose par leur souci d��clairer l�opinion publique sur le climat interne auquel �tait confront� le GPRA � l��poque de la mort du colonel Amirouche. La tonalit� par laquelle le commentaire �voque la personnalit� du colonel Mohamed Lamouri et ses compagnons reste, cependant, empreinte de d�sinvolture. Peut-on se permettre ce ton de d�sinvolture en �voquant le souvenir de valeureux et h�ro�ques combattants de l�ALN ? Le jugement d�sinvolte qui transpara�t de la citation de cet �pisode douloureux de l�histoire nationale dans le commentaire sus-indiqu� n�cessite, incontestablement, une mise au point. Une mise au point qui porte, d�abord, sur la m�thode. De toute �vidence, le pr�sident de l�Association des anciens cadres du MALG et ses compagnons s�appuient, pour se livrer � ce jugement p�remptoire, sur la seule version l�gu�e par le GPRA dans ses archives. Il est normal que le GPRA porte un jugement sans nuances sur des protagonistes qu�il a, impitoyablement, combattus et qu�il sait charg�s de l�gitimit� historique et de charisme militaire. Il eut �t� souhaitable que l��vocation de cet �pisode, pr�s d�un demi-si�cle apr�s les faits, comporte le recul n�cessaire et plut�t que de d�livrer un jugement d�sinvolte, s�efforce de revisiter l�Histoire avec un regard serein , d�barrass� des accusations sentencieuses et reposant sur des sources contradictoires, notamment des documents authentiques d�tenus par d�autres structures que le GPRA ainsi que les t�moignages irr�fragables des protagonistes encore en vie de cet �pisode. Il aurait �t� facile, dans ces circonstances, de constater qu�il n�y eu rien de �subjectif� ou de �partisan� dans les dol�ances des martyrs imprudemment �voqu�s avec un ton de l�g�ret�. Exiger, en effet, que la r�union du CNRA se d�roule aux fronti�res, au milieu des combattants de l�ALN et non dans la capitale �gyptienne, c�est une dol�ance partisane ? Demander, en effet, des �claircissements sur la mort de Abane Ramdane, c�est une dol�ance subjective ? Une mise au point qui porte, ensuite, sur des consid�rations d�ordre moral. Sans douter de la bonne foi de M. Dahou Ould Kablia et de ses compagnons, il faut tirer pr�texte de leur incorrection, ou � tout le moins de leur erreur, pour r�tablir la v�rit� sur cet �pisode important de l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale. Il faut bien mettre en �vidence, d�une part, que les protagonistes de ce suppos� complot �taient des figures embl�matiques de l�ALN. Jugez-en car il ne s�est agi pas moins que des colonels Mohamed Lamouri et Ahmed Nouaouria, chefs successifs de la Wilaya I, du colonel Mohamed Aouachria chef de la Base de l�Est et du commandant Mustapha Lakhal, figure l�gendaire du commando Ali-Khodja. Leur combat, d�autre part, jusqu�aux conditions tragiques de leur mort sur le sol tunisien, loin de renvoyer � un vulgaire complot, t�moigne, au contraire, d�une profonde d�tresse v�cue comme une d�chirure probablement, par de prestigieux chefs de guerre exc�d�s par le comportement des membres des organes dirigeants de la R�volution. Il suffit de savoir, pour se convaincre de la probit� exceptionnelle du colonel Mohamed Lamouri, que celui-ci , avec une grande dignit�, a pr�f�r� mourir des mains de ses compagnons que d�accepter la protection que lui offrait le pr�sident Bourguiba d�s lors qu�il fut convaincu qu�il s�agissait d�une liquidation d�un contradicteur, pas celle d�un comploteur. S�il est normal que les versions contradictoires sur cet �pisode puissent exister, il n�est pas tol�rable, cependant, que, par une �vocation tronqu�e, ces valeureux officiers de l�ALN jug�s et condamn�s par le GPRA dans des conditions sujettes � caution soient cit�s et trait�s comme d�obscurs mokhaznis ou de sinistres suppl�tifs. Il faut rendre hommage au pr�sident Chadli Bendjedid, � cet �gard, lui le premier chef de l�Etat a avoir r�tabli dans leur honneur ces officiers d�funts en proc�dant � l�inhumation posthume de leurs d�pouilles au cimeti�re d�El Alia, dans le carr� des martyrs. L�auteur de ces lignes qui est le compagnon de combat et de d�tention du colonel Mohamed Lamouri apr�s avoir �t� son ami de jeunesse estime venu le temps de lib�rer sa m�moire par un t�moignage exhaustif sur cet �pisode douloureux de l�histoire de la guerre de Lib�ration nationale. Un t�moignage d�di� au personnage attachant et �mouvant du colonel Mohamed Lamouri qui sera publi� incessamment et dont l�auteur s�acquitte comme d�un �devoir de m�moire�. Il faut souhaiter que l�Association des anciens cadres du MALG, � la lecture de ce t�moignage, ait � c�ur, alors, de rectifier le jugement partial qu�elle porte sur l��v�nement et ses acteurs.