Louisa Hanoune serait prête à adhérer à l'idée de l'organisation dune conférence nationale mais à certaines conditions. La numéro un du Parti des travailleurs veut des réponses à plusieurs interrogations : qui convoquera ladite conférence ? Quels en seront les objectifs ? Quelle sera sa composante ? Ce n'est qu'une fois ces réponses apportées que le PT soutiendra ou pas cette initiative. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Ne jurant jusque-là que par l'Assemblée constituante, Louisa Hanoune dit ne pas pouvoir rester «indifférente» aux initiatives politiques qui, dit-elle, convergent actuellement vers la tenue d'une conférence nationale. La secrétaire générale du PT estime, en effet, n'être ni «dogmatique» ni «fétichiste» mais que sa position dépendait des réponses qui seraient apportées aux nombreuses questions qu'elle pose. Hanoune s'interroge, en effet, sur l'identité des personnes à même d'appeler à l'organisation d'une conférence nationale, à y prendre part mais surtout sur les objectifs assignés à une telle conférence. Elle ajoute que si la vocation était de réviser la Constitution, il faudrait des garanties afin que les principes fondamentaux comme la nature sociale et républicaine de l'Etat, la propriété collective de la nation, les acquis démocratiques mais également le droit de grève et la pleine reconnaissance de l'amazighité. Ce n'est qu'une fois toutes les clés en main que le PT jugera de la pertinence ou pas de tenir une conférence nationale. Sa secrétaire générale avertit, néanmoins, car, dit-elle, dans certains pays ayant choisi cette voie, la transition vers l'ouverture démocratique s'est faite avec une vente concomitante avec des réformes économiques imposées. La première responsable du PT dit mettre l'intérêt de l'Algérie au-dessus de toute autre considération au moment où le pays est, dit-elle, à la croisée des chemins car vivant une crise sans précédent depuis son indépendance. Hanoune dit constater «des contradictions au plus haut sommet de l'Etat» en relation avec la présidentielle qui menacent la continuité de l'Etat. Signe de cette crise, dit-elle, la guerre que se livrent «les adeptes du statu quo» qui «se déchirent dans le cadre d'un rapport de force non stable». Au plan économique, le constat de Hanoune n'est pas plus reluisant. Le tissu social, dit-elle, est menacé au moment où le pouvoir d'achat connaît une érosion de l'ordre de 60% et où des dizaines de milliers d'entreprises sont au bord de la faillite en raison du gel des projets. Au même moment, déplore-t-elle, une minorité continue de s'enrichir, profitant des largesses qui leur permettent d'accéder au foncier et d'obtenir des crédits bancaires dans «un système qui est au service des plus riches». Depuis le début de l'année, des divergences sont apparues au plus haut sommet au sujet des orientations économiques, affirme la première responsable du PT qui évoque des institutions avançant sans boussole et naviguant à vue. Le récent rapport de la Cour des comptes a mis le doigt sur les incohérences et confirme, dit-elle, l'analyse du parti. Au plan régional, pas de quoi se réjouir non plus. Le contexte, affirme Hanoune, est porteur de dangers pour notre nation. Les tensions que connaissent les pays voisins ne peuvent être sans conséquences sur l'Algérie en raison des pressions qui pèsent sur le pays pour l'impliquer dans des conflits régionaux au nom de la lutte antiterroriste. Pour pouvoir faire face à ces pressions, le pays a besoin d'être immunisé de l'intérieur grâce à des institutions jouissant de légitimité. La première responsable du Parti des travailleurs s'exprimait à l'ouverture du septième congrès ordinaire du parti qui, dit-elle, est «le couronnement d'un long processus» qui a mis la question de la sortie de crise au cœur des préparatifs du congrès avec la poursuite de la campagne en faveur de l'Assemblée constituante. Cette dernière, affirme Hanoune, est au centre de la reconstruction nationale. Les 691 congressistes représentant 43 wilayas poursuivront les travaux du congrès ordinaire aujourd'hui et demain. N. I.