Le foot, la phase finale de la Coupe du monde plus singuli�rement, reste le sport qui branche le plus de t�l�spectateurs de par le globe. Les t�l�s captivent par l�image mais aussi par le commentaire. Et c�est le commentaire qui mod�le les traits distinctifs des diff�rents tubes cathodiques. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Les trentenaires doivent n�avoir que de vagues r�miniscences de l��quip�e de Gijon, dans les Asturies en Espagne. C��tait il y a vingt-huit ans. L��quipe d�Alg�rie de football y disputait la premi�re phase finale de Coupe du monde de son histoire. Le hasard du calendrier a voulu que le onze national fasse son bapt�me face � la coriace �quipe d�Allemagne. La parabole n�existait pas encore. Le zapping non plus. Les Alg�riens devaient suivre la confrontation sur l��cran unique de la t�l�vision nationale. Le commentaire �tait assur� par Rabie Da�s et Mohamed Merzougui, pour l�Unique, et l�in�narrable Mohamed Salah, pour la Cha�ne I. Il avait sa mani�re si singuli�re de faire vivre les matchs. Il y mettait tellement d�enthousiasme. En ce 16 juin de l�ann�e 1982, Mohamed Salah, plus qu�� son habitude, s�usait les cordes vocales � conter les chevauch�es glorieuses de Mustapha Dahleb et ses co�quipiers. L�Alg�rie �tait en train de r�ussir un fabuleux exploit face � un onze allemand que les pronostics donnaient comme potentiel vainqueur de l��preuve. Le score �tait de deux buts contre un en faveur de l��quipe nationale. Mohamed Salah �tait tout � son commentaire, d�bordant de ferveur lorsque, depuis le studio, une voix r�clama l�antenne pour la diffusion de l�appel � la pri�re. Ce jour-l�, qu�on lui aurait annonc� un cataclysme plan�taire, Mohamed Salah n�aurait pas marqu� d�entracte. D�ailleurs, pris dans la fi�vre du match, de la victoire historique qui se dessinait, Salah r�torquait : �Makach Adan, Madjer, Assad, Belloumi� (pas d�appel � la pri�re). Personne ne lui en avait tenu rigueur. Se pouvait-il d�ailleurs en ce jour de grande liesse ! C��tait du Mohamed Salah, le commentateur qui plongeait de toute son �me dans les matchs de l��quipe nationale. Pr�s de trois d�cennies plus tard, les Alg�riens en �ge de l��couter � l��poque se souviennent de ses commentaires uniques en leur genre. Une Coupe du monde plus tard, soit en 1986, c��tait une autre voix qui commentait les matchs des Verts depuis la lointaine contr�e des Azt�ques, le Mexique. Celle de Mohamed Marzougui qui, outre le d�roulement des rencontres du onze national, livrait, comme de science savante, des flashs sur la toponymie des lieux. Pour lui, Guadalajara, ville o� jouait l��quipe nationale, signifie �Oued El Hidjara� (rivi�re de pierres). On ne savait d�o� il �tait all� chercher cela et pourquoi il insistait � le dire. Pour Mohamed Merzoug, les Arabes �taient pass�s par l� et avaient laiss� leurs empreintes. Il faut dire que Mohamed Merzoug n�avait pas eu la chance de commenter des exploits des Verts, contrairement � Mohamed Salah qui, lui, avait de quoi s��roder les cordes vocales. Apr�s ces deux Mondiaux, l��quipe nationale conna�tra une longue travers�e du d�sert. Mais la t�l�vision allait entre-temps vivre sa r�volution, celle num�rique y compris, et conna�tre de nouvelles vedettes. L�ENTV verra l��mergence de Hafid Derradji, un commentateur au-dessus du lot qui, par sa voix et ses fameuses interjections, a marqu� la rubrique sportive. Ayant quitt� l�ENTV dans les conditions que l�on sait, Derradji reste le commentateur le plus pris� des t�l�spectateurs alg�riens. C�est toujours lui qui commente les matchs des Fennecs pour la cha�ne qatarie Al Jazeera. Son commentaire accompagnera les Verts durant le Mondial sud-africain qui s�ouvre officiellement demain. La parabole et la num�risation �tant l�, les Alg�riens auront, pour ceux qui peuvent s��quiper, le loisir de choisir quel commentaire �couter. Le Mondial est aussi celui des commentateurs t�l�.