Sans concertation aucune, l'opposition parlementaire a décidé de bouder la plénière, aujourd'hui, à l'assemblée populaire nationale (APN) lors de laquelle il sera procédé à l'élection du successeur de Saïd Bouhadja. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Une «communion» pour dénoncer, chacun à sa manière, ce «coup porté à la constitution et au règlement intérieur régissant le fonctionnement de la chambre basse du parlement. C'est ainsi que les parlementaires progressistes du RCD, dans un communiqué, qualifient la plénière de ce matin de «putsch» opéré par les «tenants de l'autorité usurpée» qui, de ce fait, vont installer un «président factice au perchoir de l'APN. Et d'inviter les députés qui ne souscrivent pas à ce fait accompli de «compter leurs rangs et d'exprimer leur condamnation». Considérant que le président légal de l'Assemblée, contraint à la désertion de l'hémicycle parlementaire, ne peut rester longtemps scotché à une hypothétique réponse d'une missive qu'il aurait adressée au chef de l'Etat, les députés du RCD se disent «disposés à la concertation avec leurs pairs pour amplifier le désaveu d'une destitution violente qui s'ajoutera à une multitude de coups de force et de viols de la légalité tout au long de ces deux dernières décennies et qui seront gravées comme la pire période de l'autoritarisme dans toute l'histoire de l'Algérie indépendante». Pour leur part, les députés de l'alliance Nahda-Adala-Binaa ne seront pas de cette séance. Ils appellent, dans un communiqué, les «hautes autorités du pays à intervenir et à prendre leurs responsabilités pour épargner aux institutions du pays le ternissement et l'instabilité». Réfutant être partie prenante de la crise qu'a connue la chambre basse du parlement, prenant le soin de n'appuyer aucun camp au détriment de l'autre, le président du groupe parlementaire du triumvirat islamiste estime que les modalités ayant accompagné le processus de destitution de Saïd Bouhadja de la présidence de l'APN «n'étaient pas cohérentes avec la constitution et la réglementation», ce qui, ajoute-t-il, participe à «écorner» et à «ternir» les institutions du pays. De son côté, le chef du groupe parlementaire du PT justifie le boycottage de cette plénière par le fait que le parti n'est pas «partie prenante de ce conflit» et, de ce fait, «ne peut s'y immiscer», estimant que «c'est à la majorité usurpée et factice de trouver des solutions». Djelloul Djoudi a, par ailleurs, affirmé que ses pairs députés du parti «poursuivront à accomplir leur mandat parlementaire avec le nouveau président qui sera élu aujourd'hui en participant à tous les travaux de l'assemblée, les débats autour des projets de lois et les questions aux membres du gouvernement». Les députés du front el Moustakbal qui ont tenté vainement, à un moment, une médiation entre les belligérants de ce conflit, ne seront pas présents à l'élection du successeur de Saïd Bouhadja. Un de ces députés, Khaled Tazaghart, affirme «ne pouvoir cautionner» ce qu'il qualifie de «coup d'Etat parlementaire», témoignant, au passage, «l'immense respect» que vouait le président destitué à l'endroit de tous les députés. Pour le député de Béjaïa, cette destitution de Saïd Bouhadja est une «honte», soutenant poursuivre «le combat pour la construction d'une véritable république démocratique». Les députés du MSP, le plus gros contingent parlementaire de l'opposition, ne seront pas, eux aussi, de cette plénière, «le processus de destitution du président de l'assemblée n'ayant pas respecté ce que stipulent et le règlement intérieur de la chambre basse du parlement et la constitution», comme le soutient leur chef, Ahmed Sadouk. Concernant le président ainsi «déchu», son absence ce mercredi matin à l'hémicycle Zighoud-Youcef est une certitude. C'est lui-même qui le signifie. Dans un entretien à un média électronique, hier, Bouhadja soutient de prime abord «se conformer à la culture d'Etat et du parti». «Personne n'ignore que nous sommes des moudjahidine et nous n'avons pas besoin de nous rebeller comme l'ont fait les putschistes contre la constitution, et de ce fait, je n'utiliserai pas les mêmes moyens pour résister à ces hors-la-loi», affirme-t-il. Celui qui se considère toujours le président officiel de l'APN affirme se comporter avec «sagesse» pour affronter l'«idiotie» de ceux qu'il qualifie de «ratés». Avouant être «choqué», Bouhadja attend toujours une réponse du président de la république au rapport qu'il soutient lui avoir transmis. «Je pense que le président de la République est le protecteur de la constitution, de la stabilité des institutions. Nous espérons, au nom de la famille révolutionnaire dont il fait partie, qu'il prendra des décisions idoines pour sauver les institutions du pays pour la poursuite du travail qu'il entreprend», dit-il. M. K.