C'est en compagnie du ministre algérien des Affaires étrangères, du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, des autorités locales, que le cardinal Angelo Becciu, envoyé spécial du pape François, a procédé, hier, dans l'après-midi, à l'inauguration officielle de la chapelle de Notre-Dame-de-Santa-Cruz après une restauration qui a duré près de trois ans. Cette chapelle accueillera, aujourd'hui, la cérémonie de béatification des 19 religieux (ses) français. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - La chapelle de Notre-Dame-de-Santa-Cruz est située au sommet du djebel Murdjadjo, en contrebas de l'ancien fort espagnol fort de Santa-Cruz. Les travaux de restauration avaient été confiés au Français Xavier David, architecte, historien de l'art et réputé en France notamment pour la restauration de l'église Notre-Dame-de-la-Garde de Marseille. Construit par la France coloniale en 1850, cet édifice a été décidé en raison d'une épidémie de choléra, une manière, pensait-on à l'époque, de conjurer le sort et de protéger la ville. Ainsi, ce sont ces lieux qui abriteront la cérémonie de béatification en accueillant, d'un côté, les autorités du pays, les représentants du Vatican, des membres de la famille royale belge, la presse nationale et étrangère, mais aussi les familles des 19 chrétiens assassinés en Algérie durant la décennie noire. Plus précisément, il s'agit de la béatification des sept moines de Tibehirine (80 km au sud d'Alger) qui avaient été enlevés en mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame-de-l'Atlas et dont la mort avait été annoncée le 23 mai suivant par le Groupe islamique armé (GIA). Mgr Pierre Claverie, évêque d'Oran, a, quant à lui, été tué par une bombe le 1er août 1996, ainsi que cinq religieux et six religieuses tués en 1994 et 1995 à Alger et à Tizi-Ouzou. Tous déclarés «martyrs» par le Vatican, le 27 janvier 2018, cela a permis d'ouvrir la voie à leur béatification. Durant une conférence animée par Jean-Paul Vesco, évêque d'Oran, et à laquelle nous avions assisté, il avait expliqué que cette cérémonie a lieu «pour que leur engagement, leur vie, soient reconnus comme un modèle selon l'Evangile pour les chrétiens du monde entier». Ne cachant pas sa crainte de voir que cette béatification soit sujette à confusion : «D'une part, celle de se mettre en avant alors que, justement, la présence de l'Eglise catholique en Algérie se veut discrète. D'autre part, nous avons bien conscience que nous parlons de dix-neuf personnes sur 200 000 tuées durant les années 1990.» L'un des objectifs justement, dit-il, de cette cérémonie est de «mettre en lumière cette relation, cette solidarité entre chrétiens et musulmans». Il avait expliqué qu'une fois déclarés «martyrs» s'ensuivra à une cérémonie de béatification pour qu'ils soient déclarés «bienheureux», première étape du long processus de canonisation. A. B.