Le parti Talaie El Hourriyet, de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, rejette catégoriquement la nouvelle feuille de route, que s'apprête à lancer le pouvoir, en vue de contourner la présidentielle qui devait se tenir en avril 2019. «Talaie El Hourriyet ne peut adhérer à une quelconque démarche qui risque d'aggraver la crise au lieu d'ouvrir la voie à une solution durable que vit notre pays», lit-on dans un communiqué du bureau politique du parti qui s'est réuni hier à Alger. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - N'ignorant, bien sûr, pas les vraies raisons ainsi que les réelles motivations de ce subit bouleversement de l'agenda politique du pouvoir, Benflis, qui a eu à se dresser comme un sérieux rival à Bouteflika à deux reprises, en 2004 puis en 2014, enfonce le clou davantage lorsqu'il insiste sur le respect des échéances électorales et, donc, le maintien du rendez-vous d'avril 2019. Il est ainsi précisé, dans le même communiqué, que «Talaie El Hourriyet est convaincu que la tenue d'élections libres, régulières, loyales, transparentes, aux échéances électorales prévues par la Constitution, est de nature à éviter à notre pays le risque d'instabilité et à permettre au peuple algérien d'exprimer souverainement ses choix». Bouteflika et son entourage, dont l'objectif reste, évidemment, de se maintenir au pouvoir, dans une sorte d'un «cinquième mandat sans élections», ne peut convaincre par cette nouvelle trouvaille : «Une conférence pour un consensus national.» Pas un Ali Benflis en tout cas qui connaît parfaitement, et l'homme et son mode de gouvernance. «L'année 2018, notera encore le communiqué du parti, se termine sur une crise politique aiguë, une situation économique critique avec des indicateurs au rouge et des prévisions inquiétantes pour les prochaines années, et un profond malaise social, sur fond d'une dégradation accélérée du pouvoir d'achat (…).» Comme à son habitude, Benflis s'en prend sans concession à ce qu'il appelle «le pouvoir politique», c'est-à-dire Abdelaziz Bouteflika. Aussi, estimera-t-il encore, «cette situation (peu reluisante au plan économique et social) est davantage aggravée par la confusion qui règne sur la scène politique à l'approche de l'échéance de l'élection présidentielle, rend l'environnement politique national encore plus opaque, plus illisible, et plus incertain et expose notre pays à un risque réel d'instabilité». Benflis ne se fait aucune illusion quant aux intentions réelles du pouvoir, et il le dit : «Dans cette confusion, des scénarios s'élaborent pour tenter de sauver le régime politique en place et lui permettre de sortir de l'impasse politique actuelle, à son unique avantage.» Rappelant que des initiatives presque similaires, dont la sienne d'ailleurs en 2014, émanant de l'opposition avaient été rejetées par le pouvoir, Benflis fera remarquer que «des cercles de ce même pouvoir politique reconnaissent, aujourd'hui, des vertus au dialogue et à la concertation, à quatre mois de l'échéance du mandat présidentiel actuel». Or, poursuit encore l'ancien chef de gouvernement, « le dialogue ne peut être un instrument de circonstance pour assurer la pérennité du pouvoir politique en place et la perpétuation de la mainmise de forces extraconstitutionnelles sur la décision politique». En d'autres termes, Ali Benflis réserve une fin de non-recevoir à la nouvelle initiative du pouvoir et dont l'objectif est de faire l'impasse sur l'élection présidentielle. Mieux, il soutient qu'au contraire, le respect du calendrier électoral est le seul garant de la stabilité du pays et de ses institutions. K. A.