Angela Merkel et sa coalition gouvernementale risquent de subir un nouveau revers cinglant dimanche, lors d'élections dans la riche région de Hesse, qui pourraient fragiliser un peu plus une chancelière usée par 13 ans de pouvoir. «La Hesse va-t-elle faire exploser la grande coalition» entre conservateurs et sociaux-démocrates qui gouverne à Berlin ? se demandait hier le quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild. «La Hesse vote, Berlin tremble», lui fait écho le quotidien Süddeutsche Zeitung, en estimant que la chancelière allemande de centre-droit «n'a jamais été autant sous pression» depuis son arrivée au pouvoir en 2005. Les 4,4 millions d'électeurs de ce Land où se situe Francfort, capitale financière de l'Allemagne et siège de la Banque centrale européenne (BCE), ne représentent que 7% de l'électorat allemand mais rarement un scrutin régional aura suscité autant d'intérêt au plan national. Deux semaines après un scrutin régional déjà catastrophique pour son camp conservateur en Bavière, Angela Merkel, dont le mandat court jusqu'en 2021, pourrait voir le débat relancé sur son avenir en cas de piètre performance. Si les dernières enquêtes d'opinion qui créditent son parti de centre droit, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), de 26 à 28% des intentions de vote, se confirment, cela signifierait une perte de dix points par rapport au dernier scrutin régional il y a cinq ans. Pour son partenaire social-démocrate (SPD) au sein du gouvernement à Berlin, qui accumule les gifles électorales depuis les législatives de 2017, la dégringolade pourrait être du même ordre, avec un score attendu de 20 à 21%. Les premiers sondages sortie des urnes sont attendus vers 18h00 heure locale (17h00 GMT). A 14h00 locale (13H00 GMT), la participation était en léger retrait par rapport au précédent scrutin de 2013, à 38,8% contre 40%. La menace pour la chancelière est d'autant plus concrète qu'elle affrontera début décembre un vote des militants pour la présidence du parti. Et même si elle n'a pas encore de rival déclaré, la pression monte en interne pour préparer sa succession et mettre plus la barre à droite face à la montée en puissance de l'extrême droite. «Personne ne peut dire à 100% à quel point les choses vont rester stables» après cette élection, a d'ailleurs prévenu la numéro deux du parti CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, une proche de la chancelière. Une débâcle de la CDU, qui dirige ce Land depuis près de deux décennies, aurait d'autant plus d'impact que le ministre-président sortant est un fidèle de Mme Merkel, Volker Bouffier. Il lui a notamment témoigné un soutien sans faille depuis sa décision controversée d'accueillir plus d'un million de migrants en 2015 et 2016. Autre danger potentiel pour la dirigeante de 64 ans : l'affaiblissement considérable de son partenaire social-démocrate au gouvernement fédéral. Un nouveau revers en Hesse donnerait des arguments supplémentaires à l'aile gauche du parti qui réclame de plus en plus ouvertement un départ du gouvernement. Anticipant le débat, le ministre social-démocrate des Finances Olaf Scholz, un modéré, s'est dit favorable à un maintien de la coalition même en cas de mauvais résultat. «Il faut rester cohérent dans tout ce que nous faisons», a-t-il dit dimanche. A l'inverse, les Verts ont le vent en poupe dans les sondages en Hesse et au niveau national après un score flatteur en Bavière mi-octobre. Les sondages leur prédisent 20% à 21% des voix. Ils rêvent même de conquérir dimanche une seconde région, après le Bade-Wurtemberg qu'ils dirigent depuis 2011 en se montrant extrêmement pragmatiques. Avec un score attendu autour de 13%, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), né il y a cinq ans seulement, devrait achever son implantation régionale en étant désormais représenté dans les parlements des 16 Länder. Au plan national, l'AfD devance un SPD en plein naufrage selon un sondage publié dimanche par le quotidien Bild, à 16% contre 15%. Le parti conservateur d'Angela Merkel n'est lui plus qu'à 24%, contre 33% lors des législatives de 2017.