Abdelmadjid Sidi-Saïd n'a du tout pas été tendre à l'endroit de ses adversaires qui veulent sa tête, en les traitant tout simplement de «traîtres» qui «mordent la main qui les a nourris». M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le secrétaire général de l'UGTA court-circuite, une nouvelle fois, ses adversaires en faisant avorter une action qui le visait. Mohamed-Tayeb Hamarnia, autrefois deuxième personnage de la centrale syndicale pour avoir été secrétaire national à l'organique de l'UGTA avant son retrait juste après le renvoi de Abdelmadjid Tebboune du poste de Premier ministre, pour rejoindre aussitôt l'opposition syndicale, a, en effet, programmé, pour hier mercredi, un sit-in au sein même du siège de la centrale syndicale pour réclamer la tête de Sidi-Saïd qu'il accuse de «connivence avec le patronat et de travailler contre les intérêts des travailleurs». Sauf que l'actuel sénateur au titre du tiers présidentiel et qui aurait rejoint le SAP (Syndicat algérien des paramédicaux), selon une source de la centrale syndicale, et faute d'une grande mobilisation en sus d'un dispositif sécuritaire impressionnant déployé tout autour du siège de l'UGTA, n'a pas réussi son action. C'est que le patron de la centrale syndicale a battu le rappel de certaines de ses troupes, notamment celles de la SNTF, de Naftal, de la SEEAl, des ports d'Alger, de Annaba, de Skikda et de Djendjen, dans la wilaya de Jijel, pour contrecarrer l'action de ses adversaires. Et la grande cour de la Maison du peuple était prise d'assaut par de nombreux syndicalistes venus témoigner leur soutien et leur fidélité à Sidi-Saïd comme ils ne cessaient de le crier à tue-tête. Une mobilisation loin d'être spontanée qui a encouragé le patron de la centrale syndicale à tirer à boulets rouges sur ses adversaires qu'il évitera, ceci dit, de nommer. «Votre présence massive aujourd'hui est une réponse cinglante, syndicale et républicaine à ces khafafiche (chauves-souris), à ces traîtres qui se cachent derrière des murs, eux qui rêvent de se repositionner», a, d'emblée, affirmé Sidi-Saïd. Les invitant à «rentrer et à dormir chez eux», le secrétaire général de l'UGTA exhortera Hamarnia et ses pairs à «venir dire ce qu'ils ont donné à l'UGTA», leur reprochant de «mordre la main qui les a longtemps nourris».Comme pour récuser l'accusation qui lui est portée par ses adversaires, à savoir accointances avec le patronat et de ne pas travailler pour l'intérêt des travailleurs, le patron de l'UGTA soutient qu'il «ne faut pas être hypocrite avec les travailleurs en les accompagnant dans leurs revendications». Et de poursuivre : «Je suis du camp du bien et pas celui du mal comme le leur.» Il fait part de ses entrevues avec le président de la République qui, témoigne-t-il, «n'a jamais dit non aux revendications et autres propositions des travailleurs qui lui ont été portées». Suffisant pour justifier le soutien et la fidélité de la centrale syndicale à Abdelaziz Bouteflika car, explique encore Sidi-Saïd, «celui qui nous tend une main, nous lui tendons, nous, les deux mains». Et d'ajouter, usant de dérision : «Nous sommes avec le Président, cinq, dix, voire quinze doigts dans les yeux des envieux et des jaloux.» A noter que les opposants au secrétaire général de l'UGTA, présent hier, au rassemblement ainsi avorté, se recrutent parmi le mouvement de redressement de l'UGTA, des Unions de wilayas comme celles de Constantine et de Tlemcen, des travailleurs du complexe sidérurgique d'el Hadjar et le SAP (Syndicat algérien des paramédicaux) que Hamarnia a rejoint, selon Amar Takjout, pour «s'en prendre à l'UGTA» dans une démarche «inappropriée» de «repositionnement», soutient le secrétaire général de la Fédération des textiles et des cuirs de l'UGTA et également secrétaire général de l'Union de wilaya d'Alger. «Ce n'est que partie remise», promet Hamarnia Et s'il dément avoir rejoint le SAP puisque, selon lui, ce sont des travailleurs du paramédical qui ont rejoint le mouvement de redressement de l'UGTA qu'il pilote, Hamarnia confirme sa revendication, en tant «toujours syndicaliste de l'UGTA» portant «destitution pas que du secrétaire général mais celle de tout le secrétariat national de la centrale syndicale». D'ailleurs, s'il estime «s'être rétracté, hier, par souci d'éviter l'affrontement avec des travailleurs qu'on a floués puisque ramenés pour célébrer le 11 Décembre intervenu, hier», ce n'est que partie remise». «Nous comptons reprogrammer notre sit-in prochainement, peut-être dans une quinzaine de jours», promet Hamarnia. M. K.