La ministre de l'Education nationale et le partenaire social ne parlent visiblement plus le même langage. Benghabrit qualifie sa relation avec les partenaires sociaux de sereine. Tandis que ces derniers l'accusent du manque de volonté pour répondre aux préoccupations des travailleurs. L'appel au dialogue lancé samedi par la ministre de l'Education n'a rien changé au programme des six syndicats autonomes, regroupés au sein d'un collectif. Ces derniers se réuniront aujourd'hui pour décider de la forme de leur action de protestation. Boualem Amoura, président du Satef : «Les déclarations de Benghabrit étaient pour la consommation médiatique» Réagissant aux dernières déclarations de la ministre de l'Education nationale, Boualem Amoura dit que «la ministre de l'Education frappe d'une main et caresse d'une autre». M. Amoura, qui nie l'existence d'une relation sereine entre la ministre et le partenaire social, explique que si cela avait été le cas, ces derniers ne se seraient pas retirés de la charte d'éthique. «Le fil entre nous et la ministre est coupé depuis le 23 septembre dernier et c'est elle qui l'a coupé», a souligné le syndicaliste qui rappelle que l'intersyndicale se réunira aujourd'hui pour décider de la forme et de la durée d'une action de protestation commune. M. Amoura estime que ce qu'a déclaré Benghabrit était «uniquement pour la consommation médiatique». Autrement, s'interroge-t-il, «pourquoi elle a attendu la veille de la réunion de l'intersyndicale pour appeler au calme alors qu'elle aurait dû le faire le jour où elle a reçu notre communiqué au sujet de notre retrait de la charte». La ministre de l'Education, poursuit-il, a observé un silence total depuis que les syndicats ont annoncé leur retrait. «Elle nous a jamais contactés ni officiellement ni officieusement, en ce qui concerne le Satef, et nous ne travaillons pas dans la clandestinité mais dans la transparence, comme elle le dit», a assuré le syndicaliste. Le président du Satef a rappelé que les syndicats ont demandé des réunions bilatérales lors de la réunion qui les a regroupés le 10 septembre dernier avec la première responsable du secteur, et qu'elle avait accepté. Pour prouver encore plus l'absence de dialogue, M. Amoura a rappelé que la ministre de l'Education n'a pas répondu aux demandes d'autorisation des syndicats pour tenir leurs conseils nationaux pendant ces vacances d'hiver. «La ministre de l'Education joue un mauvais jeu. Nous n'avons pas d'autre choix que d'aller vers une action de protestation et c'est le ministère qui assumera les conséquences de cette perturbation parce que nous avons eu de bonnes intentions, la preuve, nous avons participé à la rédaction de la charte d'éthique car nous avons été convaincus mais c'est elle qui a coupé le fil car elle n'a jamais appliqué la charte», a déclaré M. Amoura qui, répondant aux menaces de ponction sur salaire, dira : «Il y a toujours un prix à payer pour arracher ses droits.» Idir Achour, porte-parole du CLA : «Il y a un manque d'engagement de la part de la ministre» Idir Achour, porte-parole du CLA, estime que le ministère de l'Education n'a pas la même définition du dialogue que le partenaire social. «Jusqu'à présent, nous n'arrivons pas à comprendre les deux concepts du dialogue et du calme qu'utilise le ministère de l'Education. On parle d'un dialogue alors qu'en réalité, il s'agit de rencontres folkloriques qui n'aboutissent pas à régler les problèmes et on appelle au calme comme si nous étions en situation de guerre», a déclaré M. Achour qui estime que le ministère de l'Education tente à chaque fois de «diaboliser les syndicats pour se mettre au banc de la victime». Selon lui, les syndicats ont trop attendu pour voir leurs revendications aboutir en vain. «Nous sommes obligés de faire bouger les choses malheureusement à travers la protestation car nous n'avons rien de concret de la part de la tutelle», dit-il. Selon lui, le ministère de l'Education veut faire de la pression à travers les menaces de ponctions sur salaire. «Cela n'aboutira à rien car il faut d'abord que les travailleurs de l'éducation aient un vrai salaire pour nous menacer de ponction. La ministre de l'Education parle de dialogue, or, lorsque nous avons demandé des autorisations pour tenir nos conseils nationaux, elle a refusé de nous les octroyer», dit-il. Selon lui, il y a un manque de «sincérité dans les engagements de la ministre». La preuve, dit-il, elle refuse depuis deux ans de signer les P-V de discussions avec les syndicats. Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest : «Il n'y a pas une volonté de régler les problèmes» Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest, estime qu'il n'y a pas une réelle volonté de la part de la tutelle de régler les problèmes posés par les partenaires sociaux. «Lorsque nous avons signé la charte d'éthique, j'ai dit à la ministre que quels que soient ses efforts, si son entourage ne fait pas une mutation de ces efforts, ça sera comme un vice sans fin», a indiqué M. Meriane qui a rappelé que la charte d'éthique a prévu une commission mixte pour intervenir et régler les conflits mais elle n'a jamais été mise en place. Le syndicaliste s'étonne que la ministre parle du dialogue, alors que, dit-il, «elle a décidé de changer la date du bac sans nous consulter, où est le dialogue ?» Messaoud Boudiba, chargé de communication du Cnapeste : «Nous allons définir aujourd'hui notre plan de protestation» Le Cnapeste ne veut même pas s'attarder sur les déclarations de la première responsable du secteur. «Elle dit qu'il y a un dialogue, il faut savoir que les syndicats aussi n'ont jamais été contre le dialogue, mais nous revendiquons un dialogue sérieux», a déclaré Messaoud Boudiba, chargé de communication au Cnapeste. La priorité du syndicat, c'est la réunion d'aujourd'hui de l'intersyndicale. «Nous allons nous réunir aujourd'hui et nous allons tracer notre feuille de route de protestation pour faire aboutir nos revendications communes», a encore indiqué Boudiba. Propos recueillis par Salima Akkouche