Soumis au même tarif que les Français, les étudiants étrangers, parmi lesquels des centaines d'Algériens, qui partent poursuivre leurs études supérieures dans l'Hexagone doivent désormais payer beaucoup plus cher. L'information avait déjà fuité il y a plusieurs jours de cela, donnant lieu d'ailleurs à un malaise au sein de la communauté estudiantine en France, avant qu'elle ne soit frappée du sceau de l'officiel depuis lundi, lors des Rencontres universitaires de la francophonie, lorsque le Premier ministre Edouard Philippe l'annonçait pour dévoiler sa stratégie afin d'attirer les étudiants internationaux, nous apprenait le quotidien Le Monde dans son édition datée d'hier. Le relèvement des tarifs concerne les candidats étudiants hors Union européenne qui devront désormais débourser 2 770 euros par an pour une licence, au lieu de 170 aujourd'hui, alors que le master et le doctorat qui coûtent respectivement 243 et 380 euros passeront à 3 770 euros. Un rude coup évidemment pour l'écrasante majorité des étudiants d'Algérie qui, en plus du chemin de croix qu'ils doivent suivre pour s'inscrire sur le site de Campus France, sont contraints de revoir leurs projets, pour ne pas dire carrément abandonner l'idée d'études supérieures offrant de meilleures perspectives que ne pourrait le leur offrir un cursus dans les universités du pays. Les raisons de cette flambée du coût des études en France pour les étudiants extra Union européenne ? Selon les explications des autorités françaises, leurs universités attirent moins que celles des pays «concurrents», dès lors le meilleur moyen de parvenir à l'objectif d'atteindre 500 000 étudiants étrangers à l'horizon 2027, c'est d'offrir aux candidats étudiants venant de tous les horizons de meilleures conditions qu'elles le sont actuellement, en deçà de ce qu'offrent les pays qui attirent le plus les étudiants hors Union européenne. Parallèlement à l'augmentation des droits d'inscription, le gouvernement français a également décidé de revoir la politique d'octroi de bourses puisque celles-ci devraient atteindre 6 000 à être attribuées par les établissements sous forme d'aide financière ou d'exonération, 15 000 bourses seront attribuées par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères en priorité en direction des étudiants en provenance du Maghreb et d'Afrique. Par ailleurs, la France a pris des dispositions pour alléger la panoplie de démarches administratives à suivre par le candidat étudiant, comme l'expliquait d'ailleurs le consul général de France en Algérie dans un entretien accordé, lundi, au journal en ligne TSA. Des mesures devant notamment faciliter l'obtention des visas étudiants, entre autres. Une facilitation qu'a bien pris la précaution de nuancer le consul général français en confiant au site d'information algérien : «Ce n'est pas rien de partir pour plusieurs années, loin de son pays, étudier dans un environnement qu'on ne connaît pas nécessairement. C'est pourquoi il est nécessaire de mûrir son projet, de réfléchir à la manière dont il s'inscrit dans le projet professionnel à venir, avant de faire le choix d'une université et d'avoir un entretien avec un conseiller. C'est un cheminement et beaucoup renoncent en cours de route. A l'issue de cet examen pédagogique interviendra l'instruction de la demande de visa. D'autres en sortent rassurés et confirmés dans leur volonté de partir. La facilitation, je l'entends ainsi. C'est tout ce dispositif en amont mis en place par Campus France et qui vise à permettre à un étudiant de réussir son projet. Le danger, c'est de partir et d'échouer.» Il reste à savoir maintenant si tous les écueils habituels auxquels est venue se greffer une nouvelle tarification rebuteront les milliers de candidats algériens aux études en France qui caressent l'espoir d'échapper au marasme qui happe les établissements supérieurs algériens, universités et grandes écoles, et s'en aller grossir un peu plus toute cette population d'étudiants à l'étranger qui, rien qu'en France, atteint les 30 000 dont 9 000 ont reçu leur visa l'année dernière, sans parler des diplômés qui ne sont jamais revenus. Une des faces du drame que vit le pays... Azedine Maktour